Fofana Baba Idriss

L’école ivoirienne, l’heure de changer de paradigme scolaire

Les reformes à elles seules ne suffiront pas pour ramener l’école ivoirienne sur le piédestal de la réussite. Il faudra un changement de paradigme du côté de tous les acteurs du système éducatif. Chacun doit assumer sa part de responsabilité pour venir à bout de ce phénomène des « congés anticipés ». Il est inacceptable que des élèves instaurent la violence et la machette dans nos établissements scolaires comme mode de communication.

« L’école ivoirienne c’est vraiment triste, ça ne recule pas, ça n’avance pas », dénonçait l’artiste Fitini dans son tube à succès « Tout mignon » sorti en 2002. L’année où la Côte d’Ivoire a connu une rébellion armée qui l’avait mise à genoux sur tous les plans. 20 ans après, celui qui se fait appeler le « créateur » dans le milieu zouglou ivoirien n’avait pas eu tort de critiquer l’école ivoirienne.

Pour preuve, en février 2021, le rapport 2019-2020 du Programme d’analyse des systèmes éducatifs (Pasec) a classé la Côte d’Ivoire « avant-dernier » sur les 10 pays d’Afrique de l’Ouest ayant participé à l’évaluation PASEC 2014 dans le volet « éducation des enfants et des filles les plus pauvres ».

Ce rapport a fait couler encre et salive. Au moment de sa publication, la ministre ivoirienne responsable de l’Éducation nationale n’était autre que Kandia Camara, dont les 10 années de gestion dudit portefeuille ont fait l’objet de beaucoup de critiques. Puis, comme si le président de la République avait finalement compris qu’il ne pouvait pas espérer un meilleur résultat, il décida de confier « le ministère à problème » à une autre dame.

Un ministère à problème…

Trois mois après, le matin du 6 avril 2021, nous avons assisté à l’arrivée de Pr Mariatou Koné qui, avouons-le, avait fait ses preuves à la tête du ministère de la Solidarité, de la Cohésion Sociale et de la Lutte contre la Pauvreté. Héritant d’un historique peu reluisant de l’école ivoirienne, la ministre Mariatou Koné a naturellement opté pour des réformes dans le but de conjurer le « mauvais sort » devrait-on dire.

L’une des plus grandes initiatives aura été le lancement des états généraux de l’éducation et de l’alphabétisation en juillet 2021. Ce cadre de concertation, qui était très attendu, devrait durer six mois. En toile de fond, il s’agira de donner un nouveau souffle à l’école ivoirienne qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Car, disons-le honnêtement, la Côte d’Ivoire a graduellement changé de visage de 2010 à 2021 grâce à ses infrastructures mais son système éducatif n’a fait que dégringoler au fil des ans.  

Bon gré mal gré, la nouvelle ministre ivoirienne de l’Éducation nationale fait de son mieux, à travers des décisions courageuses, pour redorer le blason de l’école qui a perdu de son lustre. Mais visiblement, le mal semble plus profond que la profondeur des actions de Pr Mariatou Koné.

À l’analyse, et au regard des décisions récentes émanant du ministère de l’Éducation nationale, Pr Mariatou semble plus mettre l’accent sur le contenu, les styles d’apprentissages, les stratégies d’enseignement, les évaluations ainsi que la formation des maîtres/enseignants. Mais tout ce travail de fond risque d’être balayé d’un coup d’épée dans la lagune Ébrié si les dispositions ne sont pas prises pour endiguer la violence qui balafre l’école à la machette.

En parlant de violence, puisque le mot est lâché, la ministre Mariatou, malgré ses « bonnes intentions » du mois de juillet 2021, s’attendait à tout. Sauf au ‘’débrayage’’ des élèves pour les congés dits « anticipés ». En effet, le 17 décembre 2021 est la date du départ officiel des élèves pour les congés de Noël. Contre toute attente, le lundi 29 novembre 2021, le ton des « départs forcés » a été donné dans un établissement d’une commune de la banlieue abidjanaise. À Anyama, des élèves du Collège Yvac ont été délogés de gré ou de force par certains de leurs pairs. Sur leur passage, les « délogeurs » n’ont pas que délogé ! Même s’ils sont loin d’être des « logeurs », ces ‘’microbes scolaires’’ se sont illustrés dans une des rares violences inouïes en s’en prenant aux infrastructures scolaires, au personnel enseignant et administratif.

Un enseignant dans un coma, un élève dans un cercueil…

Depuis lors, le phénomène des congés anticipés, disons le boycottage des cours, a le vent en poupe. Plusieurs établissements scolaires du pays, Facobly, Divo, Cocody, Blolequin, Dimbokro, Man, Vavoua, Soubré, Bocanda, Korhogo, San-Pedro etc. font les frais d’individus violents, quelquefois armés de gourdin et de machette. Les élèves et les membres du personnel qui essaient de résister à cette furia, sont aussitôt matés.

Pendant que les événements de débrayage se poursuivent, on apprend la mort de « Kouakou Raoul, 15 ans, élève en classe de 4e au lycée municipal d’Issia » [l’équivalent de 9e année du secondaire au Canada]. L’adolescent serait décédé dans la cour de l’établissement le vendredi 3 décembre 2021. Il aurait reçu des coups de couteau en pleine poitrine. Une publication de l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP) présente une image avec un regroupement impressionnant d’élèves autour d’un cercueil qui serait celui de Kouakou Raoul. Pour l’heure, les enquêtes seraient en cours pour retracer la véracité des faits. À côté de ce triste spectacle, l’on apprend également qu’un enseignant d’un établissement secondaire de Facobly aurait reçu un projectile à la tête. Ce dernier serait plongé dans un coma à en croire la publication d’un certain Assoua Kamenan dans le groupe Facebook « Entre-Profs ».

Visiblement, la campagne « zéro congé anticipé » lancée par la ministre le lundi 29 novembre 2021, avec les dates officielles des congés scolaires, était une bonne initiative. Mais la ministre doit reconnaître qu’elle s’y est prise tardivement. Elle n’a pas su anticiper elle-même sur les fameux congés anticipés. Les esprits étaient déjà en branle pour les congés. Pour rappel, il y a deux ans de cela, les congés anticipés avaient enregistré au moins trois morts en Côte d’Ivoire.

Soro et Blé Goudé, les instigateurs de la violence à l’école

Au-delà de cette campagne « zéro congé anticipé » qui est arrivée comme un cheveu sur la soupe, la question qui mérite d’être posée est de savoir : pourquoi des élèves peuvent tuer pour le plaisir de se mettre en congé ? C’est le tristement célèbre visage de l’école ivoirienne depuis l’introduction de la violence et de machette dans les universités et écoles ivoiriennes sous l’ère Guillaume Soro et Blé Goudé.

Eux, ce sont les ex-leaders de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Ils se sont reconvertis en « grands politiciens » depuis quelques années. Ils disent même avoir des « aspirations profondes » en politique. Pour couronner le tout, nos anciens fescistes pensent pouvoir incarner le changement générationnel à la tête du pays. Je me demande quel avenir ils nous réservent au regard de leur passé sulfureux. Aujourd’hui, leurs jeunes frères leur ont emboîté le pas pour perpétuer leurs œuvres, la violence et non des moindres…

D’une part, faut-il rejeter la faute aux parents qui ont perdu leur autorité dans l’éducation de leur progéniture? D’autre part, faut-il s’en prendre aux autorités scolaires qui démontrent leur impuissance à instaurer la discipline, l’ordre dans les établissements malgré les moyens régaliens de l’État qu’ils ont à leur disposition ? En tout état de cause, il faudra que chaque partie assume les conséquences de la déchéance de ces jeunes.

Un système éducatif qui fabrique des exclus ?

Souvent, j’entends certaines personnes dire que ce seraient des badauds qui enfileraient des uniformes scolaires pour déloger d’autres élèves. Mais à quelle fin ? Quel rapport ont ces « voyous » avec l’école ? Est-ce leur façon de vouloir se venger de leur éjection de l’école ?

Bien malin qui pourra répondre à cette question. Toutefois, je peux affirmer que s’il s’agit réellement de badauds, il est fort probable qu’ils soient galvanisés par de « vrais élèves », assis en salle de classe, qui n’attendent que le premier coup de sifflet de leur complice.

Revenant sur la question de l’exclusion, je rappelle que le 15 juin 2021, l’Agence ivoirienne de Presse nous informait de ce que « 558 élèves de la classe de sixième au lycée moderne d’Issia ont été exclus pour avoir obtenu une moyenne annuelle inférieure à 8,50 sur 20 ». C’est presque l’effectif d’un établissement d’enseignement secondaire au Canada. Mais où vont ces exclus ?

C’est l’occasion pour moi d’interpeller la ministre de l’Éducation nationale sur le changement de paradigme qu’il faut amorcer au niveau du système éducatif ivoirien. Dans un article publié sur Wikilivre, Marie C. (2021) nous apprend que « le rôle de l’école est de fournir une culture commune à tous les individus, quel que soit leur milieu d’appartenance, afin que cette éducation puisse leur servir tout au long de la vie ». Partant de cette définition qui se veut plus inclusive, le système éducatif basé sur une « performance scolaire » produira certes des « intelligences », mais il produira davantage de « mauvais grains » que de « bons grains ».

Un mouvement vers l’inclusion…

Pour aller dans le même sens que l’étude des chercheurs Belanger et Duchesne (2010), nous devons embarquer dans « le mouvement de l’inclusion scolaire qui est un processus qui prend en compte la diversité des besoins des apprenants pour maximiser la participation à l’apprentissage, à la vie sociale et culturelle de l’école et de la communauté et pour réduire le nombre des exclus de l’école ».

Autrement dit, si nous continuons d’exclure des élèves pour « mauvais rendement », le message que nous renvoyons à la société serait de dire que « ces enfants ont leur place ailleurs autre que l’école ». Mais où donc ? N’oublions pas que la Côte d’Ivoire est signataire de certains traités internationaux, dont la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et la convention relative au droit des enfants de 1989, qui garantissent le « droit à l’éducation ». Mais, dans la réalité, comment appliquons-nous ce droit ?

Il est temps de formater nos styles d’enseignement-apprentissage en nous concentrant sur le besoin de chaque élève, en appuyant chaque élève, en trouvant des stratégies pour impliquer les parents dans le suivi scolaire afin que chaque élève puisse développer son plein potentiel.

Enfin, il est temps pour nous de nous mettre au diapason de la conception universelle de l’apprentissage (CUA). Ce ne sont plus les élèves qui doivent s’adapter au rythme de l’enseignant, c’est plutôt l’enseignant qui devrait aller au rythme de chaque élève, afin de leur donner la chance d’être des acteurs de leur propre apprentissage, de leur propre éducation et de leur propre réussite. Cela va réduire le taux d’échec scolaire, le décrochage scolaire, les exclusions scolaires et par ricochet les frustrations scolaires. C’est à ce prix que la Côte d’Ivoire va révolutionner positivement l’éducation en Afrique de l’Ouest.


Les « maudia » ont pris le pouvoir en Côte d’Ivoire

C’est l’heure de tirer les leçons de ce que nous avons vu et entendu au sujet du viol sur la Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI), lundi 30 août 2021. Ce sujet si sensible a ouvert la boite de pandore des tares d’une société ivoirienne en panne de modèle. C’est le temps des « maudia » !

