Fofana Baba Idriss

Attaque de Bassam, ne tirez pas sur l’ambulance !

Difficile de le dire. Mais hélas… cet attentat a été prémédité après l’attaque de Ouagadougou. Et, finalement, le plan funeste à été mis en exécution le dimanche 13 mars 2016 – au lendemain de la clôture du MASA – dans la cité balnéaire de Grand-Bassam. 19 personnes ont été froidement assassinées, et plusieurs grièvement blessées par une bande de terroriste, au moment où la Côte d’Ivoire sort d’une grave crise-post-électorale qui a fait plus de 3000 morts.

Scène de crime, étoile du sud, Grand-Bassam (Ph EPA - E.Koula)
Scène de crime, étoile du sud, Grand-Bassam (Ph EPA – E.Koula)

Un dimanche noir, une scène atypique à Grand-Bassam, où la deuxième session de formation Mondoblog avait posé ses valises, il y a deux ans, en compagnie d’une soixantaine de blogueurs francophones. Cette ville touristique, première capitale de la Côte d’Ivoire qui attire du beau monde de part ses plages et complexes hôteliers, a été frappée en plein cœur par des hommes armés, sans foi ni loi. Au dire des informations, l’attaque a été revendiquée par Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) : « ces assaillants puissamment armés et portant des cagoules ont tiré sur les occupants de L’Etoile du sud et des personnes en bordure de plage ». Pour s’en rendre compte, il fallait être présent sur les réseaux sociaux pour voir les images macabres et choquantes que des gens ont osé publier, crûment, sans crier gare. Liberté d’expression n’est pas libertinage.

                 Face aux conséquences…

Alors que nous ne sommes pas encore totalement sortis de la crise – puisqu’il n’y a pas eu de véritable réconciliation –, voilà qu’une autre vient de voir le jour. Et patatras… les commentaires vont bon train. Dans les rues, sur les réseaux, des gens sont en train de politiser le ‘’drame national’’. Pour certains, c’est un « coup préparé » de l’actuel régime, qui serait en perte de vitesse. Pour d’autres, « ce sont les occidentaux qui attirent les terroristes en Côte d’Ivoire et partout en Afrique », ou encore que « c’était une délégation américaine présente à Bassam qui était visée ». Pour moi, on ferait mieux d’arrêter toutes ces élucubrations et de gagner en maturité ! Car nous ne devons pas oublier que les populations sont traumatisées, avec, in fine, des familles endeuillées.

Une soixantaine de Blogueurs francophones ont eu l'occasion de faire une formation Mondoblog à Bassam, dans ce complexe hôtelier (Tereso) en mai 2014. Ph: Thelyson Orélien
Une soixantaine de Blogueurs francophones ont eu l’occasion de faire une formation Mondoblog à Bassam, dans ce complexe hôtelier (Tereso) en mai 2014. Ph: Thelyson Orélien

En vérité, nous étions habitués aux bruits de bottes et à des attaques de positions des militaires ivoiriens depuis la crise des 3000 morts. Mais cette attaque terroriste, la première du genre à laquelle nous venons de faire face, risque de nous créer beaucoup plus de problèmes que nous n’imaginons, si l’on n’y prend pas garde, que ce soit au plan politique, diplomatique, économique, social, etc. Nous nous réjouissions, hier, que la Côte d’Ivoire (1er producteur mondial de cacao), soit de retour dans le concert des Nations et qu’elle ait repris sa place de locomotive en Afrique de l’Ouest francophone. Elle venait même d’être désignée 1er pays d’Afrique subsaharienne le plus attractif pour des investissements, devant le Nigéria.

Une image démontrant également la gravité de l'attaque © AFP par SIA KAMBOU
Une image démontrant également la gravité de l’attaque © AFP par SIA KAMBOU

Désormais, on pourrait dire que ‘’rien ne se fera comme par le passé’’. La peur gagne de plus en plus les cœurs. Des entreprises, écoles, commerces, bureaux et bien d’autres vont vouloir mettre la clé sous le paillasson pour ne pas être une cible potentielle, suite à cette attaque terroriste qui s’est introduite à partir de la banlieue abidjanaise. La psychose est devenue trop réelle. Des intentions d’attaques dans certains coins de la capitale ou du pays se font entendre de la part d’AQMI. Selon des informations rapportées par Alakhbar, une agence de presse mauritanienne, « AQMI met également en garde la Côte d’Ivoire et les autres pays en alliance avec la France contre ‘’la colonisation de nos terres et l’agression contre notre peuple et nos symboles sacrés’’. Le groupe djihadiste menace encore de ‘’poursuivre les croisés’’ dans leur lieu de refuge et notamment de rassemblements de touristes ».

                                                                                              …Rester debout !

C’est à croire qu’il n’y aura plus d’attroupement comme on le voyait récemment au Marché des Arts du Spectacle Africain (MASA), qui aurait enregistré la participation de près de 2000 internationaux venus de 37 pays des quatre coins du monde. Que dire alors des prochains 8ème Jeux de la Francophonie en 2017, censés accueillis plus de 4000 personnes en Côte d’Ivoire ?

C’est pourquoi nous ne devons pas tirer sur l’ambulance, celle qui devait et devrait sortir le pays des crises interminables, de la division vers des lendemains meilleurs. En pareille circonstance, seule l’union des filles et fils du pays peut nous remonter le moral, en montrant à ces tueurs qu’ils ne peuvent pas nous vaincre, parce que nous pouvons et allons continuer de vivre non pas la peur au ventre mais dans une totale quiétude. Grâce à notre union, nous pourrons décourager les forces du mal. Si nous avons connu un coup d’Etat, une rébellion, une crise post-électorale, ce n’est pas une attaque terroriste qui doit nous désarçonner. Pour l’heure, il nous faut une mobilisation autour de la mère patrie. Nous souhaiterions voir nos députés, nos hommes politiques, les autorités et les populations ivoiriennes dans les rues, main dans la main, comme c’était le cas en France et au Burkina, pour dire non au terrorisme quelque soit sa forme. Il faut déjà saluer la procession effectuée par les députés ivoiriens à Bassam et la campagne ‘’On n’a #MêmePasPeur sur la toile.

L'une des publications désobligeantes sur l'attaque terroriste de Bassam.
L’une des publications désobligeantes sur l’attaque terroriste de Bassam.

Ce n’est donc pas le lieu de réitérer les vieux discours du genre « nos frontières sont poreuses », ou que « nos hommes ne s’y connaissent pas en matière de renseignements ». Sinon, la ‘’grande France’’ n’aurait jamais été l’objet d’attaques terroristes le 7 janvier et le 13 novembre 2015, ou encore les ‘’puissantes USA’’ le 11 septembre 2001. Voyons plus loin ! #JeSuisBassam #CivYako

FBI, Fier d’être un Bon Ivoirien…

#CivYako #JeSuisBassam
#CivYako #JeSuisBassam


9è MASA d’Abidjan, l’OIF à la MODE des Pro..

Aux grands rendez-vous, se côtoient les grands de la scène! Et au Marché des Arts du Spectacle africain (MASA), pour cette 9ème Edition du 05 au 12 mars 2016 sur les bords de la lagune Ebrié d’Abidjan (Côte d’Ivoire), dans les valises de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) on a retrouvé son « Edition Limitée » en faveur des meilleurs du secteur de l’artisanat de luxe, la mode. De quoi s’agit-il ?

L'un des visuel du MASA 2016
L’un des visuel du MASA 2016

Ouvert le samedi 5 mars, au Palais de la Culture d’Abidjan, ce MASA 2016 a pour thème « Réinventons les Arts de la Scène ». Selon les organisateurs, cette neuvième édition enregistre environ 2000 participants internationaux. Chose que le Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, a qualifié de « signal fort au monde », qui dira-t-il, est une marque de repositionnement du pays dans le concert des nations aux autres : « Elle confirme que la Côte d’Ivoire a renoué avec paix et la stabilité ».

Ouverture officielle de la 9ème cérémonie du Masa 2016, avec toutes les personnalités (Ph : LifeMag)
Ouverture officielle de la 9ème cérémonie du Masa 2016, avec toutes les personnalités (Ph : LifeMag)

Au nombre des organisations ou institutions partenaires, sponsors prenant part à ce qu’on pourrait qualifier de grand rendez-vous culturel panafricain, il fallait compter le grand parrain, l’OIF. Conduite par la Directrice de la « Langue Française, Culture et Diversités », Youma Fall, un déjeuner de presse a été organisé le dimanche 6 mars au « Maquis Du Val » dans la commune de Cocody à Abidjan. Ce, en présence des journalistes étrangers, ivoiriens, un haïtien et notamment des stylistes professionnels venus du Sénégal, Cameroun, Burkina-Faso, de la Côte d’Ivoire, coiffés par des Maîtres Pathé’O et Diagne.