C’est jouir d’une certaine ignorance que de croire que l’éducation soit seulement l’affaire de l’éducateur ou de l’école. Et de penser naïvement que les « mieux éduqués » sont ceux et celles qui ont fait de si longues études ou qui ont un bagage intellectuel. Or, « l’éducation ne se borne pas à l’enfance et à l’adolescence », comme le dit si bien le philosophe français Paul Valéry. Il estime d’ailleurs que « l’enseignement ne se limite pas à l’école », parce que « toute la vie, notre milieu est notre éducation (…) ».

Il est clair que le mode opératoire d’un « ancien violeur » qui nous a été servi par l’équipe de production de La Télé d’ici Vacances, avec son cortège de « large sourire », est une sorte de « formation gratuite » offerte implicitement à d’éventuels « nouveaux violeurs ». Cela est d’autant plus choquant que, naturellement, la séquence a soulevé le courroux des uns et des autres dans ce qu’il convient d’appeler désormais « Affaires Yves De M’bella » en Côte d’Ivoire.

Capture d’écran sur une scène de simulation du viol dans une émission de télé vacances en Côte d’Ivoire.

Mais cette « légèreté » avec laquelle des gens ont eu le courage de « sensibiliser » (sic) sur le viol a permis de lever un coin du voile sur la profondeur du mal qui ronge, à la racine, la société ivoirienne. On parle ici de l’inversion des valeurs sociologiques. Nous sommes à l’heure des réseaux sociaux, la « place publique » où la médiocrité a pris le pouvoir.

Les dérapages auxquels nous assistons de nos jours laissent entrevoir que nous avons perdu l’essentiel : L’ÉDUCATION

Quand dans une société, le système des valeurs a « les pieds au mur », c’est la décadence. Rien qu’à voir ce qui se trame sur les réseaux sociaux, le phénomène qui a réduit le monde en une plateforme d’échange, on peut aisément comprendre que plus l’humain gagne en liberté, plus le libertinage a le vent en poupe. Il n’y a plus de retenue face à l’impudicité. Condescendance, désobligeance et irrévérence sont les maîtres mots de la conduite des médiocres sur la toile. Ce qui était illégal est devenu légal ; et la légalité a fait place à l’illégalité, en quelque sorte. N’importe qui dit et diffuse n’importe quoi. En conséquence, n’importe quoi fait le buzz, parce que n’importe quoi devient célèbre grâce à des « vues », des « likes » et des « partages » avec la complicité de la société.

Les ailes de la bêtise…

Malheureusement, cette course effrénée vers les vues a fait une grosse victime. Les « médias traditionnels » qui, en plus d’informer, de divertir tout en sensibilisant sur des thématiques sensibles et autres fléaux, devraient jouer un rôle de « régulateur » en éduquant la société, ont fui leur responsabilité. Désormais, tout le monde et n’importe qui peut passer à la télévision, à la radio pour dire n’importe quoi. Beaucoup de professionnels des médias ont troqué leurs vestes d’éducateurs et d’éducatrices contre la facilité. Ils déroulent le tapis rouge à ceux et celles qui peuvent leur donner des hypothétiques vues. Pendant que des jeunes entrepreneurs peinent à se faire connaitre, à promouvoir leur projet, nos télévisions sont à la recherche d’anciens prisonniers…

Si des médias très respectés de la place déroulent le tapis rouge aujourd’hui à des individus « tristement célèbres » sur les réseaux sociaux, qui s’arrogent abusivement le titre de blogueurs ou d’influenceurs, tout simplement parce qu’ils sont suivis par des centaines de milliers de personnes au jour le jour, c’est à croire que la médiocrité a pris le pouvoir.  

Pourquoi sommes-nous surpris de voir un « ancien violeur » prendre son courage à deux bras, venir sur un plateau de télévision, témoigner à visage découvert et démontrer sans retenue son mode opératoire à l’aide d’un mannequin ? Le comble, c’est qu’il a eu droit à des ovations bien nourries d’un public qui donne l’impression d’avoir été manipulé ? Pour moi, tout ceci n’est que la résultante d’un certain « passe-droit » donné à certains médias de la place depuis plusieurs années.

Quand d’anciens prisonniers, ayant commis l’irréparable, sont reçus après comme des stars sur des plateaux d’émission de divertissement, à qui la faute ? Alors que ces émissions drainent des millions de téléspectateurs et d’internautes à travers le monde, on voit des « maudia » venir raconter le modus operandi de leur forfait… L’apologie du viol ne devrait pas nous surprendre. Il fallait s’y attendre !

Je ne suis pas en train de tirer sur l’ambulance. Je ne fais pas non plus le procès de qui que ce soit. Pour ceux et celles qui ont l’habitude de suivre l’émission de radio « Rien à cacher », de l’animateur par qui le « scandale du viol » est passé, c’est que des grossièretés qu’on entend. L’homme n’a aucune gêne à demander vicieusement à certains de ses invités la couleur ou le modèle de leur dessous. Et cela n’émeut personne. Bien au contraire, le constat est que les gens font des mains et des pieds pour faire partir des « illustres invités » de ce fabriquant de buzz.

Dans l’émission PPLK du 20 novembre 2020, YDM* se présente fièrement comme étant « un homme à part », qui prend tout le monde à contre-pied. Si vous visionnez son passage à cette émission, il est fort possible que certains soient du côté de ceux qui croient dur comme du fer que YDM aurait monté de toute pièce un « scénario de viol » avec un ex-détenu de la MACA*, « reconverti en peintre » qu’il aurait réussir à faire passer pour un « ancien violeur ». D’ailleurs, ce dernier a nié à la barre qu’il n’avait jamais été condamné pour viol. Qu’à cela ne tienne ! Je ne suis pas un partisan de cette thèse. Toutefois, j’estime que le fond de ce « bad buzz » réside dans l’idée que les gens se font du viol en Côte d’Ivoire.

« Au pays de gâté-gâté, gâté-gâté est roi »

Il y a des années de cela, avant l’avènement des réseaux sociaux, on entendait dire que « si les femmes se font violer c’est parce qu’elles portent des tenues qui prêtent le flanc ». Et la fameuse question, « comment tu as fait pour te faire violer ? », ça ne vous dit rien ? Bref, si le viol n’était pas un « fait banal et anodin » dans notre société, il se trouverait des gens [ceux qui ont encore une petite dose de pudeur] qui auraient refusé que ce sujet soit abordé avec autant de légèreté sur un plateau d’une chaîne de télévision qui se veut sérieuse. À entendre YDM sur PPLK, aucune de ses émissions n’est préparée. Il passe à l’action quand ça lui passe par la tête ; si et seulement ça peut créer le buzz.

Est-ce que la repentance d’un ancien violeur ou braqueur devrait faire de lui un modèle de société ? Comme disent les Ivoiriens, « au pays de gâté-gâté, gâté-gâté est roi ». Sinon, comment comprendre qu’on en arrive à « prendre des anti-valeurs comme des valeurs » ?

Sur cette question, je suis totalement en accord avec le journaliste éditorialiste Aristide N’Kenda N’Kenda quand il disait, lors d’un débat télévisé, qu’on ne peut pas continuer à « prendre une non-valeur pour en faire de la promotion et en faire une valeur ». Partant du principe que « la parole est sacrée », si l’on en croit à ce responsable de presse, « parce que la prise de parole n’est pas anodine », sa prise doit être « courageuse et responsable ». Comme pour dire qu’on ne devrait donner la parole qu’à ceux qui posent des [bons] actes et non à des « maudia ».

Ce n’est pas le sociologue Valentin Zahui qui dira le contraire. Abondant dans le même sens que M. N’Kenda N’Kenda, il pense que « si nous voulons (re)construire une Côte d’Ivoire des valeurs, il va falloir faire attention à ceux qui prennent la parole sur la place publique ». « Aujourd’hui, poursuit-il, ce sont les télévisions et les réseaux sociaux qui sont la place publique. Il faut faire attention à qui l’on fait appel pour prendre la parole. Si l’on invite des contre-valeurs, on participe à mettre en place des contre-valeurs. On n’est pas forcément surpris de ce qui arrive aujourd’hui », a dit le sociologue.

Deux invités de NCI en prison…

Les propos de l’éditorialiste et du sociologue, étaient-ils prémonitoires ? Comme par coïncidence, ils faisaient partie des invités du débat télévisé de NCI 360 du 29 août. L’une des thématiques de ce jour portait sur l’arrestation du « sulfureux » homme d’affaires médiatisé. Al Moustapha, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était la star de LTI Vacances du 16 août 2021, où il se vantait d’avoir acheté des chaussures à 1 500 euros, une montre à 7 millions de FCFA (plus de 10 000 Euros) et d’avoir bénéficié d’une vingtaine d’hommes armées qui assuraient sa garde à l’époque où il avait créé le « Mouvement j’aime Gbagbo » sous le régime des « refondateurs » entre 2000 et 2010.

Mais 10 jours plus tard, l’on apprend que celui qui se fait appeler « Don Muchacho » est convoqué par la Brigade de recherche d’Abidjan-Plateau pour répondre à une plainte du Sénat ivoirien. Placé en garde à vue le 25 août, Al Moustapha s’est vu accuser d’avoir participé à la vente frauduleuse de bons d’exonération d’une valeur de 100 millions de FCFA (plus de 152 000 Euro) destinés à des sénateurs. Face à un fait aussi gravissime, l’homme sera placé le lendemain aussitôt « sous mandat de dépôt » en attendant d’être jugé. C’est dire qu’en moins d’un mois, au moins deux invités (incluant l’ancien violeur) de YDM se sont retrouvés en prison pour des affaires d’escroquerie et d’impudicité.

Le procureur de la République de Côte d’Ivoire doit être très regardant sur les émissions télévisées qui utilisent « des tristement célèbres » pour rechercher le buzz.

On se souvient encore qu’en 2016, à l’émission C’midi, on a vu un « ancien redoutable gangster » venir témoigner sur des méfaits qui ne l’ont jamais conduit en prison. Quelle éducation voulez-vous que nos enfants ou nos jeunes reçoivent de la mésaventure d’un personnage qui dit avoir volé 13 millions de FCFA (près de 20 000 Euro) à 10 ans dans un bureau où il était allé livrer des journaux ? Alors qu’on prétend que ces « anciens » malfrats ont changé de fusil d’épaule, pourquoi la télévision continue d’utiliser le « vilain sobriquet » sous lequel il ou elle prospérait ?

L’ancien « gangster de C’midi », pardon, passé à C’midi, se faisait appeler le « N°10 ». Les responsables de cette émission ont voulu faire de ce « capitaine du gangstérisme » une occasion en or pour se faire une grosse audience publicitaire ! Comment peut-on se servir des mauvais exemples, de personnages aux passés lugubres, pour « faire marcher » des émissions de divertissement ?

Pour ma part, je suis convaincu qu’une télévision demeure le miroir d’une société, parce qu’un chien n’accouche pas d’un chat. Qu’on soit parent ou pas, adulte ou pas, lettré ou illettré, il est temps que chacun participe au changement d’une Côte d’Ivoire éduquée dans la rue, au marché, dans les gares routières, dans les bureaux, dans les médias et surtout sur les réseaux sociaux. C’est à ce prix que nous allons rétablir le système des valeurs.

FBIYAY

*Maudia, c’est un mot nouchi qui peut signifier « maudit », « médiocre » ou « anti-valeurs »

*MACA, c’est la principale prison de Côte d’Ivoire qui signifie « Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan »

*YDM = Yves De M’bella


Un marathon peut-il réconcilier les Ivoiriens ?