Déjeuner de presse OIF, Journalistes et Stylystes au MASA 2016, Abidjan (Ph: FBI)
Déjeuner de presse OIF, Journalistes et Stylystes au MASA 2016, Abidjan (Ph: FBI)

A cette occasion, la Francophonie qui, à travers l’OIF appuie la professionnalisation des créateurs de mode a présenté son programme « Edition Limitée ». Destiné aux créateurs de mode de 20 à 35 ans, résidant et travaillant dans les pays membres de la Francophonie, ce projet a pour vocation de faciliter aux professionnels émergents du secteur des arts du textile l’accès à une formation spécifique de haut niveau : « De la conception à la confection, les stylistes francophones s’appliquent à la réalisation d’une collection sous l’encadrement d’un maître d’art. Deux classes de maître successivement placées sous la Direction de l’ivoirien PATHE’O à Abidjan en 2014, puis de la styliste sénégalaise Thiané DIAGNE à Dakar en 2015 ont permis à 16 participants de 11 pays francophones d’élaborer des créations inédites ».

La prestation des maîtres d’Art, Pathé’O et Thiané Diagne
La prestation des maîtres d’Art, Pathé’O et Thiané Diagne

C’est ainsi qu’en 2015, à l’issue d’une session de formation, l’OIF a décerné le « Prix de la Francophonie Edition Limitée », sous forme d’une dotation financière, à trois d’entre eux à savoir : Abdou Lahad Gueye, Augustine Kouidou et Moussa Sambaré, afin de récompenser la créativité et les savoir-faire francophones.

Visuel d'invitation de l'OIF au défilé " Edition Limitée" du dimanche 6 mars 2016 au MASA.
Visuel d’invitation de l’OIF au défilé  » Edition Limitée » du dimanche 6 mars 2016 au MASA.

Présents au déjeuner dans le cadre du MASA 2016, les lauréats de l’édition 2015 ont donc eu l’occasion de présenter dans la soirée du dimanche 6 mars, le « défilé Edition Limitée » avec la participation de trois créateurs ivoiriens dont Isabelle Andoh, Barros Coulibaly et Patricia Ouly, non sans omettre la prestation des maîtres d’Art, Pathé’O et Thiané Diagne (Jour J Création – Sénégal).

Défilé "Edition Limitée" du dimanche 6 mars 2016, au Palais de la culture d'Abidjan.
Défilé « Edition Limitée » du dimanche 6 mars 2016, au Palais de la culture d’Abidjan.

En dehors de ce défilé, il faut souligner que l’OIF a organisé deux autres évènements dans le cadre de cette 9ème édition du Masa : « l’Atelier de Diagnostique d’Abidjan, Qui est l’autre de qui », le 7 mars et « la Présentation du rapport « Diversité des expressions culturelles dans l’espace francophone, Témoignages et perspectives » le mercredi 9 mars 2016, au Palais de la Culture. Nous y reviendrons sur la présentation du Rapport et les 10 ans de l’adoption de la Convention UNESCO 2005 sur la diversité culturelle.

FBI

 

 

Défilé "Edition Limitée", au MASA à Abidjan.
Défilé « Edition Limitée », au MASA à Abidjan.


Maraboutage, les brouteurs ivoiriens sont passés maîtres dans l’arnaque

La fin du « broutage » n’est pas pour demain. En Côte d’Ivoire, au moment où la Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité (PLCC), du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité tend à mieux maîtriser les pratiques et coutumes des brouteurs ivoiriens, ces derniers explorent, je dirai très bien, de nouvelles formes d’arnaque.

Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’arnaque aux faux sentiments. Les brouteurs ivoiriens sont dans l’innovation de l’escroquerie. Il est de plus en plus question de « maraboutage » ou de « voyance par téléphone ». Ces nouvelles voies du gain facile sont mieux maîtrisées par les adultes, ces anciens du ‘’love arnaque’’ [ceux qui ont commencé le broutage sont devenus vieux et tendent à laisser leurs anciennes pratiques à une autre génération], n’ont pas besoin de demoiselles aux voix sensuelles. Ils ont juste besoin d’un téléphone portable et des contacts téléphoniques et le tout est joué dans la vraie-fausse magie.

Des Cyber-marabouts

Généralement, ces marabouts brouteurs ne contactent pas n’importe qui. C’est après recommandation qu’ils rentrent en scène. Ce sont des personnes proches à vous – qui sont de connivence avec ces ‘’cybermarabouts’’ – qui leur file vos numéros de téléphone. Après quoi, ces derniers (ça peut-être votre fils, neveux, un ami etc.) vont faire immersion dans votre vie privé en expliquant des difficultés que vous traversée dans votre vie, dans votre foyer, en entreprise…

C’est lorsque le cybermarabout connaît votre vie, vos intentions et des projets que vous envisagés qu’il vous contacte. Il ne vous appel jamais sur son numéro personnel, mais le plus souvent sur un roaming (qui se vend sur le marché des brouteurs). Au premier coup de fil que vous recevez, votre interlocuteur vous vous béni avant de se présenter sous l’identité d’un grand marabout ivoirien, malien ou sénégalais etc. Si vous tombez sous son charme, à cet instant, il vous dira qu’il a fait un rêve vous concernant et que vous avez des sacrifices ou offrandes à faire pour conjurer le mauvais sort (à ce stade, il ne vous demande pas grand-chose à faire : offrir des noires de colas à une vieille personne ou un poulet pour un repars familiale). Si vous continuer de l’écouter, il vous mettra en confiance en parlant des difficultés que vous connaissez au jour le jour avec votre femme (si vous êtes mariés), avec votre famille ou votre employeur (puisque ces informations lui ont été transmises par le biais de quelqu’un qui vous connaît).

En Afrique, le maraboutage – différent du fétichisme – est une réalité. Beaucoup de personnes ont tendance à consulter des marabouts lorsqu’ils rencontrent des difficultés ou des barrières dans leur vie. A défaut de se suicider – comme on le voit le plus souvent dans les pays développés – les africains ont recours aux ‘’mystiques’’. Celui qui sera capable de lire dans son future en vous promettant que tout ira bien dans votre vie lorsque vous ferai des sacrifices. D’où des proies faciles pour ces sorciers-brouteurs.

Sorciers-brouteurs

Le Cyber-marabout n’est pas dupe. Lorsqu’il vous demande, au téléphone, de faire des offrandes, il vous dit clairement qu’il lui revient de faire le grand sacrifice à votre place. C’est à ce niveau qu’il vous dira de lui faire un transfert d’argent soit par Western-union, ou MoneyGram (cet argent peut avoisiner les 500.000 FCFA – en fonction du client – pour le sacrifice et la main d’œuvre du sorcier-brouteur). Là encore, il vous donnera une fausse identité pour le transfert d’argent (j’ai déjà abordé cette question dans un article).

Si vous mordez à l’hameçon du sacrifice, il rentre dans votre vie et vous bouffe votre sou à petit feu. Chaque fois, il vous appellera pour vous demander ce qui se passe ou ce qui ne va pas et vous n’hésiterai plus à vous confier au malfrat (même si votre premier souci n’est pas résolu). Des choses que vous n’oserai dire à personne, car nous savons généralement que lorsque des gens s’adonnent à ces pratiques la confidentialité est de mise. Je puis vous dire que beaucoup de personnalités et hommes d’affaires en Côte d’Ivoire ont été victimes de ‘’cybermarabouterie’’. Je n’en dirai pas plus ; mais sachez à qui vous donnez vos cartes de visite, à qui vous parler de votre vie privé ou des difficultés que vous encourez dans la vie. Je sais de quoi je parle.

FBI


Avec le blog, osez franchir le rubicond en Côte d’Ivoire

Franko, chanteur camerounais, ne le dira jamais aussi bien que dans une de ses chansons: « la vie appartient à ceux qui ne dorment pas ». Dans un contexte local, en Côte d’Ivoire, on pourrait dire que « la blogosphère appartient à ceux qui ne chôment pas ». Quoi de plus normal, d’autant plus que l’adage dit : «qui veut aller loin ménage sa monture ». Le 7 décembre 2015, lors l’Assemblée générale constitutive de l’Union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (UNBCI) les choses sont allées plus vite qu’on ne pouvait l’imaginer.

Un pas décisif et irréversible…

Avec Moussa Bamba à sa tête – alias ‘’Behem’’- , les activités de l’UNBCI ont été lancées le 8 janvier 2016, à l’occasion d’un afterwork à l’hôtel ‘’Emlys’’ à Cocody Les Deux-Plateaux. Le lendemain se tenait une formation des aspirants* au blogging. Ces rencontres ont tenu toutes leurs promesses, à en juger par le nombre de personnes ayant répondu aux invitations et aux adhésions qui ont suivies.

Au micro, le président de l'UNBCI s'adressant au vice-président lors du lancement des activités de l'association ©Yefien Com
Au micro, le président de l’UNBCI s’adressant au vice-président lors du lancement des activités de l’association ©Yefien Com

D’ailleurs, certains observateurs avertis n’ont pas manqué de dire que ce pas décisif devrait être  irréversible pour l’UNBCI. Effectivement, passés les moments festifs, le compte à rebours est lancé: place au travail et à la réflexion.

Le blog, un moyen d’insertion ?

Pour le président de l’Union, le blog, de nos jours, est un formidable outil d’expression et d’insertion dans la société. L‘UNBCI entend donc aller à la rencontre des toutes les couches socio-professionnelles afin de les inciter et les initier au blogging. Des actions ont déjà été entreprises dans ce sens. Dès la fin de la formation des aspirants blogueurs, l’UNBCI organise son 1er #MeetUp* le 30 janvier 2016. Le thème : « Bloguer en communauté: quel intérêt?« . Il rassemblera notamment les intervenants Obin Guiako (web entrepreneur) et David Capo-Chichi (membre Akendewa).

Organisation du 1er MeetUp de l'UNBCI le samedi 30 janvier 2016 ©
Organisation du 1er MeetUp de l’UNBCI le samedi 30 janvier 2016 ©

Cette tribune sera l’occasion pour les participants de connaître « les avantages d’appartenir à une communauté de blogueurs et éventuellement les inconvénients ». Au sortir de cette rencontre, chacun pourra se faire son opinion sur ce qu’on pourrait appeler ‘’la vie en communauté web’’. Même si, en vérité, « l’union fait la force ».

Vers les Assises du blogging

Après ce MeetUp, l’UNBCI souhaite associer tous les acteurs de la blogosphère ivoirienne pour jeter les bases d’un secteur jusque là dépourvu de textes. Il s’agira de faire les « Assises du blogging » en Côte d’Ivoire pour qu’il y ait un cadre formel et réglementaire (si possible législatif) à l’exercice des métiers du numérique. Le vice-président de l’UNBCI, Marck Andy, avait abordé la question le 16 janvier 2016 lors d’un entretien à l’Emission TIC et TEC de Radio Côte d’Ivoire.

Il est clair que pour ce genre d’activité, inhabituelle au pays des Éléphants et même ailleurs, ce ne sera pas seulement l’affaire de l’UNBCI. Les autorités ivoiriennes, à travers le Ministère de l’Economie Numérique, la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), le Conseil national de la presse (CNP) et les professionnels des médias, la Commission TIC de l’Assemblée nationale, devront être impliqués. C’est lorsque tous les contours du blogging seront définis que « n’importe qui ne fera pas n’importe quoi ».

FBI

Un visuel annonçant les Assises du blog en Côte d'Ivoire ©UNBCI
Un visuel annonçant les Assises du blog en Côte d’Ivoire ©UNBCI


En période électorale : être journaliste, blogueur et bon militant…

S’il est vrai que le journaliste ou le blogueur a besoin de liberté pour s’exprimer, pour informer ; il n’en demeure pas plus vrai qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité. Surtout, en période électorale – sous les tropiques – où le militantisme bat son plein. On assiste à des  »dérives langagières » de part et d’autre selon le média ou le canal utilisé par Pierre ou Paul pour Monsieur Tout-le-Monde. Tout simplement, avec sa plume, on devient le chantre de l’homme politique.

En cette année électorale 2015, plusieurs contrées, notamment africaines dont la Côte d’Ivoire (Présidentielle = 25 octobre), la Centrafrique, le Burkina, la Guinée, etc., et Haïti (Présidentielle = 25 octobre), semblent avoir la même préoccupation : celle d’élire un ou plusieurs dirigeants pour conduire le développement du pays. C’est donc une période charnière où tout peut basculer dans le bon sens ou virer au pire. Alors que l’élection devrait consacrer le changement, l’alternance à la tête de nos pays; l’occasion de cet exercice démocratique se fait toujours dans la douleur, dans les pleurs, dans la tortue et dans la mort… On ne le dira jamais assez ! Ces moments d’élections, sous les tropiques, sont devenus les passages les plus difficiles pour les populations du fait de l’insouciance des hommes. Ceux qui refusent de servir la cause nationale.

Pour ma part, je pense que les travailleurs de la plume, plus spécifiquement les acteurs de l’information que sont les journalistes et les blogueurs, ont un rôle éminemment important à jouer ; non pas en tant que militant de parti politique, mais militant des valeurs universelles, militant de la vérité, véri-fiable… Ces militants de la plume qui ne se contentent pas de la vérité officielle, mais qui chercheront à cerner la réalité au plus près.

Selon « 24heures dans une rédaction », le journaliste est un acteur social, mais il n’est pas un acteur politique au sens commun du terme bien que son rôle social ait un impact politique : « Les valeurs qui forment le socle de son action professionnelle sont les valeurs de l’universalisme : la paix, la démocratie, la liberté, la solidarité, l’égalité, l’éducation, les droits de l’homme, les droits de la femme, les droits de l’enfant, le progrès social, etc. » Cela montre à quel point les écrits du journaliste devraient contribuer aux transformations sociales, politiques, et non servir comme une arme de destruction massive.

Ces images ont fait le tour du monde, à la suite des élections de 2010 en Côte d'Ivoire. Ph: Issouf Sanogo (AFP)
Ces images ont fait le tour du monde, à la suite des élections de 2010 en Côte d’Ivoire. Ph: Issouf Sanogo (AFP)

En Guinée, le sang a commencé à couler dès qu’on a parlé d’élection présidentielle. Et continue de couler à travers des plumes, des écrits. Comme le disait le blogueur, Alimou Sow sur Facebook, le samedi 10 octobre 2015 : « Faire preuve de discernement face à la masse d’informations qui circulent actuellement sur Internet au sujet des événements en Guinée est plus qu’un devoir civique ». Pour lui, « ceux qui colportent de fausses informations, écrivent sur des rumeurs, incitent à la haine et à la division et feignent d’être sourds aux messages de paix entendront tonner dans le Tympan, demain, la redoutable leçon de l’histoire ».

A ce stade, je m’interroge s’il faut prendre au sérieux ou pas les écrits de certains acteurs engagés de la plume sur les réseaux sociaux ? Sur Facebook, il s’avère que chacun est libre de s’exprimer, de dire ce qu’il veut ou pense. D’ailleurs, de nos jours, les grandes déclarations des hommes politiques ou d’hommes d’Etat se font sur les réseaux sociaux avant qu’elles ne soient reprises par et dans les médias traditionnels. Si des journalistes et des blogueurs prennent ces propos pour argent comptant, ne faudrait-il pas prendre en compte leurs propos qu’ils tiennent entre les lignes sur ce même canal ? Sinon, doit-on pratiquer le journalisme dans un organe de presse et faire du militantisme politique sur les réseaux sociaux tout en restant journaliste?

A en croire « 24heures dans une rédaction », si le journaliste milite au nom des valeurs universelles, il ne devrait jamais militer en faveur d’intérêts catégoriels, sectoriels, individuels ou partisans ; sinon il tombe dans la confusion des genres, aliène sa liberté et compromet le crédit de confiance que les lecteurs accrochent à son indépendance. Autrement dit, s’il adhère à un parti politique – ce qui est son droit citoyen – il doit s’interdire de mettre sa fonction au service de son parti et, en particulier, de relayer les prises de son obédience politique.