Une course à pied réunira les Ivoiriens à Yamoussoukro dans la capitale politique de la Côte d’Ivoire. À l’image du marathon de Paris, de New York, de Montréal, la Côte d’Ivoire aura son 2e marathon. Cette fois-ci, il s’agit de courir pour la paix. Sous le thème « Ensemble, courons pour la paix », la première édition du « marathon international Notre-Dame de la paix de Yamoussoukro », propose le mythique parcours de 42 km 195. Les marathoniens auront l’occasion de sillonner les belles artères de la « Ville lumière » avec des détours du côté de la basilique, le lac aux caïmans, la résidence de Félix Houphouët-Boigny, pour se rendre au point de départ : la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix.

Les Ivoiriens sont-ils résolus à aller « chercher la paix » à Yamoussoukro ? En tout cas, 12.000 athlètes et 200 000 spectateurs sont attendus au « marathon de la paix », qui se tient du 17 au 19 juin 2021 dans la ville natale de l’ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Ce bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne (1960-1993) dont le « nom rime avec la paix », on pourrait le dire, continue d’inspirer plus d’un Ivoirien qui aspire à la réconciliation nationale.

Ce n’est pas les organisateurs du marathon international Notre-Dame de la paix qui diront le contraire. Le commissaire général du marathon soutient d’ailleurs que le choix de Yamoussoukro revêt d’un caractère « symbolique et identitaire », empreints de cohésion sociale. « La paix est un bien important pour le développement d’un pays. Nous avons trouvé un nom symbolique et identitaire pour ce marathon. Ce qui est plus authentique pour la ville de Yamoussoukro, c’est le symbole que représente la Basilique Notre-Dame de la paix, la plus grande du monde, construite par le président Houphouët-Boigny, celui-là même qui s’est sacrifié pour la paix en Côte d’Ivoire », explique Marcel Avy au téléphone.

« Nous avons suggéré « ensemble, courons pour la paix », parce que la paix est une démarche globale et inclusive. On ne fait pas la paix seul. On fait la paix avec les autres. »

Marcel Avy, commissaire général du marathon de la paix de Yamoussoukro

Bien que les Ivoiriens soient champions des « concepts creux » de paix et de réconciliation, l’idée du « marathon Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro » parait originale. M. Avy rappelle d’ailleurs que dans la mythologie grecque, le marathon est le résultat de la paix obtenu. « Un guerrier ayant servi à la guerre a quitté Athènes et est parti dans la ville de Marathon. À son arrivée, il est mort en annonçant que la victoire et la paix ont été obtenues. À partir de ce moment, on a créé la mythologie du marathon qui va devenir le nom d’une activité athlétique dans le royaume gréco-romain. Partant de là, nous croyons qu’un marathon à un facteur de réconciliation », soutient-il.

« Vivre ensemble, c’est courir pour la paix »

Ce qui est également important à noter à travers ce « marathon de la paix », c’est qu’il ne s’agira pas seulement de courir pour courir. Ce sera une sorte de communion, de rencontre, de partage et de solidarité entre les marathoniens durant trois jours. Les organisateurs s’attendent à recevoir plusieurs catégories de personnes. Que ce soient des citoyens lambda (hommes, femmes, enfants), des hommes religieux ou politiques, « l’intention est de rassembler » autour de certaines valeurs de paix et de réconciliation. « Un marathon, ce n’est pas la performance qui compte.  On ne participe pas non plus à un marathon pour repartir vainqueur. Sur les parcours marathoniens, c’est l’ambiance, la convivialité qui se dégage. Ce sont des échanges, des rencontres qui se font, des liens qui se créent. C’est l’humain et la relation humaine qui est au centre », souligne Marcel Avy.

« Nous devons retenir une chose essentielle de Félix Houphouët-Boigny. Au-delà des mots, la paix est un comportement. C’est la capacité à se parler, à se pardonner, à partager et à vivre ensemble. Vivre ensemble, c’est courir ensemble pour la paix. »

– Marcel Avy, commissaire général du marathon

En dehors du côté athlétique, l’initiateur du marathon Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro se réjouit à l’idée que ce marathon entre dans une ville très dynamique qui a beaucoup de potentialité et d’attrait touristique à découvrir et à valoriser. De plus, il se félicite du fait qu’il entend bâtir une institution qui, chaque année, va se bonifier, et rassembler de plusieurs pays africains. « Nous voulons ce marathon comme le prochain rendez-vous annuel de chacun des 25 millions d’habitants de la Côte d’Ivoire. Cela va non seulement contribuer à promouvoir la paix et la cohésion sociale, mais aussi créer un sentiment de fierté nationale autour de certaines valeurs de solidarité », annonce Marcel Avy.

Marcel Avy, commissaire général du marathon de Yamoussoukro

Le marathon international Notre-Dame de la paix de Yamoussoukro sera doté d’un village d’animation culturelle et gastronomique dénommé « foundy kro ». Bâti sur 20 000 m2, le village accueillera 20 000 visiteurs. Durant trois jours, des concerts et animations musicales tous les soirs, des conférences sur l’entrepreneuriat, sur l’autonomisation et l’écotourisme seront offerts aux participants. Comme pour joindre l’utile à l’agréable, une opération ville propre devrait couronner le tout.

FBIYAY


2021, voir la partie invisible de l’iceberg

Un jour, un ami m’a envoyé un message douteux : « On est toujours vaincu par ce qu’on craint. Ce que nous voyons [parlant de la COVID-19] n’est que la partie visible de l’iceberg d’une guerre secrète. Et les aveugles perdront toujours la guerre. (..) Vaccins ou pas, on te parle d’une nouvelle version plus nocive que le vaccin actuel. Tout ceci est de la marmaille [parlant de business] des puissances de ce monde qui veulent imposer encore une gouvernance mondiale en 2021 ». Une posture victimaire, avec laquelle je suis en désaccord.

J’ai reçu ce message sur WhatsApp de la part d’un ami, qui commentait ma dernière chronique pour boucler 2020. Je lui ai répondu que ceux qu’on croit maîtres du monde aujourd’hui ne sont pas en réalité les fondateurs de l’humanité. Encore moins les propriétaires de l’espèce humaine.

Ce genre de réactions me donne l’impression que nous continuons à nous victimiser comme s’il y avait des gens qui décident à notre place. Que quoi qu’il en soit, nous sommes condamnés à subir le dictat des « puissants du monde » ! C’est un peu l’image du pauvre homme qui pense qu’il n’a plus de dignité, mais qui se sent obligé de nettoyer les souliers du riche pour vivre.

Affronter ce qu’on craint!

Dans notre posture victimaire, on trouve toujours un confort à vouloir rester les bras croisés. On croit savoir lire entre les lignes, décoder des messages. Mais on est incapable de voir la partie invisible de l’iceberg. Il ne suffira pas d’ouvrir les yeux en 2021!

Dire qu’on est « toujours vaincu par ce qu’on craint », c’est faire montre d’une sorte de lâcheté vis-à-vis de soi-même. Si l’on a cette capacité à connaître ce qu’on craint, on ne devrait pas sortir perdant. Quand on craint de se faire voler, on ne reste pas les bras croisés pour attendre de se faire voler. Quand on craint quelque chose, on ne se bande pas les yeux pour dormir sur ses lauriers.

Pour moi, la vie est un combat que nous devons gagner chaque jour. Et pour vaincre ce qu’on craint, on devrait être prêt à affronter ce qu’on craint. Ce que nous craignons pour 2021, nous devons l’affronter en 2021. Car, rien n’est si fort qui ne tombe pas!

fbiyay


2020, une année de poisse ?

On a pour coutume de tourner la page d’une année dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Mais il sera difficile de tourner la page de 2020. Il est clair que 2020 sera derrière nous, parce qu’on sera en 2021. Toutefois, on ne peut prédire que 2021 sera meilleure que 2020. Qui a cru un seul instant que 2020 allait être moins meilleure que 2019, avec la Covid-19 qui a terrassé le monde ?

Confinés, déconfinés et reconfinés ! Je parle de 2020, l’année où le monde a changé sa marche et sa démarche. On est passé du mode présentiel au virtuel. Le télétravail a pris le dessus. Le domicile s’est transformé en école. Lorsqu’on a l’occasion de sortir de chez nous pour faire des emplettes, on n’a même pas le droit de humer l’air frais du dehors.

C’est une question de vie ou de mort, nous dit-on

Voilà que nous nous sommes résolus à porter des masques. On tente tant bien que mal d’appliquer la règle des deux mètres entre deux individus. De la distanciation sociale à la distanciation physique, il n’y a eu qu’un jeu de mots. Car, en vérité, cela n’a pas empêché le pire en 2020.

En 10 mois, plus d’un million 500 000 personnes ont été arrachées à la vie. L’auteur de ces tueries de masse est connu de tous, mais aussi invisible de tous : la Covid-19 ou le nouveau coronavirus. Si je m’en tiens à ce qu’il se dit ça et là sur les réseaux sociaux, cette pandémie a transformé 2020 en une année apocalyptique. Et les spéculations sur le mal n’en finissent pas de rabâcher nos oreilles.

Pour certains, le coronavirus a été envoyé par Dieu pour punir « la méchanceté » des hommes et des femmes.

Pour d’autres, avec autant d’infectés et de morts, c’est le signe que « la fin du monde » n’est pas loin !

Les tenants des théories complotistes, quant à eux, croient dur comme fer que la Covid-19 est un « business » pour faire écouler des produits. Ces derniers tentent de nous faire avaler la thèse selon laquelle le virus, qui traumatise notre quiétude, a été fabriqué dans des laboratoires avant d’être propagé dans l’air.

L’enfer, ce n’est pas seulement la Covid-19 !

Qu’à cela ne tienne ! L’objet de cette chronique n’est pas de décortiquer le pourquoi du comment de la Covid-19. Même si ce virus continue de prêter le flanc à toutes sortes d’élucubration qui emballent plus d’un. En plus de respecter les mesures barrières, soutenir nos malades dans les hôpitaux, faire le deuil des disparus, il faut ajouter à cela des tonnes d’informations douteuses sur la provenance du nouveau coronavirus que nous affrontons au jour le jour.

Pour moi, l’enfer n’est pas seulement la Covid-19 sur terre. C’est aussi ceux qui pourrissent la vie de leur semblable sur cette pandémie, sans pouvoir apporter une réponse concrète. Tout cela démontre à quel point 2020 a été une année périlleuse.

Mais Dieu a donné cette capacité à l’humain de surmonter les défis et tout ce qui lui tombe dessus pour pouvoir avancer. Cette résilience est d’autant plus visible en ce mois de décembre 2020. Un petit tour sur la toile depuis le 25 décembre m’a donné l’impression que nous sommes dans « le meilleur des mondes ». Un monde où la joie est jouissive sur tous les visages.

Oui, décembre est le « mois béni » des fêtes de fin d’année. Même quand on a perdu le sourire durant les 11 mois de l’année avec le port des masques ou cache-nez, l’humain ne boude pas son plaisir à « jeter » le masque un tant soit peu pour regagner le sourire au 12e mois de l’année. Parce que c’est la période de l’année par excellence pour oublier nos déboires. Quoi de plus normal ? La vie est faite de haut et de bas.  

La hantise de 2020 en 2021…

Pendant que certains se réjouissent d’avoir faire de bonnes affaires en 2020, en vendant des cache-nez, des solutions antibactériens, du papier hygiénique, d’autres se désolent d’être confinés, de ne pas pouvoir « péter le champagne » avec leurs amies. Acceptons que le malheur des uns fasse le bonheur des autres.    