C’est tout comme le journalisme d’opinion, toujours selon « 24heures dans une rédaction », qui ne fait pas exception à cette règle. « Il arrive souvent que le journaliste militant pour les valeurs de l’humanisme soit conduit à s’opposer ouvertement à un pouvoir qui les bafoue ou les nie. Il le paye, parfois de sa vie ». Non sans souligner que, « même dans les cas de tensions extrêmes, il ne saurait s’affranchir des règles déontologiques qui lui imposent de respecter toutes les convictions, toutes les croyances, toutes les formes d’expressions, y compris celles qui prétendent museler les siennes ». Allez donc comprendre que le journaliste militant, attaché aux valeurs universelles, met un point d’honneur à donner la parole à ses adversaires et à faire preuve de tolérance à leur égard dans ses analyses et ses commentaires.

Contrairement à certaines langues, le journalisme est un métier de la communication, au sens plain du terme. Et Yves Agnès ne croit pas si bien le dire dans son Manuel de Journalisme : « Le Journaliste n’est pas un artiste livrant son œuvre à ceux qui voudront bien l’admirer. Il travaille au service du public. Il n’est pas la source de la nouvelle, il ne fait que la répercuter, que la livrer à d’autres sous forme accessible qui est le langage journalistique ». Pour lui, il n’y a pas d’« exercice illégal » du journalisme comme pour la médecine. On peut donc être un bon « amateur » et écrire occasionnellement dans un journal, voire en éditer un soi-même. Car, nombreux sont les blogueurs qui commentent l’actualité sur leur blog personnel. Savoir informer correctement est donc un métier. Il n’est donc pas prétentieux de sa part en affirmant que le travail journalistique est une « expertise », qui assure l’authentification de la nouvelle.

Les femmes togolaises, toutes en rouge, s’associent à la douleur de leurs sœurs nigérianes. Ph DR
Les femmes togolaises, toutes en rouge, s’associent à la douleur de leurs sœurs nigérianes. Ph DR

Yves Agnès va plus loin dans son ouvrage pour souligner que ‘’le journaliste fait en permanence un travail de création, plus à la manière de l’artisan, qui produit un objet dans un registre déterminé, que de l’artiste ou de l’écrivain qui laissent libre cours à leur spontanéité, à leur imagination’’. Comme pour dire que : «Le journalisme est certes une profession ‘’intellectuelle’’, mais au sens le plus banal du terme : le ‘’produit fini’’ est le résultat d’une démarche intellectuelle et il s’adresse à l’intellect du destinataire, grâce à un savoir-faire ».

C’est pourquoi je suis encore en phase avec les propos de la journaliste Lydia Cacho. Elle est encore plus pertinente, lorsqu’elle lance la célèbre phrase, qui laisse entendre que « le journalisme est un flambeau qui éclaire le monde ». Car, pour elle, un bon journalisme nous permet non seulement de comprendre ce qui se passe dans nos communautés, mais aussi de révéler ce qui empêche le plein respect de nos droits. Cela est d’autant plus vrai qu’il va de soi qu’un journalisme responsable découvre, révèle, éduque et aide à forger l’opinion..

Tous ceux qui pratiquent ce métier, comme Lydia Cacho, devraient alors s’en rendre compte, lorsqu’elle dit que : « Le bon journalisme allume une flamme qui illumine le monde, une flamme qui donne naissance à de nouvelles idées, qui crée des mouvements de solidarité mondiale et sensibilise le plus grand nombre sur la tragédie de la douleur humaine provoquée par les hommes ». C’est aussi ça, la responsabilité des travailleurs de la plume en période électorale. Les journalistes et les blogueurs peuvent éviter des tragédies sanglantes à nos pays en militant pour les valeurs qui doivent faire la fierté de la société humaine, en restant eux-mêmes. A mon humble avis, je dirais qu’écrire ce n’est pas de détruire, mais c’est de construire ; c’est d’apporter quelque chose à l’humanité en bien.

FBI


Migration : Du périple au pire des mondes

L’HU-MA-NI-TE ! Trop de choses se disent sur cette « vague migratoire » estimée à 15.000 ? 20.000 ? 100.000 ? 500.000 personnes ? (je ne sais quoi). Ce n’est peut-être pas l’Afrique des ‘’indigènes’’ dont il est question comme d’habitude. Mais ça y ressemble fort… Des tabloïdes aux réseaux sociaux en passant par les écrans télés, c’est la même rengaine: migration, migrants ; immigration, immigrants etc… sans que l’appellation « réfugier » ne prenne le dessus. Pourtant, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Sauf que l’humanité se DE-SHU-MA-NI-SE.

Un enfant syrien de 3 ans sur une plage à Bodrum (Turquie), après le naufrage de son embarcation à destination de l'île de Kos (Grèce), le 2 septembre 2015. (DOGAN NEWS AGENCY / AFP)
Un enfant syrien de 3 ans sur une plage à Bodrum (Turquie), après le naufrage de son embarcation à destination de l’île de Kos (Grèce), le 2 septembre 2015. (DOGAN NEWS AGENCY / AFP)

Sinon, est-ce la première fois que le monde fait face à ce ‘’déferlement’’ humain que certains appellent aujourd’hui, « le casse-tête de l’Europe » ? Mais ce que l’on retient, à travers les médias, en ce moment, c’est que les « nanzara » disent qu’ils ne peuvent pas accueillir toute la misère du monde ; parce que les migrants, disons les misérables, ne sont pas les bienvenus sur leur sol.

Ne soyons pas surpris ! Le monde n’est pas un village. Derrière ces discours, on aperçoit le vrai visage des PATRONS donneurs de leçons. C’est à croire que ceux qui râlent, – que dis-je -, parlent sans cesse de Droits de l’Homme, de solidarité, de fraternité et d’amour du prochain n’auraient rien d’humain en eux.

Après la chute du « mur de Berlin« , ou le « mur de la honte », aujourd’hui ils montent des barrières pour empêcher des populations meurtries par la guerre, le terrorisme et la violence, d’accéder à leur porte ; pendant qu’ils continuent de venir chez nous sans papier, de puiser nos richesses minières et pétrolières. Dans un passé récent et lointain, ils suçaient la force physique, la sueur et le sang de nos aïeux pour être ce qu’ils sont. Aujourd’hui, ils nous collent tous les noms d’oiseau, en nous traitant de tous les péchés d’Israël… C’est le monde à l’envers où, selon moi, « l’émotion est devenue hélène quand la raison s’est transformée en nègre ».

La française, Morgane Léna Julien, « exaspérée » des migrants. Capture : FBI
La française, Morgane Léna Julien, « exaspérée » des migrants. Capture : FBI

Ben oui ! Ces donneurs de leçons préfèrent nous voir périr dans la guerre, noyer dans la méditerranée que de nous voir vivant sur leur sol. La française, Morgane Léna Julien, « exaspérée », dit très haut sur sa page facebook ce que les autres pensent tout bas à propos de la mort du petit syrien Aylan Kurdi : « Ce n’est pas notre faute si il est mort. C’est bien malheureux, c’est sûr. Mais les parents auraient du prendre un minimum de précaution avant de se lancer en pleine mer sur un bout de bois en guise de bateau surtout avec un petit bout de trois ans ! Que vous mourrez dans votre pays à cause de la guerre ou dans la mer c’est la même fin ! Restez dans vos pays et basta !!! ». Quel commentaire ? C’est bien la parfaite illustration de la femme au cœur de pierre.

Les ‪#‎réfugiés‬ ou ‪#‎migrants‬ face à la pratique du journalisme et des droits de l’Homme en période de détresse #Hongrie ‪#‎Europe‬. Ph : DR
En Hongrie, une journaliste fait un croche-pied à des réfugiés (Libération).

Allez croire que nous fuyons la guerre pour venir nous jeter dans les bras de l’enfer ! Comme Marine Le Pen, ne le cache pas à son tour en disant vertement à qui veut l’entendre que « l’immigration n’est pas une chance » pour celui ou celle qui fuit la guerre. « C’est un fardeau », selon la présidente du Front national, parce qu’on n’a pas la chance de survivre même lorsqu’on croit être sorti de l’ornière ; parce qu’elle refuse que les migrants soient mieux traités que des sans abris en Europe. Car, à l’heure actuelle en France, « mieux vaut être migrant que Français ». Chose que la fille de Jean-Marie Le Pen ne digère pas. Pendant qu’elle souhaite la fin de toute assistance aux personnes en danger sur son territoire, son pays – et bien d’autres chefs du monde -, s’apprête à bombarder la Syrie. C’est ça la Realpolitik. Mais quelle contraction ! Quelle flagrance !