Comme dirait l’adage, on peut tout arracher au pauvre, mais on ne peut pas l’empêcher de rêver. Si 2020 n’a pas été « l’année de ton année » et que tu as encore le souffle de vie, tu devrais rendre gloire à Dieu. Ne dit-on pas que « tant qu’on vit, il y a de l’espoir » ? D’ailleurs, j’ai une pensée pieuse à l’endroit de toutes ces personnes qui nous ont quittés en 2020. Ceux-ci n’auront pas la chance de voir 2021.

Qui sait ce que la nouvelle année nous réserve ?

Nous assistons à l’arrivée de vaccins en cette fin d’année 2020. En même temps, nous entrons en 2021 avec une « nouvelle variante » de la Covid-19. Loin d’être un oiseau de mauvais augure, je présage que 2021 nous réserve bien des surprises. En attendant, je me demande si une année peut nous apporter la malchance. Autrement dit, la poisse est-elle humaine ? Le monde a radicalement changé de visage en 2020. L’humain doit accepter cette nouvelle donne et s’adapter en 2021, au risque de revivre 2020.

FBIYAY

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Candidature de Ouattara, les « forces rétrogrades » à combattre

Parlant des violences qui découleraient de la décision d’Alassane Ouattara d’être candidat à nouveau, j’ai écouté une petite intervention du jeune loup du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) – le parti au pouvoir – que je ne veux pas laisser passer. Touré Mamadou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est ministre de la Promotion de la jeunesse et de l’Emploi des jeunes, puis porte-parole adjoint du gouvernement ivoirien et du RHDP. Morceaux choisis…


Dans son intervention, au travers de cette vidéo, il s’insurge contre les violentes manifestions qui ont lieu ces derniers temps en Côte d’Ivoire à deux mois de la présidentielle d’octobre 2020. Il a surtout attiré mon attention lorsqu’il a parlé avec son cœur aux jeunes ivoiriens qui se laisseraient manipuler par les différents partis politiques ivoiriens. Que ce soit son propre camp à savoir le RHDP et les partis issus de l’opposition, dont le PDCI et le FPI.

J’ai admiré le courage de ce jeune cadre du RHDP lorsqu’il reconnaît qu’il y a des « forces rétrogrades dans tous les partis politiques ». Il va plus loin en disant qu’il faut « combattre ces forces rétrogrades » pour la paix en Côte d’Ivoire. D’autant plus que, d’après Mamadou Touré, « personne n’est prisonnier d’un parti politique ».

« Personne n’est prisonnier d’un parti politique »

Estimant que « la liberté, c’est la capacité à dire non », M. Touré soutient qu’un militant du RHDP ou de tout autre parti politique doit refuser d’exécuter un mot d’ordre si cela va en contradiction avec ses valeurs et ses principes. « Je suis RHDP. On me donne un mot d’ordre. Si je vois que le mot d’ordre qu’on me donne est en contradiction profonde avec mes valeurs, les principes auxquels je crois, je dis non. Parce que c’est moi qui adhère à un parti. J’ai des valeurs, j’ai des principes. C’est parce que je retrouve ces valeurs dans le parti politique que j’adhère au parti politique ».

https://www.facebook.com/babaidrissfofan/videos/318450659500656/

J’imagine que les forces rétrogrades doivent détester en ce moment la tête du porte-parole adjoint du RHDP, qui a frappé là où ça fait mal. Ils sont nombreux ces personnes nébuleuses qui manquent de courage pour appeler un chat un chat au sein des partis politiques. À ces personnes qui sont devenues plus royalistes que le roi, allez-vous combattre Mamadou Touré pour ses prises de position?

A-t-on besoin de s’illustrer de la plus mauvaise des manières dans un parti politique pour se faire de la place au soleil? Le jeune ministre du gouvernement dirigé par Hamed Bakayoko demande aux jeunes de refuser de brûler des pneus et de s’en prendre à des biens et des personnes pour faire plaisir à un homme politique qui ont soif du pouvoir tout en étant incapable d’aller à un jeu démocratique.

Rien ne peut arrêter Ouattara encore…

Justement, parlant de jeu démocratique, le jeune cadre du RHDP met un point d’honneur sur la question de la prochaine joute électorale. Depuis l’annonce de la candidature du président Alassane Ouattara pour le compte du RHDP, j’ai l’impression que certains hommes politiques font des mains et des pieds pour ne pas qu’il y ait élection le 31 octobre 2020. Des gens vont jusqu’à demander la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) et même le remplacement du président de la CEI. Pourquoi maintenant? Tout simplement parce que le président Ouattara a décidé, contre toute attente, d’être candidat en 2020.

Pour ma part, je n’ai jamais voulu m’immiscer dans le débat de l’article 183 de la nouvelle constitution ivoirienne adoptée par référendum le 30 octobre 2016. D’ailleurs, je crois que le débat sur l’éligibilité d’Alassane Ouattara pour un autre mandat est bouclé. Si les marches organisées par l’opposition et les violences commises de part et d’autre n’ont pas empêché l’investiture d’ADO en qualité de candidat du RHDP le samedi 22 août et le dépôt de sa candidature à la CEI le lundi 24 août, il est temps que l’opposition chausse ses bottes pour l’affronter dans les urnes.

Il est vrai que je fais partie de ceux qui ont acclamé Ouattara lorsqu’il a décidé le 5 mars de ne pas se représenter, en même temps j’ai critiqué sa volte-face quand le même Ouattara a dit qu’il reconsidérait sa position pour être candidat finalement. Mais ce n’est pas parce que Ouattara est candidat que nous devons brûler la Côte d’Ivoire. Si la Côte d’Ivoire brûle est-ce que ce sera à Ouattara qu’on aura fait du mal?

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Mali : faut-il se réjouir du coup de force?

D’emblée, je me réjouis du fait qu’il n’y ait pas eu d’effusion de sang, à ce que je sache, lors de l’éjection du Chef de l’État malien par les militaires. Toutefois, je dois avouer que ce à quoi nous avons assisté pour la énième fois n’honore pas le Mali, ni l’Afrique dans son ensemble, encore moins les Africains eux-mêmes.

La démocratie a foutu le camp au Mali le 18 août 2020. Certes les dirigeants africains sont ce qu’ils sont, mais cela ne devrait pas conduire « nos hommes en treillis » à faire usage de la force pour s’accaparer du pouvoir, sous prétexte que « rien ne va plus » dans le pays. Cela s’appelle recule démocratique d’au moins 10 ans!

Ne dit-on pas que la troupe est à l’image du chef? Ces hommes qui sont à la tête de nos États africains ne sont jamais parachutés depuis le ciel. C’est nous-mêmes, le peuple, qui magnifions ces hommes politiques, qui les rendons rois en allant les voter. Quand nous estimons que nos dirigeants politiques ne sont pas à la hauteur, pourquoi ne retournons-nous pas dans les urnes pour les sanctionner?

Le mal dont nous souffrons le plus en Afrique, ce n’est pas le manque d’éducation ni de culture politique : c’est le fanatisme.

À la vérité, je ne porterai pas de gants pour le dire, les Africains [y compris moi-même] sont eux-mêmes à la base de leur problème. Nous n’avons pas encore compris sur quoi nous devons nous baser pour élire des humains comme nous à la tête de nos États. Le mal dont nous souffrons le plus en Afrique, ce n’est pas le manque d’éducation ni de culture politique : c’est le fanatisme. Quand nous aimons quelqu’un, quelle que soit sa moralité, quel que soit son parcours, nous sommes prêts à tout pour que ce dernier nous dirige. Après, pourquoi sommes-nous surpris que l’homme ne fasse pas notre affaire?

Allons-nous continuer à recourir aux militaires ou à des méthodes insurrectionnelles pour « dégager » celui que nous avons contribué à élire dans les urnes? Peut-être qu’il faut que nous retournions à l’école pour apprendre à choisir « nos dieux », que dis-je, nos dirigeants. Ces hommes forts qui sont à la tête de nos États doivent se rendre à l’évidence qu’aucune Armée ni une puissance n’est acquise à la cause du Chef d’État, fût-il Africain. Si c’était le cas, le président Ibrahim Boubacar Keita (75 ans) serait encore au pouvoir, sous la protection de milliers de soldats français basés au Mali.

Aucune armée n’est acquise à la cause du chef

Pour ma part, j’estime que rien ne devrait se régler par la violence. Quand on n’est pas d’accord, on devrait utiliser des moyens légaux pour se faire entendre. C’est pourquoi nous devons faire en sorte que nous ayons des Institutions fortes dans nos pays africains. Si nous avons des Institutions fortes, des sociétés civiles crédibles, nos présidents seront faibles. Ils n’auront jamais le dernier mot.  

Je suis impatient de voir le jour où des populations descendront dans les rues pour dire « non » à des putschistes qui tenteront d’évincer un Chef d’État élu. Tant que nous allons continuer à acclamer des coups d’État, des rébellions, nous ne connaîtrons jamais la « démocratie ». Ce sera toujours la « mangecratie » ou la « kleptocratie ».

L’histoire nous a démontré ces dernières années que les coups d’État, les insurrections n’ont jamais résolu nos problèmes. Bien au contraire, ce sont des crises à n’en point finir. Je crains que ce que le Mali vient de connaître débouche sur quelque chose d’insaisissable.

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Présidentielle 2020 : Ouattara franchit le Rubicon d’un 3e mandat en Côte d’Ivoire

Alors que le chef de l’État ivoirien Alassane Dramane Ouattara (ADO) avait annoncé 6 mois auparavant, devant le parlement, qu’il s’engageait à « transférer le pouvoir » à une « nouvelle génération » au soir du 31 octobre 2020, il a finalement « reconsidéré » sa décision, en annonçant le 6 août 2020 qu’il sera candidat à sa propre succession à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Ce revirement de dernière minute démontre clairement qu’ADO a décidé de s’accrocher au pouvoir.


Patatras ! Le sort s’acharne sur la Côte d’Ivoire. L’élection présidentielle du 31 octobre va-t-elle déboucher sur une nouvelle crise post-électorale comparable à celle de 2010 qui a fait au moins 3 000 morts ? C’est l’une des principales questions que bon nombre d’Ivoiriens se posent depuis l’annonce de la candidature du président de la République Alassane Ouattara pour un énième mandat après deux mandats présidentiels (2010 à 2015) et (2015 à 2020).

5 mars, 6 août, 7 août, 8 juillet… des chiffres qui parlent!

Un 5 mars 2020, le président de la République de Côte d’Ivoire Alassane Ouattara annonçait qu’il ne serait pas candidat pour un 3e mandat présidentiel le 31 octobre 2020. Un 6 août 2020, le même Alassane Ouattara revient nous dire dans un discours qu’il sera candidat à l’élection présidentielle. Cette déclaration d’Alassane Ouattara intervient à la veille de la célébration des 60 ans d’indépendance de la Côte d’Ivoire qui a lieu le 7 août 2020, et ce, un mois après la mort du premier ministre Amadou Gon Coulibaly le 8 juillet 2020.

Je n’entrerai pas dans le débat de ceux qui estiment que Ouattara a le droit de se représenter, qui pensent que cette candidature serait la première de la troisième République. J’estime que là n’est pas la question.

Une constitution « taillée » pour la présidentielle 2020 ?

Ainsi, Alassane Ouattara vient de donner raison à ceux qui ont juré la main sur le cœur qu’il s’est « taillé une Constitution » pour se maintenir au pouvoir. Moi qui avais écrit un billet le 10 mars 2020 sur ce blog pour dire que Ouattara avait fait mieux qu’Houphouët-Boigny en matière d’alternance, puisque le premier président ivoirien est mort au pouvoir. C’était mal connaître le pouvoir.

Lorsque Alassane Ouattara évoque un « cas de force majeur« , suite au décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, candidat initial du RHDP, pour aller à l’encontre de sa « parole donnée« , on se retrouve en face d’un homme qui « perd en crédibilité« , d’après ce que je lis ça et là sur les réseaux sociaux, aux yeux du monde entier qui avait salué sa décision de ne pas briguer un troisième mandat.

« (..) M. le président, en succombant à la tentation et à l’éternité politique, vous risquez de faire sombrer la Côte d’Ivoire dans un chaos que nous croyions éloigner à jamais. Allez-vous sacrifier tout ce que vous avez bâti pour vous classer du mauvais côté de l’histoire de notre pays? Allez-vous tomber sans résister dans le destin tragique des chefs d’État africain obsédés par le pouvoir ? »

– Meiway, une des icônes de la musique ivoirienne, dans un message adressé au président Alassane Ouattara

En disant que « cette décision » de candidature représente « un vrai sacrifice » pour lui « par amour » pour son pays, parce que ne voulant pas que l’économie ivoirienne sombre, que le taux de chômage grimpe en flèche, que l’insécurité gangrène à nouveau, Alassane Ouattara met en avant un « faux alibi » d’autant plus qu’il nous a fait croire qu’il n’avait plus la force à 78 ans pour continuer à diriger la Côte d’Ivoire. Comment comprendre que subitement M. Ouattara s’est ragaillardi à la suite du décès de son « fils » Amadou Gon Coulibaly?

Un sacrifice de trop pour un mandat de trop ?

Où est passée la « nouvelle génération » dont le président Ouattara parlait ? Or donc, la nouvelle génération en question se résumait en la seule personne de feu Amadou Gon Coulibaly ? Faut-il comprendre par là que Hamed Bakayoko (55 ans) ou Patrick Achi (64 ans), pour ne citer que ces deux éminents cadres du RHDP qui ont occupé de hautes fonctions au sommet de l’État pendant environ 10 ans aux côtés du Président Alassane Ouattara, ne sont pas dignes de représenter le parti au pouvoir à la prochaine élection présidentielle ivoirienne ? Après nous avoir faire croire qu’il travaillait à faire en sorte qu’une équipe lui succède. Aujourd’hui, le constat est qu’il n’a jamais eu confiance en cette équipe avec qui, pour la majorité d’entre eux, il a travaillé pendant presque 10 ans, en dehors de la personne de l’ex-premier ministre Gon Coulibaly. C’est pathétique !

« S’il n’y a aucune personne dans la jeune génération, compétente, pour vous succéder, vous avez dès lors échoué M. le Président [Ouattara]. Et, il faut le reconnaître en renonçant à ce 3e mandat, qui sera de trop », a martelé Meiway.

Houphouët a-t-il transféré le pouvoir à Ouattara ?

À ce que je sais, Alassane Ouattara a été le seul Premier ministre du président Houphouët-Boigny de 1990 à 1993. Combien de temps a-t-il été à l’école du père fondateur de la Côte d’Ivoire pour vouloir lui succéder à la suite de son décès ? Pourquoi M. Ouattara croit qu’il doit forcément former quelqu’un à qui il devrait « transférer le pouvoir », sachant que Félix Houphouët-Boigny ne lui avait pas transféré le pouvoir ?

Quel que soit le beau bilan du RHDP ou de la gestion du président Ouattara de 2011 à 2020, rien ne présage qu’au soir de l’élection du 31 octobre 2020 le RHDP sera déclaré vainqueur dans les urnes. Mais à écouter Alassane Ouattara, à travers son discours du 6 août, on a l’impression que la sixième élection présidentielle de Côte d’Ivoire est vraiment « bouclée et gérée« , selon le slogan créé par Hamed Bakayoko. Si c’est le cas, n’allons-nous pas vers une prochaine crise post-électorale?

Alors que certains observateurs avertis de la scène politique ivoirienne s’accordent à dire qu’aucun parti politique n’est capable de gagner à lui seul une élection présidentielle sans alliance de nos jours, comme cela a été le cas en 2010 et en 2015, le RDR devenu RHDP, va-t-il nous surprendre en 2020 sachant que plusieurs partis politiques issus de l’opposition avec à leur tête l’ex-président Henri Konan Bédié ont créé une plateforme pour se soutenir en cas de deuxième tour ? Le chef de file de la plateforme de l’opposition, qui a été l’allié de Ouattara en 2010 et en 2015 va-t-il accepter les résultats en cas de défaite ?

L’artiste reggae engagé, Tiken Jah Fakoly, ne croyait pas si bien le dire dans une de ces vidéos il y a quelques semaines : « (..) Accepter que l’un des trois leaders politiques [Bédié, Ouattara, Gbagbo] soit candidat aux prochaines élections en Côte d’Ivoire, c’est insulter la mémoire des 3000 de nos compatriotes qui sont morts pendant la crise post-électorale de 2010-2011. »

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Alassane Ouattara, partira ou partira pas ?

Le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) est à la croisée des chemins. Depuis le 8 juillet, date du décès brutal du Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly, celui-là même qui avait été désigné candidat du parti au pouvoir pour la présidentielle d’octobre 2020, il y a problème.

La Côte d’Ivoire est à trois mois du déclenchement de l’élection présidentielle. C’est peu de le dire. La mort d’Amadou Gon Coulibaly dit AGC a désarçonné son parti politique, le RHDP, au point où il semble difficile de trouver un autre « lion » pour les futures batailles électorales. Alors que le RHDP n’a ni envie de quitter le pouvoir encore moins perdre la présidentielle du 31 octobre, les petits plats sont mis dans les grands pour décrocher le « cheval gagnant ».

C’est une question d’intérêt

En attendant, on assiste à toute sorte de manigances à Abidjan. Certains rasent les murs du Palais présidentiel du Plateau et de la résidence privée du Chef de l’État Alassane Ouattara à Cocody. Ils ne sont pas forcément des ‘’colporteurs’’ de bonnes nouvelles dans les oreilles du PRADO (le Président de la République Alassane Dramane Ouattara). Le comble, c’est que chacun prêche pour sa chapelle. Parce que c’est une question d’intérêt qui serait loin d’être nationale.

Pendant ce temps, ADO qui se remet difficilement du décès de son « fils » Gon Coulibaly, doit encore affronter les desiderata des uns et des autres. Comment s’y prend-il pour nommer un nouveau vice-premier ministre? Va-t-il nommer un nouveau Premier ministre à son image ou à l’image d’Amadou Gon Coulibaly? Ces questions que tous les Ivoiriens se posent suscitent beaucoup d’élucubration aussi bien au sein des partis politiques que sur les réseaux sociaux. Chacun y va de son commentaire en attendant l’ultime « discours de délivrance ». Mais jusqu’à quand? Y’a problème!

Si le fils était le « lion », le père serait quoi ?

Ainsi, après les funérailles du « fils », presque tous les regards sont tournés, depuis Korhogo jusqu’à Abidjan, vers le « père » pour la « succession » à la candidature de celui qu’on appelait affectueusement le lion. Des gens mobilisent les jeunes, les vieux, les chefs traditionnels et autres pour réclamer à cor et à cri la candidature du président Alassane Ouattara. Chaque jour au journal de 20h, à la télévision nationale, on nous présente des groupes de personnes réclamant un troisième mandat de l’actuel Chef de l’État ivoirien.

Le hic, c’est qu’Alassane Ouattara qui est considéré comme un « homme de parole », qui « tient parole », qui « dit ce qu’il fait » et qui « fait ce qu’il dit », a déclaré solennellement devant le Congrès ivoirien le 5 mars 2020 qu’il a décidé « de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 » et de « transférer le pouvoir à une jeune génération ».

Ce « discours historique » tenu devant les députés et les sénateurs de la Nation a été salué par le monde entier. Cette décision d’Alassane Ouattara ne pas se représenter pour un troisième mandat consécutif, alors que la constitution de la troisième République lui permettrait d’être candidat à sa propre succession, a fait rentrer l’homme dans l’histoire par la grande porte. Car, pour la première fois en Côte d’Ivoire, les Ivoiriens allaient assister à une passation de pouvoir entre deux Chefs d’État. Et pourtant…

Les partisans du troisième mandat jouent leur survie

Aujourd’hui, quand on voit des gens se mobiliser de part et d’autre pour ‘’obliger’’ Alassane Ouattara à être candidat du RHDP le 31 octobre 2020, alors qu’il dit être « fatigué » à 78, c’est à croire que ces personnes veulent prendre en otage un monsieur à la tête de la Côte d’Ivoire. En se comportant ainsi, les PTM (partisans du troisième mandat) démontrent aux yeux du monde qu’en dehors d’Alassane Ouattara, aucun cadre du RHDP n’est « apte » à gouverner la Côte d’Ivoire.

Si tel est qu’après Ouattara, c’est Ouattara, on comprend bien la profondeur des frustrations créées au RHDP après la désignation d’Amadou Gon Coulibaly le 12 mars 2020. Certains vont jusqu’à dire que le président de la République doit reporter l’élection présidentielle d’un an le temps de trouver un « digne successeur ». Doit-on comprendre par là qu’Alassane Ouattara doit continuer à gouverner la Côte d’Ivoire jusqu’à ce qu’il finisse la formation d’un deuxième AGC?

Pour ma part, je dis bien si ADO n’a pas été capable de former plusieurs personnes qui sont restés à ses côtés depuis 10 ans, 20 ans voire 30 ans, qui ont appris « l’art de la politique et de la gouvernance » à ses côtés, ce n’est pas en un an ou en cinq ans que le miracle se produira. Ce serait une « formation accélérée ratée » en 12 mois, s’il a fallu 30 ans pour faire d’Amadou Gon Coulibaly (paix à son âme) l’homme de rigueur, comme Ouattara, l’homme présidentiable pour tout dire.

ADO pris en otage par le RHDP

Nous sommes tous fiers des réalisations du cinquième président de l’histoire de la Côte d’Ivoire. À l’exception de Félix Houphouët-Boigny, on est d’accord que le bilan de 10 années de gestion est « inattaquable » par rapport aux chefs d’État qui l’ont précédé. Ce n’est une opinion. C’est un fait. Mais de là, ne venez pas nous faire croire que si le 1er fils n’est plus, il n’y a plus personne pour suivre les traces du père.

En disant que « seul Alassane Ouattara est capable de marcher dans ses propres traces » alors que lui-même dit être en train de marcher sur les traces du père Félix Houphouët-Boigny, je me demande s’il a encore des enfants auprès de lui. Autrement dit, est-ce qu’en dehors de Gon Coulibaly, Alassane Ouattara a-t-il encore des fils ou des filles? Est-ce par pur plaisir qu’il continue d’appeler certains hommes politiques ivoiriens « mon fils »?

Je ne pense pas que le président Alassane Ouattara tombera dans le jeu de ceux qui sont prêts à vendre leur peau pour que le chef reste à la barre, parce qu’après lui ce serait le chaos. Non, ADO ne devrait pas manger de ce « pain ». D’ailleurs, la réunion du Conseil politique du RHDP tenue le mercredi 29 juillet et à laquelle Alassane Ouattara a pris part a accouché d’une souris.