Voilà que les PATRONS donneurs de leçons sont de retour avec leurs armes, leurs avions, leurs chars, leurs missiles à destruction massive. Ce sont eux qui font la loi et qui agitent le chiffon rouge. Ils sont l’alpha et l’oméga dans les pays : c’est la mondialisation.

Mais faut-il être lettré pour ne pas savoir que lorsqu’on sème le vent ailleurs on récolte la tempête chez soi ? Et comment ne pas comprendre que quand on crache en l’air on doit s’attendre à recevoir la « pâture » sur son visage. Mais pourquoi provoquer des guerres chez les autres et refuser de recevoir toute la misère du monde chez vous ? Cela relève à la limite de l’irresponsabilité. Où alors, assumer vos choix en vous pointant chez nous.

Marine Le Pen, Présidente du FN. Ph : rtl.fr
Marine Le Pen, Présidente du FN. Ph : rtl.fr

Qu’est ce qui se passe en Libye aujourd’hui ? Après les même frappes téléguidées des PATRONS du monde, l’Afrique subsaharienne (Niger, Mali, Nigéria, Burkina, Mauritanie, Côte d’Ivoire etc.) est en proie au terrorisme – sans nom, sans visage et sans race, sans couleur – de la pire espèce humaine. ‘’MNLA’’, ‘’Boko Haram’’, ‘’Al-Qaïda’’ et j’en passe, ont pris les populations en otage.

Parlant de chez nous, notamment en Afrique, en Haïti. Je suis malheureux d’apprendre que de nos jours, – pendant que nous mangeons, buvons intégration -, des Togolais sont rapatriés du Nigéria ; des Ivoiriens sont rapatriés du Gabon ; des Haïtiens sont rapatriés de la République Dominicaine (alors qu’ils partagent la même île, la même terre). Où est donc passé l’intégration dont on nous chante à tout bout de champ avec ces ministères budgétivores qui sont créés sans cesse?

Qu’attendons-nous de l’occident si nous sommes incapables nous-mêmes de recevoir et de cohabiter avec nos voisins, nos frères de la même sous-région, ceux avec qui on partage les mêmes frontières ? Savez-vous comment les gens circulent en Europe, aux Etats-Unis ? Nous serons plus forts que lorsque nous serons unis. C’est là que ça va faire mal. Mais pour l’instant, admettons que c’est à nous et à nos progénitures qu’on fait du mal en fermant nos frontières.

FBI


Blogosphère et liberté d’expression en Haïti

Pour la première fois, le Bureau régional de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour les Pays de la Caraïbe (BRPC), en partenariat avec le Centre PEN-Haïti, a lancé une activité en faveur des blogueurs en Haïti, autour du thème : « Blogosphère et liberté d’expression », le samedi 28 mars 2015.

Le modérateur de la Table ronde, Baba Idriss Fofana, au micro © OIF-BRPC
Le modérateur de la Table ronde, Baba Idriss Fofana, au micro © OIF-BRPC

Considéré en général comme un « espace de liberté » et d’interaction sur la toile, le « blog » est devenu aujourd’hui un moyen d’expression, de démocratisation et de participation citoyenne surtout pour beaucoup de jeunes dans les pays du sud. Désormais, ceux qui ont moins ‘’droit à la parole’’ veulent se faire entendre et participer plus ou moins à la construction ou au développement de leur pays par cet outil du web 2.0.

Ces dernières années, on le voit, le blogging prend de plus en plus une place prépondérante dans le quotidien des jeunes de certains pays d’Afrique francophone, notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Bénin, au Burkina, au Cameroun, en Guinée, au Mali etc.

Répartition des mondoblogueurs dans 70 pays dans le monde © Infographie Mondoblog
Répartition des mondoblogueurs dans 70 pays dans le monde © Infographie Mondoblog

D’ailleurs, avec la plateforme « Mondoblog », propulsée par l’équipe « Atelier des médias » de Radio France internationale (RFI), qui compte à ce jour plus de 600 blogueurs, participe à cet effet à « l’émergence d’une blogosphère francophone internationale et dynamique ». L’enjeu étant de contribuer à un développement du contenu francophone de qualité sur Internet.

Une vue de quelques participants © OIF-BRPC
Une vue de quelques participants © OIF-BRPC

L’OIF, Organisme des chefs d’Etats et de Gouvernement des pays francophones, n’est donc pas en marge de tout ce qui concerne le numérique, sa pratique. Tout en s’appuyant sur le document : « Horizon 2020 : Stratégie de la Francophonie numérique », définit lors du XIVe Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, en 2012, l’organisation se donne les moyens de « contribuer à l’émergence d’une société de l’information démocratique, inclusive, ouverte et transparente qui favorise la diversité culturelle et linguistique et l’intégration de la Francophonie dans l’économie numérique ».

Une table ronde dans les hauteurs de Port-au-Prince (Thomassin 32) © OIF/BRPC
Une table ronde dans les hauteurs de Port-au-Prince (Thomassin 32) © OIF-BRPC

Consciente du fait que la jeunesse est la principale source d’innovation dans le numérique et qu’elle incarne son avenir, l’OIF en fait l’une de ses cibles prioritaires. C’est dans cet élan que le BRPC a, dans le cadre de ses activités de la « Quinzaine de la Francophonie » en Haïti, organisé une Table ronde sur « la  blogosphère et la liberté d’expression », dans les locaux du Centre PEN-Haïti.

A l'occasion de l'adresse du directeur du Bureau régional de l'OIF et celle du directeur du Centre PEN-Haïti © OIF-BRPC
A l’occasion de l’adresse du directeur du Bureau régional de l’OIF et celle du directeur du Centre PEN-Haïti © OIF-BRPC

Cette activité qui s’est déroulée en deux temps forts a enregistré la participation d’invités spéciaux dont Amélie Baron (correspondante de RFI), Gotson Pierre (patron d’AlterPresse), Wilney Taris (chef de la section communication du Sénat) et un public d’une quarantaine de jeunes haïtiens (femme et homme), venue d’horizon diverse, notamment de Port-au-Prince et des villes de province (Ouanaminthe, Cap-Haïtien, Gonaïves etc.).

Au cours de la table ronde ouverte dans la matinée avec les allocutions de Jean-Euphèle Milcé, directeur du CPH et David Bongard, directeur du BRPC, Gotson Pierre avec à son compteur plus de 15 années d’expérience dans le domaine de la presse en ligne (AlterPresse) a abordé plusieurs sous-thèmes, à savoir :

Gotson Pierre, fondateur de l'agence de presse haïtienne en ligne, AlterPresse, au micro © OIF-BRPC
Gotson Pierre, fondateur de l’agence de presse haïtienne en ligne, AlterPresse, au micro © OIF-BRPC

  • son choix pour la presse en ligne ;
  • l’évolution du numérique en Haïti ;
  • l’audience haïtienne sur internet ;
  • La vétusté de loi sur la télécommunication (la presse aussi) qui date de 1987, mais qui ne prend pas en compte le numérique ;
  • la différence entre blog et microblogging (facebook, tweeter etc) ;
  • bloguer en français et en créole ;
  • l’utilisation du blog comme moyen de communication par les associations et organisations syndicales en Haïti.

Amélie Baron, journaliste en Haïti depuis 2009 et travaillant pour plusieurs médias (RFI, Libération, Le Monde, Al Jazeera, AFP etc.) a partagé ses connaissances sur :

Amélie Baron, la doyenne des correspondants de presse internationale en Haïti, férue de tweeter, au micro © OIF-BRPC
Amélie Baron, la doyenne des correspondants de presse internationale en Haïti, férue de tweeter, au micro © OIF-BRPC

  • le journalisme citoyen ou de proximité;
  • la responsabilité des blogueurs à travers l’utilisation des outils numériques ;
  • la liberté d’expression dans l’exercice de son métier en Haïti ;
  • sa pratique du microblogging dans le cadre de ses activités journalistiques.

Puis Wilney Taris, communicateur et mondoblogueur a bien évidement parlé du projet « Mondoblog », à savoir :

Wilney Taris, mondoblogueur et communicateur au Sénat de la République d'Haïti © OIF-BRPC
Wilney Taris, mondoblogueur et communicateur au Sénat de la République d’Haïti © OIF-BRPC

  • comment devenir ‘’Mondoblogueur’’ ;
  • la particularité de cette plateforme (l’encadrement, responsabilité avec charte, session de formation virtuel (avec tutoriel) et présentielle) ;
  • les différentes sortes de blogues qu’on trouve sur la plateforme ;
  • l’évolution de Mondoblog dans les pays francophones ;
  • la création d’un Réseau de blogueur en Haïti.

Pour cette première partie, chaque intervenant a pu donner son point de vue selon le sous-thème abordé par les uns et les autres ce, en interaction avec le public.

L’après-midi a fait place à l’atelier d’initiation au blogging. Cette partie a été animée par Eric Bernard, spécialiste des Médias sociaux pour le développement (Mesodev) et Baba Idriss Fofana (Assistant en Communication au BRPC).

Eric Bernard, spécialiste des Médias sociaux pour le développement (Mésodev) © FBI
Eric Bernard, spécialiste des Médias sociaux pour le développement (Mésodev) © FBI

Le premier a fait une présentation visuelle sur « les blog en 80 tours » :

– les façons de bloguer différemment (pas que de l’actualité ou des opinions, mais aussi de blog scientifique, littéraire, mode etc.) ;

– les dimensions du blogging (blog individuel, entreprise, institutionnel etc), les types d’auteurs ;

– montrer que le blogging peut être aussi une compétence dans un métier (chargé de communication ou community manager) ;

– les outils : site web (blogger, ou CMS) mais aussi microblogging et médias sociaux.

Plusieurs personnes ont pris part à l'atelier d’initiation au blogging © FBI
Plusieurs personnes ont pris part à l’atelier d’initiation au blogging © FBI

Le second a également fait une présentation sur les ‘’pièges et astuces’’ pour la création de « Url » et l’édition d’un article de blog, notamment :

Lors de la deuxième partie de l'atelier d'initiation au blogging avec Baba Idriss F. © BRPC
Lors de la deuxième partie de l’atelier d’initiation au blogging avec Baba Idriss F. © BRPC

  • le choix de l’Url (ne pas choisir une adresse électronique qui pourrait limiter le champ d’action du blogueur à l’avenir) ;
  • le corps d’un billet ou article (titre, chapeau, intertitre pour aérer son texte) ;
  • l’insertion d’images (avec bonne taille et crédit photo), de vidéo ou audio pour animer son texte ;
  • l’insertion de lien vers des sources (prouver la véracité de que le blogueur énonce souvent).

Très content d'avoir pris part à cette rencontre autour du blog en Haïti, les participants ont encouragé la tenue d'un autre atelier de création de blog © BRPC
Très content d’avoir pris part à cette rencontre autour du blog en Haïti, les participants ont encouragé la tenue d’un autre atelier de création de blog © BRPC

Au terme de cette deuxième partie de la journée du 28 mars, qui a débuté à 10h et pris fin à 16h, la majorité des participants ont appelé de tous leurs vœux à la réédition d’un tel atelier (considéré par les organisateurs comme un avant-goût), dans l’espoir de pouvoir créer et administrer des blogs.

FBI

 

Visuel © Baba Idriss Fofana (OIF/BRPC)
Visuel © Baba Idriss Fofana (OIF/BRPC)


Mondoblog 2014 à Abidjan : 3 questions à la blogueuse Awa Seydou Traoré

Du 2 au 12 mai 2014, la troisième session de formation des Blogueuses et Blogueurs francophones de la plateforme, « Mondoblog », propulsée par l’Atelier des Médias de Radio France Internationale (RFI), se déroulait en Côte d’Ivoire, dans la banlieue d’Abidjan (Grand-Bassam) après Dakar, Sénégal, en 2013. Revivez quelques temps forts à travers cet entretien réalisé à l’Hôtel Tereso avec la Mondoblogueuse malienne Awa Seydou Traoré. Vivant en Mauritanie, elle tient le blog Reine d’Afrique, dédié aux femmes. Ici, elle nous livre ses impressions sur la formation, le blogging et son séjour en Côte d’Ivoire pour la première fois.

Tes impressions sur les 10 jours de formation en Côte d’Ivoire ?

Awa Seydou, Hotèl Cheguiti Place (Mauritanie) © Dame Ba
Awa Seydou Traoré, Hotel Cheguiti Place (Mauritanie) © Dame Ba

Ces 10 jours de formation ont réuni près de 70 blogueurs de divers horizons en Côte d’Ivoire, ont été une expérience enrichissante qui nous a permis une fois de plus de mettre en pratique et en théorie l’accent sur l’apport du blogging. Comme quoi, c’est un moyen d’expression sociale, d’engagement. Bref, une voix pour la citoyenneté. Il a également été question de web journalisme. Nous avons mené des débats sur la relation journaliste-blogueur. À savoir quelle pouvait être la complémentarité qui existait entre ces deux pratiques.

Nous avons eu droit à des présentations enrichissantes avec Philippe Couve, qui est considéré comme le père de l’émission L’Atelier des Médias et de la plateforme Mondoblog. Pour l’organisation, Reporter sans frontières (RSF) nous a édifiées sur la sécurité informatique. Comment il fallait se mettre en sécurité sur le web à travers ses données personnelles. Ajouté à cela, il a été question de la « protection des journalistes ». En sommes, nous avons appris beaucoup de choses devant permettre de comprendre que le blogging pouvait être considéré comme un métier à part entière.

Comment tu as trouvé ton séjour en terre ivoirienne, pour la première fois que tu as foulé ce sol ?

Effectivement, c’est mon premier déplacement en Côte d’Ivoire. J’avais déjà visité plusieurs pays de la sous-région, mais je n’étais jamais arrivée à Abidjan. Une capitale dont on entendait parler. On nous parlait des plats ivoiriens, de l’aloco, de l’attiéké, etc. C’est un pays qui me faisait énormément rêver pour avoir joué un rôle très capital en tant que carrefour économique, des affaires en Afrique de l’Ouest. Et on se rend compte jusqu’à quel point la Côte d’Ivoire essaye de se redresser malgré la crise qu’elle a connue.

Nouvelles formes de journalisme avec Pierre Romera, Mondoblog Abidjan 2014 © FBI
Nouvelles formes de journalisme avec Pierre Romera, Mondoblog Abidjan 2014 © FBI

En tant que femme, n’as-tu pas peur de blogguer en Mauritanie ?

Photo du journal facebook de Awa Seydou
Photo du journal facebook de Awa Seydou

Non ! Je pense que la Mauritanie évolue, contrairement à plein d’idées reçues et clichés. Je ne dis pas que tout est beau. Beaucoup reste à faire. Mais de plus en plus, les Mauritaniens osent prendre la parole, faire des marches pour dénoncer ce qui ne va pas. Je pense que tout cela contribue à la liberté d’expression. En tout cas, la voix est libre pour donner accès à l’information. Le plus important n’est pas de blogguer. Il n’est pas aussi mauvais de blogguer.

Awa Seydou, avec un appareil photo en mains © Artowa Tsemha-Boulleys
Awa Seydou Traoré, avec un appareil photo en mains © Artowa Tsemha-Boulleys

Mais, c’est de blogguer pour la bonne cause. Il ne s’agit pas de prendre des informations ça et là pour raconter du n’importe quoi. C’est vrai que blogguer consiste à commenter, mais ces commentaires doivent être aussi justifiés, recoupés en quelque sorte comme le ferait un bon journaliste. Parce qu’il y a des informations ou des sujets tellement sensibles qu’il ne faut pas se contenter seulement de dire que c’est beau ou que c’est vilain. Le plus important c’est de pouvoir justifier en quoi notre position peut apporter quelque chose de positif dans la marche du pays. Ce n’est pas de mettre le feu aux poudres. Notre position de blogueur doit servir à quelque chose d’important.

Réalisé par FBI, Abidjan 2014


Journalisme et droits humains, mon expérience en Côte d’Ivoire

Ce titre n’est pas le thème d’un mémoire ! C’est celui que nous avons choisi pour la Conférence de lancement de la première édition du ‘’Prix du jeune journaliste en Haïti’’, organisé par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et ses partenaires, le jeudi 26 mars 2015, à l’auditorium de la Fondation Connaissance Liberté, ou – en créole -, Fondasyon Konesans Ak Libète (FOKAL).

Au micro, pendant la conférence à FOKAL. © BRPC
Au micro, premier à gauche, pendant la conférence à FOKAL. © BRPC

A travers le choix du thème : « Journalisme et droits humains : contexte et pratiques de terrain », on a voulu inspirer les jeunes journalistes de la presse – écrite, parlée et audiovisuelle haïtienne -, prétendants à ce concours de journalisme, dans leurs prochains articles à soumettre (voir le blog: www.prixdujeunejournalistehaiti.wordpress.com).