Le Conseil politique du 29 juillet, un fiasco !

Ceux qui ont convoqué ADO s’attendait à entendre autre chose que ce qu’ils ont entendu : « Je prends acte des résolutions du Conseil Politique et de votre demande [d’être candidat]. Je vous demande de continuer d’avoir une pensée pour Amadou Gon, et de me laisser le temps du deuil et du recueillement avant de vous donner une réponse ». C’est une douche froide pour les organisateurs de ce rassemblement et de tous ceux qui défilent à longueur de journée chez Alassane Ouattara pour lui demander de briguer un troisième mandat présidentiel.

À travers ces paroles, le président Ouattara a en quelque sorte dit à ses partisans qu’il accordait moins d’importance à une probable candidature qu’au deuil de son fils Amadou Gon Coulibaly. En clair, ne soyez pas surpris dans les jours à venir d’apprendre qu’Alassane Ouattara ne sera pas le candidat du RHDP à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Et si jamais c’est le cas, j’espère que vous tiendrez le coup. Wait and see!


Amadou Gon Coulibaly : les larmes de crocodile versées après son décès

Finalement, faut-il mourir pour faire l’unanimité? Depuis l’annonce du décès du Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly, suite à un malaise cardiaque, le mercredi 8 juillet 2020, que d’éloges à son égard. Des hommes politiques aux citoyens lambda en passant par la société civile, le monde des affaires et le milieu des religieux, toutes et tous ont « subitement » eu de l’admiration pour celui qu’on appelait AGC. Et pourtant…

Après deux mois à Paris pour un contrôle médical, le premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly est définitivement rentré en Côte d’Ivoire le 2 juillet 2020 pour, dit-il, « reprendre sa place aux côtés du président de la République Alassane Ouattara pour continuer l’œuvre de développement ».

Malheureusement! Amadou Gon Coulibaly n’aura pas le temps de reprendre cette place aux côtés de celui qu’il considérait comme son mentor et son second père : Alassane Ouattara. Il aura juste le temps de retrouver sa famille à la maison, de diriger un Conseil de gouvernement et de participer à son dernier Conseil de ministres le mercredi 8 juillet. Au cours de cette même journée, il quittera le monde des vivants à 61 ans, laissant derrière sa mère, son épouse et ses cinq enfants inconsolables.

Le ‘’visage hypocrite’’ de la politique ivoirienne

Comme Arafat Dj, l’annonce de la mort d’Amadou Gon Coulibaly, celui qu’on appelait également « Le lion du Poro » a ébranlé toute la Côte d’Ivoire. Du nord au sud, de l’est à l’ouest en passant par le centre de la Côte d’Ivoire, les Ivoiriens et toute la classe politique ont dans leur ensemble reconnu qu’Amadou Gon était « un travailleur infatigable, technocrate, homme de rigueur, de loyauté… » et même « un modèle pour la jeunesse » à travers son parcours scolaire, professionnel et politique. Que dire de plus sur les dimensions de l’homme?

Amadou Gon Coulibaly n’était pas seulement Premier ministre de Côte d’Ivoire. Il était le candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). En tant que tel, AGC était considéré comme celui qui avait « la carrure d’homme d’État » qui devait succéder à Alassane Ouattara, l’actuel président de la République qui a décidé le 5 mars 2020 de ne pas briguer un troisième mandat pour faire la place à une « nouvelle génération » de dirigeants.

Aujourd’hui, je suis surpris d’entendre tous ces témoignages aussi admiratifs qu’élogieux de la part des Ivoiriens à l’endroit d’Amadou Gon Coulibaly. Je veux bien croire qu’il s’agit réellement du petit fils de Peleforo Gon Coulibaly. Je veux bien croire que nous parlons de celui que certains annonçaient pour mort sur les réseaux sociaux bien avant sa mort. Que n’a-t-on pas lu et entendu comme paroles méchantes et blessantes à l’endroit d’Amadou Gon Coulibaly?

Trop de méchancetés à l’endroit d’AGC… pour rien!

Faut-il le rappeler, lorsqu’Amadou Gon Coulibaly a été désigné le 12 mars 2020 comme candidat du RHDP à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, cette nouvelle a créé l’émoi chez beaucoup d’Ivoiriens aussi bien au sein de sa propre formation politique. Depuis lors, jusqu’à son départ sur Paris pour son contrôle médical, j’ai eu comme l’impression que les partisans de certains hommes politiques, tapis dans l’ombre, avaient eu pour mission de « détruire l’image de marque » du premier ministre AGC, en le réduisant en « homme incapable », en « mauvais choix » pour les élections à venir.

Mais quand Amadou Gon Coulibaly meurt, les mêmes qui se réjouissaient de sa maladie, qui souhaitaient sa mort, qui n’avaient aucun respect pour les valeurs qu’il incarnait, viennent verser des larmes de crocodile. Je dénonce ce ‘’visage hypocrite’’ de la politique en Côte d’Ivoire. Dire de son vivant qu’Amadou gon n’était pas un « cheval gagnant » et attendre sa mort pour dire qu’il avait le « meilleur profil » pour diriger la Côte d’Ivoire. Comme le président Félix Houphouët-Boigny l’a si bien illustré dans une citation : « Le vrai bonheur on l’apprécie lorsqu’on l’a perdu ».

« Le vrai bonheur on l’apprécie lorsqu’on l’a perdu »

L’Ivoirien doit apprendre à être honnête dans ses dires. La politique ne doit plus être, comme certains le disent, « la saine appréciation des réalités du moment ». Nous devons apprendre à reconnaître les qualités, les valeurs, les compétences, le leadership des uns et des autres de leur vivant, même quand nous ne partageons pas leurs bords politiques.

En attendant de connaître le successeur d’Amadou Gon Coulibaly, au niveau de la Primature et éventuellement le prochain candidat du RHDP, je vous propose une biographie express de l’homme rédigé sur le site du gouvernement de Côte d’Ivoire. Mais avant, sachez que huit jours de deuil national ont été décrétés, du vendredi 10 au vendredi 17 juillet 2020. Le défunt Premier ministre sera inhumé le vendredi 17 juillet 2020 à Korhogo.

Amadou Gon Coulibaly, qui est qui?

Amadou Gon Coulibaly, né le 10 février 1959 Abidjan a obtenu le Baccalauréat série C, en 1977, au Lycée Moderne de Dabou en Côte d’Ivoire. Il s’est ensuite envolé pour la France en vue d’y poursuivre ses études universitaires. Il a été admis à faire la classe préparatoire aux Grandes Écoles (Lycée Jean Baptiste Say) de 1977 à 1979. Il a obtenu son Diplôme d’Ingénieur en 1982, à l’École des Travaux publics (ETP) de Paris. Il fut Conseiller technique chargé de la coordination et du suivi de 1990 à 1993 dans le gouvernement du Premier ministre Alassane Ouattara.

Amadou Gon Coulibaly a occupé successivement les fonctions de Directeur des études économiques et financières à la Direction du Contrôle des Grands Travaux (DCGTX) devenu BNETD, avant d’en être le Directeur général adjoint (1994-1995). Il a été élu Député à l’Assemblée nationale de 1995 à 1999, puis de 2011 à 2020. Il a également été maire de la Commune de Korhogo de mars 2001 à juillet 2020.

AGC fut successivement ministre d’État, ministre de l’Agriculture de mars 2003 à février 2005 et de 2006 à 2010, ministre de l’Agriculture dans différents gouvernements de réconciliation nationale.

Il fut ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République de mars 2012 à janvier 2017. Il deviendra, finalement, Premier ministre du 1er Gouvernement de la IIIe République depuis le 10 janvier 2017 jusqu’à sa mort le 8 juillet 2020.


George Floyd : un noir américain, tué par étouffement

Dans une vidéo qui fait le tout du monde depuis lundi, je vois un policier blanc de Minneapolis étouffer au sol un civil noir, jusqu’à ce que l’homme passe de vie à trépas. J’ai vraiment eu froid dans le dos!

Apprendre que George Floyd, homme d’environ 40 ans, est mort juste parce qu’il aurait tenté de faire passer un faux billet de 20 dollars, j’ai presque coulé les larmes en regardant cette vidéo de 10 minutes jusqu’à la fin.

On me dira certainement que suis émotif. Car, ce comportement envers les noirs est légion aux États-Unis et passe quasiment inaperçu. Mais ce qui m’a le plus frappé et choqué dans cette histoire macabre, c’est l’attitude des flics sur la « scène de crime ». L’un tient d’une mains de fer George Floyd tel un maniaque qui tient « sa proie ». Menotté, l’homme est plaqué au sol, le genou du flic dans son cou . Malgré ses cris de douleur, visiblement, le policier pose fièrement son genou dans son cou avec un regard désinvolte, main en poche. Pendant qu’il fait souffrir « sa victime », l’autre policier assiste et mène la garde, jusqu’à ce que mort s’en suive.

Alors que George ne bougeait presque plus, comme s’il perdait son souffle de vie progressivement, le flic n’a jamais voulu entendre raison malgré les interpellations des passants, il continuait plutôt à exercer la pression dans le cou de l’homme jusqu’à l’arrivée des ambulanciers.

Quelle atrocité ! Je suis sans voix face à l’attitude des policiers du Minneapolis. Je ne pense pas que ces policiers accepteraient qu’on ôte la vie de façon aussi abominable à un animal.

Et dire que ces flics ont juste été renvoyés après leur forfait… et c’est tout ! Naturellement, cela a soulevé le courroux d’une frange de la population qui a décidé de manifester en s’en prenant également aux biens de la police du Minneapolis.

Mort de George Floyd, les noirs toujours dans le « viseur… »

Finalement, je me demande si le but de la lutte menée par Martin Luther King aux USA était de faire en sorte qu’il y ait, un jour, un noir à la tête des États-Unis d’Amérique ? Car, 50 ans après, on a l’impression que rien n’a changé dans le « traitement » des noirs. Au contraire, on assiste de plus en plus à la violation massive des droits des Noirs. C’est comme si cette « race de personne » n’avait pas droit à la vie aux États-Unis. Bien que Barack Obama, d’origine africaine, soit devenu Président à deux reprises, tout porte à croire que « l’homme noir » doit constamment se battre pour avoir une certaine dignité aux États-Unis.

Sans doute qu’il faut être noir et riche aux États-Unis pour bénéficier d’un certain respect. Je ne sais pas, mais apparemment quand tu es noir et pauvre, tu as tous les problèmes du monde avec la police.

Justice pour #GeorgeFloyd


On paiera cash notre incivisme face au coronavirus en Côte d’Ivoire

Chassez le naturel, il revient au galop. Ce proverbe traduit le comportement rédhibitoire de certains ivoiriens en ces périodes difficiles que la Côte d’Ivoire traverse à l’instar de tous les pays du monde confrontés à la crise du Covid-19, la maladie à coronavirus. Dans ce pays, l’incivisme est devenu le maître mot de la conduite à tenir.

1000 morts par-ci, 1000 morts par-là… ça fait peur! Nous voici terrés chez nous, bientôt un mois, pour éviter de tomber nez à nez avec ce vilain virus qui, à ce jour, reste invincible. Plus les jours passent, plus le COVID-19 emporte des vies humaines. Citoyens lambda, artistes, footballeurs, personnalités, hauts dirigeants, pauvres, riches, vieux, jeunes, le coronavirus ne trie pas. Pays riches, pays pauvres, pays en voie de développement, on est tous logés à la même enseigne.

COVID-19, évitez de ‘’croiser ce tueur ’’ nez à nez!

Le COVID-19, ce nouveau coronavirus nous impose désormais sa loi. Il terrasse tous ceux et celles qu’il trouve sur son chemin. Pour éviter de ‘’croiser’’ ce « tueur invisible », certains dirigeants ont recommandé à leurs populations d’adopter de nouveaux comportements, un nouveau mode de vie. Il s’agit donc d’éviter de se rassembler ou de s’attrouper, de respecter des mesures de distanciation physique d’au moins un mètre entre deux individus, porter des masques et des gants. À défaut, les gens doivent rester chez eux, se confiner, parce que tous les commerces et entreprises non essentiels pour nos besoins vitaux ont mis la clé sous le paillasson.

Dans la plupart des pays occidentaux, il est formellement interdit de racoler dans la rue. On ne sort que lorsqu’il est question d’acheter de la nourriture au marché ou au supermarché, des médicaments à la pharmacie, de répondre à un rendez-vous à l’hôpital. En dehors de ça, si la police vous « prend », vous serez interpellés, verbalisés, et condamnés à payer une forte amende.

Pendant ce temps, on remarque dans plusieurs pays du monde l’union sacrée des populations autour de leurs dirigeants, qui pour respecter ou faire respecter les mesures prises pour stopper ou briser la chaîne de propagation du COVID-19, qui pour apporter du soutien ou des aides à leur gouvernement afin de mieux riposter sur le terrain.

En Côte d’Ivoire, on assiste à une ‘’politisation de la lutte’’ contre le COVID-19. En lieu et place de campagnes de sensibilisation de la population, dont une grande partie ne croit pas à l’existence de la maladie à coronavirus, certains hommes politiques tapis dans l’ombre manipulent les jeunes. On amène les gens à se rebeller contre les mesures et les dispositions prises par le gouvernement ivoirien.

Si les Ivoiriens craignaient vraiment le coronavirus

Comment comprendre que des individus puissent démanteler un Centre de Dépistage Volontaire (CDV) en construction à Abidjan, épicentre du COVID-19 en Côte d’Ivoire qui regroupe 97 % des cas de personnes infectées ? À l’heure où tous les hôpitaux du monde sont pleins à craquer, où les malades de coronavirus surabondes et manquent de place, doit-on encore mettre à mal les efforts consentis par un gouvernement qui veut sauver des vies ?

Le Centre de dépistage volontaire en construction à Yopougon, commune d’Abidjan. Ph : @Badciss (Twitter)

En effet, dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 avril, en plein couvre-feu, des personnes ont saccagé le CDV en construction dans l’une des communes les plus peuplées du District d’Abidjan à savoir Yopougon. Elles prétextent que le gouvernement veut les exposer au COVID-19 en construisant un centre pour malade du coronavirus au nez et à la barbe des habitants. Or, en réalité, il ne s’agit pas de « centre pour malade de coronavirus », mais plutôt un CDV, un grand chapiteau pour permettre aux populations de Yopougon de se faire dépister volontairement sur place.

On dira que le « crime de lèse-majesté » du gouvernement ivoirien est de ne pas avoir pris la pleine mesure de communiquer sur la construction de CDV dans la commune de Yopougon. En même temps, on se demande aussi pourquoi l’installation de CDV dans d’autres grandes communes d’Abidjan comme Abobo, Marcory, Koumassi et Port-Bouët n’a pas buté sur l’hostilité des populations.

Bien avant, le 20 mars 2020, en pleine crise du COVID-19, une foule d’individus en colère investit le Centre technique de la mairie de Yopougon pour réclamer la gratuité de la carte d’identité nationale ivoirienne. Résultat : tout le matériel d’enrôlement de la carte d’identité a été saccagé. Cela faisait suite à l’appel de certains hommes politique issus de l’opposition dont Assoa Adou, un des responsables du Front populaire ivoirien (FPI), le parti fondé par l’ancien président Laurent Gbagbo, celui-là même qui a voulu se maintenir au pouvoir après avoir perdu les élections présidentielles du 30 novembre 2010 dans les unes contre Alassane Ouattara.

Le gouvernement ivoirien joue pour sa survie?

Depuis l’avènement de cette pandémie du COVID-19 en Afrique en général et particulièrement en Côte d’Ivoire, le gouvernement ivoirien est sous le feu des critiques notamment de la part d’opposants politiques et de cyberactivistes sur les réseaux sociaux. Quand certains estiment qu’il y a eu une réaction [très] tardive face à la mise en place de mesure de prévention, d’autres font croire aux Ivoiriens que le gouvernement ne fait rien pour freiner la propagation du virus en Côte d’Ivoire.

Rares sont les hommes politiques qui, comme Simone Gbagbo, Affi N’Guessan ont fait des messages de sensibilisation pour parler de la gravité du COVID-19, en demandant à leur militants et aux populations de respecter les mesures de confinement instaurées par le gouvernement ivoirien.

Il est peut-être vrai que les autorités ivoiriennes ont négligé le COVID-19 au départ, tout comme plusieurs pays occidentaux. Mais pourquoi détruire des installations visant à faire face à la maladie du coronavirus dans une commune où le plus grand Centre hospitalier universitaire (CHU) est fermé depuis plusieurs mois pour réfection ?

D’ailleurs, à ceux qui disent que le centre en question serait en plein cœur d’un quartier, comment expliquez-vous que ceux qui habitent aux alentours du CHU de Yopougon n’ont jamais eu l’idée de démanteler de le démantelé? Même si le CDV en question devait être transformé en « centre pour malade » de coronavirus, en quoi cela exposerait des populations saines censées être confinées? Peut-on vouloir sauver des Ivoiriens à Yopougon en sacrifiant d’autres vies dans la même commune ? Il faut manquer de civisme pour braver le couvre-feu et s’en prendre à une installation financée avec l’argent du contribuable.

Je rappelle que Yopougon est réputée être le bastion des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo. Cette « cité de la joie », communément appelée « Yopougon de Gbagbo », abrite la majorité de ceux qu’on a connus comme étant les « jeunes patriotes » aux « mains nues » instrumentalisés sous le régime du prisonnier de La Haye. D’ailleurs, Yopougon est la commune qui est difficilement tombée aux mains des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) lors de la bataille d’Abidjan qui a vu la chute de Laurent-Gbagbo le 11 avril 2011.

Quand le Probo Koala empoisonnait et tuait…

Disons-le tout net. Le serpent n’est pas mort! À la veille des élections de 2020, les « jeunes patriotes » sont de retour avec leurs « anciennes pratiques ». Ils n’ont pas peur du coronavirus. Ils s’en foutent de tout en Côte d’Ivoire sauf de leur mentor Laurent Gbagbo, celui qui a gouverné la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010 dans des « conditions calamiteuses ». C’est d’ailleurs sous M. Gbagbo que le Probo Koala, un navire pétrolier immatriculé au Panama, appartenant à une compagnie grecque et affrété par la société hollandaise et suisse Trafigura, est venu déverser 581 tonnes de déchets toxiques en Côte d’Ivoire en septembre 2006.

Quand le régime Gbagbo autorisait le déversement des déchets toxiques en Côte d’Ivoire dans certaines communes comme Bingerville, y a-t-il eu une communication préalable ? Non!

Loin de faire une comparaison, faut-il rappeler aux Gbagbo ou rien (GOR) qu’à ce jour, le Probo Koala a tué [à ce jour] plus de personnes en Côte d’Ivoire que le COVID-19, qui est une affaire mondiale ? Selon Wikipédia, « ces 581 tonnes de déchets provenaient du nettoyage du bateau (un mélange de pétrole, sulfure d’hydrogène, phénols, soude caustique et de composés organiques sulfurés). Ces derniers, répandus à terre en zone de décharge provoquent des émanations de gaz mortels. La mort de 17 personnes et l’intoxication de dizaines de milliers de personnes (43 492 cas d’empoisonnement confirmés et 24 825 cas probables, d’après l’Institut National d’Hygiène Publique : INHP) sont imputées par Amnesty international aux émanations de ces déchets.

Il est encore temps de rentrer dans la République pour faire front commun contre le coronavirus qui ne tue pas en fonction du parti politique ou d’un leader politique. Le vrai patriotisme, c’est être là quand le pays nous appelle. La Côte d’Ivoire est en guerre contre le COVID-19, c’est maintenant ou jamais que les « jeunes patriotes » doivent écouter les consignes des autorités ivoiriennes pour bouter cette maladie hors du pays. Autrement dit, nous allons payer cash notre incivisme.

FBIYAY

Lire aussi : COVID-19 : des jeunes ivoiriens ont une “solution” pour contrer le virus en Afrique


COVID-19 : des jeunes ivoiriens ont une solution pour contrer le virus en Afrique

Alors que l’OMS, l’ONU et certains chefs d’État demandent l’aide des pays riches pour voler au secours de l’Afrique où le COVID-19 risque de se propager comme une traînée de poudre, les Africains eux-mêmes ne veulent pas rester de marbre. Que ce soit au niveau de la sensibilisation des populations ou de la recherche dans les laboratoires, des cerveaux s’organisent pour préparer la riposte.

Depuis le 28 mars, on a franchi la barre des 30 000 morts dans le monde. Et le nombre d’infectés continue de monter avec plus de 600 000 cas de maladie à coronavirus sur la planète. L’heure n’est donc plus au verbiage creux. C’est le temps de passer à l’action pour sauver le monde face à un ennemi commun : le COVID-19. À l’image du travail de recherche scientifique dans les laboratoires, une équipe de jeunes entrepreneurs ivoiriens basés aux États-Unis travaillent d’arrache-pied pour aider à limiter la propagation du nouveau coronavirus en Afrique.

Un « triage efficace et effectif » face au COVID-19

À travers leur application « Apollo”, un écosystème de la santé prévoyant une réponse en cas d’épidémie et de pandémie, ils ont décidé de faire du dépistage à distance et faire suivre les « cas critiques » par le biais d’un processus automatisé par les autorités des pays africains qui utiliseront cette plateforme. « Nous avons créé un Risk Assessment and Preparedness Framework qui sera disponible sur notre site scbsystems.org. Notre approche met l’accent sur l’isolement et le dépistage précoce du COVID-19 », explique Sékou Cheick Bamba, Doctorant en Engineering Management à la George Washington University et CEO de SCB Systems.

Cheick Bamba, Doctorant et Top Innovateurs George Washington University 2019.

En effet, le « diagramme » élaboré par ces jeunes africains d’origine ivoirienne pour le processus de dépistage à distance semble innovateur. « Il définit la méthodologie d’un service universel qui prend en compte toutes les tranches de la population pour le triage, ce qui facilitera la prise de décision gouvernementale tout en allouant les ressources nécessaires pour la recherche et le développement du fait de la centralisation de la base de données », fait valoir le premier responsable d’Apollo, avant d’ajouter que « c’est une approche innovatrice de la collaboration gouvernement et entité privée ».