Ce que j’ai dit à cette rencontre… devant le parterre de personnalité, dont l’ambassadeure du Canada en Haïti, Paula Caldwell St-Onge, le Directeur régional de l’OIF pour la Caraïbe, David Bongard et le Directeur du Bureau Caraïbe de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), Alain Charbonneau.

Plusieurs diplomates et chefs d'Institutions francophones étaient présents à cette conférence. © BRPC
Plusieurs diplomates et chefs d’Institutions francophones étaient présents à cette conférence. © BRPC/BRECAL

Evidemment, je voudrais partager avec vous ce petit moment spécial d’avoir été aux côtés d’éminents intervenants (dont le journaliste, écrivain et historien haïtien Michel Soukar ; Mergenat Exantus, correspondant de l’agence de presse en ligne AlterPresse et Marie Yolène Gilles du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), pour parler de ma pratique journalistique des questions de droits de l’homme en Côte d’Ivoire où l’impunité était le maître mot. Parler d’une expérience dans un pays traversé par des conflits ethniques, où il fallait traiter de ces questions sans s’autocensurer, sans attiser plus la haine entre les communautés, mais tout en étant responsable.

Sans vouloir faire la genèse de la presse ivoirienne, je n’ai pas caché de dire que nous sommes encore à la croisée des chemins. De mes cinq petites années du journalisme de terrain au pays des éléphants, j’ai connu un Avant, un Pendant et un Après (A.P.A) crise post-électorale ivoirienne. Comment être impartiale lorsqu’on pointe ton journal comme étant la voix des gens du nord, d’un parti politique, d’un homme politique ou d’un homme d’affaire ?

Un nom nordiste à problème !

Pour moi, tout à commencer avec la difficulté que le nom à l’état civil posait. Pendant mon apprentissage de presque deux ans sur le tas, je n’ai jamais signé un article avec mon vrai nom, ni l’un de mes prénoms. Tout simplement parce que nous étions sous le magistère de l’ex-président Laurent Gbagbo et l’organe de presse dans lequel je travaillais (objectivement critique vis-à-vis du pouvoir, le journal) était vu comme un support à la solde de ce parti de l’opposition d’alors dirigé par un nordiste, Alassane Ouattara.

Sous cet angle, je ne pouvais donc pas intégrer un journal déjà étiqueté par le pouvoir en place comme un ‘’média nordiste’’ et signé des articles avec un « nom nordiste ». Quoi de plus normal ! Etant donné que ce journal, qui faisait plus d’investigation, de par sa ligne éditorial, se voulait « ni neutre, ni partisane, ni proche de celui-ci… encore moins de celui-là », où toutes les composantes de la société avaient droit à la parole.

En tenue traditionnelle pour montrer d'où je viens. Chose qui symbolise bien le nord de chez moi. © BRPC
En tenue traditionnelle pour montrer d’où je viens. Chose qui symbolise bien le nord de chez moi. © BRPC/BRECAL

Ne voulant donc pas être un réceptacle (dans la forme) de journaliste nordiste (d’autant qu’il y en avait déjà), et s’attirer une furia, j’ai été obligé de me trouver un nom d’emprunt venant de l’ouest (que je devais obligatoirement aimer) pour pouvoir commencer ce métier doux-amer. A partir de ce moment, j’ai compris qu’on ne me reconnaîtrait plus (mes amis, ma famille, mes parents) à travers mes écrits, qui rentraient définitivement dans les archives, sous ce pseudo. D’ailleurs, j’ai dû essuyer des saillies à des endroits lorsque je disais que je m’appelais « Dacoury Vincent1».

Sous les feux de la rampe !

Et pendant ce temps, les journalistes broient du noir dans la plus part des rédactions. En plus, la dépénalisation des délits de presse n’était pas une réalité sous « la refondation » (slogan du défunt régime). Les interpellations des journalistes étaient monnaie courante devant les autorités policières et judiciaires. Je me souviens de l’arrestation de 3 journalistes de « Le nouveau courrier », le 13 juillet 2010 à Abidjan, par le procureur de la République, les accusant de « vols de documents administratifs » parce qu’ils avaient fait des révélations dans une affaire de ‘’détournements dans la filière café-cacao’’. On a vu ces journalistes passer des nuits à la police criminelle, parce qu’ils refusaient de révéler leur source. Je ne reviendrai pas sur l’assassinat du journaliste de Radio France Internationale (RFI), Jean Hélène. L’homme âgé de 50 ans, a été abattu d’une balle de kalachnikov dans la tête le 21 octobre 2003 à Abidjan (Côte d’Ivoire) par un policier. Je ne reviendrais pas également sur la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, le 16 avril 2004 à Abidjan (Côte d’Ivoire), alors qu’il enquêtait sur la même filière café-cacao2.

Bref, tout ça était une vraie et longue tragédie dans mon pays avant qu’on ne tombe dans les élections présidentielle de 2010, sensée sortir la Côte d’Ivoire de sa longue crise. Que non ! C’est à ce moment que le pire va s’installer dans les cœurs. Entre les gens du nord et ceux du sud… la situation s’est plus détériorée.

Alassane Ouattara à son QG de campagne, après les élections en décembre 2010. © Reuters
Alassane Ouattara à son QG de campagne, après les élections en décembre 2010. © Reuters

Moins d’un moins après le scrutin du 28 novembre 2010, qui s’est soldé par la victoire du candidat de la coalition de 5 partis politiques de l’opposition ivoirienne (le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix: RHDP), le pays est à feu et à sang. Pourquoi ? Parce que le candidat président sortant, déclaré perdant dans les urnes, Laurent Gbagbo, refuse de quitter le pouvoir. La tension monte et monte. Il n’est plus aisé de circuler dans les rues de la capitale, Abidjan. Nous journalistes, de surcroît, taxés d’être à la solde de la coalition de partis de l’opposition qui vient de gagner les élections, ne sommes plus libres de nos mouvements. Le seul endroit où nous pouvions aller et travailler dans la tranquillité était le Golf Hôtel, appelé autrefois « la plus petite République du monde ». Puisque c’est dans ce carré que le vainqueur des élections était logé en plus d’être avec sa famille politique et tous ceux qui se reconnaissaient en lui, à ce QG de campagne des élections de 2010.

C’était donc dans cet hôtel que l’information se trouvait. Or, n’entrait pas qui voulait sur ce territoire où la nourriture était héliporté, même le transport des journalistes de la presse nationale et internationale était assuré par l’Opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). Lorsque le 12 mars 2011, le Colonel-major à la retraite Dosso Adama, l’ex-pilote du président fondateur de la Côte d’Ivoire et époux de la directrice de l’Institut pasteur de Côte d’Ivoire, de retour d’une visite au Golf Hôtel, s’aventure au check-point, l’homme est automatiquement enlevé par une garde prétorienne. Son corps sera retrouvé plus tard dans la brousse de l’autoroute du nord (j’étais au procès lorsque le criminel a dit vertement qu’il l’a tiré à bout portant une balle dans la tête).

L’omerta sur les cas de violations !

A ce moment précis de la crise, c’était l’omerta sur les cas de violations des droits de l’Homme. On n’avait pas le choix… je résume:‘’Si tu ne veux pas assister à une descente musclée d’une certaine soldatesque dans tes locaux, tu avais au moins le droit de garder le silence. Sinon, tout ce que tu dirais serait retenu contre toi…’’ Des arrestations arbitraires aux enlèvements nocturnes en passant par les guérillas urbaines, c’est ce à quoi on assistait de jour comme de nuit. Les journalistes ou organes de presse qui osaient mettre en lumière ces violations perpétrées par les hommes encagoulés du régime, qui refusaient de mourir de sa belle mort, étaient traqués jusque dans leur dernier retranchement.

Il ne faisait pas bon vivre à Abidjan pendant la crise post-électorale. © Reuters
Il ne faisait pas bon vivre à Abidjan pendant la crise post-électorale. © Reuters

Pour preuve, dans l’organe de presse dans lequel je travaillais, on était face à de nombreuses menaces de mort jusqu’à ce que nous arrivions un matin trouvé les marchands de la mort à proximité de nos locaux. Ce jour, je ne vous en dirais pas plus. Mais sachez que du patron au planton, chacun a pris ses jambes à son cou. Depuis, nous étions constamment obligés de changer de logis, squatter des appartements pour pouvoir travailler, faire en sorte que le journal papier puisse paraître chaque jour.