« En d’autres termes, notre diagramme permet d’évaluer l’exposition de la population au COVID-19, le suivi de l’évolution de la pandémie, la gestion des alertes et la circonscription de la maladie par le système sanitaire. »

Sékou Cheick Bamba, fondateur de SCB Systems

À en croire M. Bamba, l’application Apollo va donc au-delà d’un simple dépistage comme celle lancée par des organismes de renommée internationale. Il vise plutôt la limitation de taux élevé de contagion de coronavirus en favorisant la guérison de l’individu infecté. « Nous avons une approche holistique qui prend en compte le risque sanitaire et géographique tout en y alliant une politique de réponse adéquate pour prendre en charge les cas critiques par les gouvernements en un temps record. Cela est possible parce que nous arrivons à faire un triage efficace et effectif pour contrer le COVID-19 », précise-t-il.

D’où vient l’inspiration de la team « Apollo »

Photo : SCB Systems

Considérant que le ratio du mode de transmission est « exponentiel » dans les pays chaleureux, l’étudiant de George Washington University qui dit avoir « perdu le sommeil » lorsqu’il a fait des projections du potentiel impact du COVID-19 sur l’Afrique. C’est suite cela qu’il décide de réunir deux membres de son équipe notamment le directeur Drissa Coulibaly et Yeli Sidibé le CTO (Chief Technology Officer) de SCB Systems afin de réfléchir à une solution pour aider l’Afrique à faire face. « On était tous d’accord que nous devions déployer une solution pour freiner le COVID-19 dans notre pays et sur le continent africain », rappelle Cheick Bamba, concepteur de l’application de santé « Apollo », Top Innovateurs George Washington University 2019.

« Il y a plus de chance de survivre aux COVID-19 que d’en mourir. »

– Cheick Bamba, créateur de l’appli « Apollo »

Pour aboutir à cette application qui a été officiellement lancée samedi 28 mars 2020, Sékou révèle avoir passé des nuits blanches en compagnie de certains membres de l’équipe de SCB Systems. « Je peux vous dire que les 10 derniers jours étaient incroyables pour nous. Nous avons passé des nuits blanches à travailler pendant que nous avions des responsabilités en journée sans même accuser le coût de la fatigue parce que l’objectif était plus important et noble que notre fatigue physique et psychologique ».

https://www.facebook.com/sekoucheick.bamba.79/posts/786107961913052

Malgré les « pires projections » sur la propagation du COVID-19 en Afrique de part et d’autre, Sékou Cheick Bamba reste confiant. D’après ce jeune développeur de solution en santé, « il y a plus de chance de survivre aux COVID-19 que d’en mourir ». Toutefois, il souhaite que dans tous les pays africains, chaque individu respecte les mesures de protection et de distanciation sociale préconisées par leurs autorités tout en s’appropriant l’application Apollo pour se faire dépister à distance gratuitement.

« Il est impératif que la population africaine écoute les autorités gouvernantes comme principale source d’information. Il faut respecter les consignes et pratiquer l’isolement social correctement », conseille le Doctorant en Engineering Management à la George Washington University.

Pourquoi « sauver l’Afrique » et pas les États-Unis ?

Il est vrai que les regards se tournent de plus en plus vers l’Afrique (4000 cas), mais le nouvel épicentre du COVID-19 demeure les États-Unis avec plus de 120 000 cas d’infection à la date du samedi 28 mars. À la question : pourquoi craindre pour l’Afrique et non les États-Unis ? Cheick Bamba répond qu’il demeure africain bien que vivant aux États-Unis depuis quelques années. « Alors, soutient-il, le bien-être de l’Afrique est plus qu’une priorité, mais un devoir. »

Sachant que les États-Unis, ont débloqué deux milles milliards de dollars [2 000 000 000 000 $] pour faire face à la crise du coronavirus, fondateur de SCB Systems estime qu’il y a deux poids deux mesures. « Les É.-U. sont la première puissance mondiale qui ont la capacité et les moyens financiers, humains, intellectuels et infrastructurels pour éradiquer cette pandémie. Un plan de 2 000 G$ vient d’être validé ici. Pourtant nous le savons tous, l’Afrique a et aura du mal à mobiliser les ressources nécessaires pour éradiquer le COVID-19. Il est de devoir de tout africain de collaborer pour que nous puissions sauver l’Afrique », a conclu Sékou Cheick Bamba.

FBIYAY

Lire aussi : Coronavirus, en Afrique on croyait à une « affaire de blancs »


Covid-19 : Macky Sall demande l’annulation de la dette de l’Afrique

Face à la crise sanitaire du Covid-19 qui frappe le monde et à laquelle l’Afrique risque d’être gravement confrontée, le président sénégalais Macky Sall a lancé un ‘’message fort’’ mercredi 25 mars sur son compte Twitter en demandant l’annulation de la dette des pays africains. Mais à quel prix ?

« L’Afrique, à l’image du monde, est gravement atteinte par la pandémie du Covid-19 qui va durablement impacter son économie. Je demande à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux d’accompagner la résilience du continent africain en annulant sa dette. »

Ce tweet du président sénégalais, Macky Sall, a été liké au moins 3000 fois et retweeté 1000 fois au courant de la même journée, et a reçu l’assentiment de plusieurs internautes africains, qui estiment que cette demande était légitime.

Est-ce un leurre de dire que le sol et le sous-sol de l’Afrique sont garnis de richesses ? L’argent du pétrole, du diamant, de l’or, de la bauxite, du manganèse, de l’uranium, du cacao, du caoutchouc, dans quels poches va-t-il ?

Si, par enchantement, les partenaires bilatéraux et multilatéraux venaient à « avoir pitié de l’Afrique » en annulant sa dette, est-ce à dire que nos chefs d’État seraient mieux armés pour faire face à la pandémie du Covid-19 ? Dans combien de temps seriez-vous capables de construire des hôpitaux, des centres de santé avec les équipements nécessaires pour prendre en charge les personnes atteintes du coronavirus ?

Les Africains gagneraient à s’unir pour vaincre le Covid-19 !

À l’heure où j’écrivais ces notes, le nombre d’infectés évolue à une vitesse grand V. Selon le point fait mercredi par le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies (CDC Afrique), institution technique de l’Union africaine (UA), on enregistrait au moins 2 475 cas et 64 décès à la date du 25 mars 2020.

On dira que les chiffres de tout le continent africain ne sont pas si alarmants par rapport à l’Italie, l’Espagne ou les États-Unis. Mais comparaison n’est pas raison ! À combien de « cas » serons-nous confrontés dans une semaine voire un mois à cette allure ?

Il est bien beau de tendre la main aux pays riches, de demander l’effacement de la dette, mais si l’Afrique n’est pas capable de parler d’une seule voix, de s’unir pour de bon, ce sera difficile de gagner la guerre contre le Covid-19.

Je ne suis pas là pour tirer sur l’ambulance. Toutefois, j’estime qu’il est temps que nous prenions notre destin en main pour la dignité de l’Afrique. Il ne sert à rien de traiter l’Occident de tous les noms d’oiseaux et lui demander de nous venir en aide quand nous sommes incapables de nous unir pour gérer des crises sanitaires, humanitaires, politiques et économiques.  

FBIYAY


Coronavirus, en Afrique on croyait à une « affaire de blancs »

Fermetures des écoles, des universités, des magasins, des bureaux, des usines, des frontières, etc. On assiste aussi à la course au papier toilette, au cache-nez pour se protéger et aux gels hydroalcooliques pour se laver les mains. Et, pendant que les rayons de supermarchés se vident, le monde entier se barricade face à un tueur silencieux : le coronavirus ou la maladie du Covid-19.

Qu’est-ce qui arrêtera le Covid-19 ? En un temps record, le coronavirus a infecté plus de 350.000 personnes et fait plus de 15 000 morts dans le monde, particulièrement en Asie, en Europe et en Amérique. Cette maladie, qui oblige une « distanciation sociale » entre les humains, a bouleversé l’ordre mondial. L’économie est déjà à plat. C’est la faillite programmée de milliers d’entreprises. Le chômage qui prend [seul] l’ascenseur et monte chaque jour un peu plus haut.

Alors que le coronavirus fait des ravages en occident depuis quelques semaines, les pays africains croyaient jusqu’ici que c’était une « affaire de blancs ». Et, au lieu de se préparer à toute éventualité, on s’est laissé prendre et surprendre à la dernière minute par les « premiers cas » avant d’annoncer des mesures fortes.

Pourquoi les Occidentaux fuient l’Afrique?

Comme la plupart des autorités africaines ont minimisé le danger du Covid-19, les populations ont longtemps ignoré les mesures de protection draconiennes qu’on a fini par prendre ces derniers jours, enfin. Pour preuve, lorsqu’on annonce la fermeture des lieux de cultes, cela sonne encore comme un « crime de lèse-majesté » au Sénégal, au Maroc, au Niger et j’en passe.

Au Zimbabwe tout comme au Kenya, la police a dû faire usage d’une violence inouïe pour disperser ceux qui bravaient les interdictions de se rendre dans les lieux de cultes pour, dit-on, prier contre la propagation du coronavirus.

Ailleurs, les autorités ont été obligées d’instaurer le couvre-feu après avoir décrété l’état d’urgence pour pouvoir faire respecter les mesures de protection. C’est le cas du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire qui enregistraient respectivement 99 cas et 25 cas en date du lundi 23 mars 2020.

Il a fallu que des ministres burkinabés soient déclarés positifs au test du Covid-19 pour qu’enfin, le lendemain, les ministres ivoiriens sortent leur cache-nez devant les projecteurs. Mieux vaut tard que jamais face au coronavirus!

Malgré tout, le nombre de personnes infectées au coronavirus dans toute l’Afrique (environ 1600 cas pour une population d’un milliard de personnes) reste [très] minime pour l’instant, comparé à certains pays comme le Canada avec plus de 2000 cas pour 36 millions de personnes.

Immunisés par « la grâce du soleil »

Craignant une aggravation de la situation sur le continent, de nombreux ressortissants de pays occidentaux touchés gravement par le coronavirus demandent à être rapatriés pour rentrer dans leur pays.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a en effet averti que, si les systèmes de santé publique sont mis à rude épreuve en Afrique (comme c’est le cas actuellement en occident, où les structures de santé n’ont pas assez de lits pour accueillir tous les malades), alors « les hôpitaux pourraient être rapidement débordés si le virus s’installait, en particulier dans les zones urbaines surpeuplées ». Depuis cette annonce, beaucoup d’expatriés et de touristes occidentaux se sont sentis en danger de mort en Afrique.

Les Occidentaux ont-ils tort de quitter l’Afrique? Lorsqu’on entend certains Africains dire [en Afrique] qu’ils sont immunisés contre le coronavirus par la « grâce du soleil » et que le Covid-19 reste moins dans la chaleur que dans le froid, on constate que les rumeurs ont la vie dure… Ces propos donnent vraiment froid dans le dos, d’autant plus qu’en une semaine les chiffres sont passés de zéro à 1000, la contagion avance donc bel et bien en Afrique.

Comme l’a indiqué l’OMS, si l’Afrique ne se réveille pas très vite, tout porte à croire que ce qui vient à grand pas risque de s’appeler : une CATASTROPHE. Il faut donc prendre conscience de la gravité de la situation. La maladie est là, très contagieuse, c’est une réalité, une réalité mondiale, il faut donc adopter de nouvelles règles de vie et accepter de changer nos habitudes. Car on peut sauver des vies en évitant de s’attrouper, d’aller à la mosquée, à l’église, en boite de nuit, de se promener inutilement dans les rues. En un mot comme en mille, on peut rester chez soi pour sauver des vies et servir son pays.

FBIYAY