Mais quand la quand la crise a atteint son paroxysme, toutes les rédactions de presse ont mis la clé sous le paillasson. Des jeunes, soi-disant « patriotes », armés jusqu’aux dents par le pouvoir Gbagbo, ont reçu mandat d’installer des postes de contrôle dans tous les carrefours, dans les quartiers et dans la plupart des communes qu’ils pouvaient. Ils fouillaient tous les passant, surtout les ‘’politiquement incorrectes’’, les nordistes (identifiable par leur nom et les tenues vestimentaires parfois) avaient moins de chance. Beaucoup ont subi le tristement célèbre « article 125 » (pétrole 100 francs CFA + allumettes 25 francs CFA). Les plus chanceux étaient passés à tabac et laissés pour mort.

J’ai changé de fusil d’épaule !

Bref, à cette période, il n’y avait plus de journalistes dans les rues. Surtout que la Société de distribution de toute la presse ivoirienne (Edipresse) a été incendiée. Ceux qui n’avaient pas quitté Abidjan ou la Côte d’Ivoire étaient cloitrés chez eux pour écouter les bruits des canons, des armes lourdes, des lances roquettes et des pistolets.

C’est à ce moment que j’ai véritablement changé de fusil d’épaule, en faisant mon entrée sur médias sociaux, notamment sur Skype, Facebook et le Blog. Toutes les informations que je recevais étaient immédiatement relayées sur ces réseaux après recoupement. Et le plus souvent, il s’agissait d’alerter sur les positions des hommes en armes qui attaquaient souvent des populations et des personnes qui faisaient face à des cas de catastrophe sanitaires et des problèmes de nourriture (toutes les boutiques, les magasins et autres commerces avaient baissé le rideau). En plus, le pays venait aussi d’être frappé par un embargo de l’Union européenne. Le port d’Abidjan fonctionnait à sec…

Abidjan, quelques jours avant l'arrestation de Laurent Gbagbo, en avril 2011. © REUTERS
Abidjan, quelques jours avant l’arrestation de Laurent Gbagbo, en avril 2011. © REUTERS

Après la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, on commence à retrouver nos esprits. La situation se normalise petit à petit, lorsque le président démocratiquement élu, Alassane Ouattara, prend les rênes du pouvoir. Il adresse un message fort au peuple ivoirien et envoie un signal fort au monde entier en criant la fin de l’impunité en Côte d’Ivoire.

Effectivement, depuis l’élection du président Ouattara, beaucoup de partisans de l’ancien régime, ‘’politiquement incorrecte’’, ont été arrêtés. Sans rappeler que la cheville ouvrière de la crise ivoirienne, notamment Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo et Charles Blé Goudé, contre qui des mandats de la Cour pénale internationale (CPI) planaient depuis leurs implications dans la crise post-électorale, ont été transférés à l’exception de l’ex-première dame.
En tout état de cause, lorsque que les journalistes ont repris le chemin des rédactions, après cette crise sanglante qui a fait officiellement 3000 morts, on a constamment été à la justice pour des « procès relatifs à la crise post-électorale ».

À la croisée des chemins…

Cela dit, peut-on dire aujourd’hui que l’impunité a vraiment pris fin en Côte d’Ivoire ? Lorsqu’on entend crier de gauche à droite qu’il y a une « justice des vainqueurs » – même s’il n’y a pas de justice des vaincus – , parce que ce sont les proches de Laurent Gbagbo qui croulent dans les prisons ; lorsque que des journalistes continuent d’être menacés, pendant que d’autres sont tués, à l’exemple de Désiré Gnonsio Ouésans, sans que les enquêtes ne nous révèlent la vérité ; pendant que des personnes subissent l’harcèlement des hommes en treillis, sont l’objet d’intimidations, avec les règlements de compte? je ne peux pas dire oui… (même si je ne doute pas de la volonté de l’actuel président) !

Une représentation de quelques titres de la presse ivoirienne. © DR
Une représentation de quelques titres de la presse ivoirienne. © DR

Aussi, doit-on dire que la presse est maintenant indépendante en Côte d’Ivoire ? Je ne peux pas dire oui, parce que les médias sont toujours sous le contrôle d’un tel pouvoir ou d’un tiers qui donne les orientations. Même ceux qui essayent d’être indépendant savent qu’ils ont besoin d’être quelque part pour montrer son existence au risque de disparaître sans l’appui du sponsor.

Alors, si ton tabloïde n’est pas indépendant, est-il possible pour toi le journaliste de révéler des malversations financières courantes dans des ministères ou relater des cas de violations graves des droits humains commises par des proches du pouvoir, qui peuvent ternir l’image de ton organe à la Présidence, pendant que ton patron attendait la « subvention du Gouvernement » pour pouvoir te payer?
Voyez à quel point le métier est dur en Côte d’Ivoire. Je ne doute pas du sens de l’objectivité des journalistes, mais peuvent-ils exercer le métier dans les règles de l’art, dans un environnement ‘’sain’’, sans s’attirer la foudre des gourous ?

L'Etat a accordé octroyé 800 millions de FCFA à 25 entreprises de presse au titre de six mois de subvention en 2015. © AbidjanNet
L’Etat a accordé octroyé 800 millions de FCFA à 25 entreprises de presse au titre de six mois de subvention en 2015. © AbidjanNet

C’est vrai que depuis ces derniers temps, les conditions du journaliste s’améliorent de mieux en mieux, avec la mise en place d’une certaine politique. Le Conseil National de la presse (CNP), l’autorité de régulation de la presse écrite3 fait de son mieux pour que les choses changent en Côte d’Ivoire avec l’application de la Convention collective par les patrons de presse. Même si les choses avancent cahin-caha. Surtout avec la ‘’confiscation’’ de l’espace audiovisuel avec seulement deux chaînes de télévision nationale pour une population d’environ 25 millions d’habitants.

Mais pour moi, c’est clair… S’il est vrai que les médias sont comme un miroir et que le rôle du journaliste est de renvoyer à la société ce qu’il voit, la vérité, et que vous n’avez pas encore pris votre carte de journaliste indépendant, commencez à créer votre blog pour marquer la rupture… avec certaines lignes éditoriales ! Dans le cas contraire, vous pouvez continuer de faire de la COM, servir les hommes politiques, les hommes d’affaires. Et quittez…

FBI

1 : Après la crise post-électorale, quand j’ai changé de rédaction, j’ai abandonné la signature Dacoury Vincent. Mon nouveau pseudo (FBI) était plus original, puisque ce sont les initiales de mon nom et prénoms (Fofana Baba Idriss) à l’état civil.
2 : La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de Cacao, même si le chocolat reste une denrée rare dans le pays, à cause du prix dans les boutiques.
3 : Pour la presse écrite en Côte d’Ivoire, il faut compter environ une soixantaine de titres, toutes categories confondues (quotidien, hebdo, magazine), même si c’est une quinzaine qu’on voit dans les kiosques.

Visuels réalisés pour la conférence et le Concours de journalisme. © FBI & FOKAL
Visuels réalisés pour la conférence et le Concours de journalisme. © FBI & FOKAL


4 ans après, toujours pas de mémorial des 3000 morts de la crise ivoirienne

11 avril 2011-11 avril 2015, il y a quatre ans, jour pour jour, nous étions sous le feu des balles assassines en Côte d’Ivoire. Une crise post-électorale née du refus de l’ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite dans les urnes au soir du 28 novembre 2010. Résultats : 3000 morts de part et d’autre…

Je ne reviendrai pas sur ma souffrance vécue – en tant que citoyen, journaliste, ‘’activiste’’ sur les medias sociaux – pendant ces moments de guerre fratricide qui ont mis la Côte d’Ivoire en lambeau et à genoux. Du plus simple des violations des droits humains… à la plus grave des violations du Droit internationale humanitaire (DIH). Ceux qui n’ont pas fui savent de quoi je parle. Mais, je me souviens des personnes tombées sous les balles des tueurs.

Officiellement, on nous a annoncé 3000 morts dans les deux camps qui se faisaient face. Des gens étaient chez eux, des balles perdues venaient mettre fin à leur vie. Des femmes étaient au marché, des obus venaient les exterminées etc. Bref, c’était la déchéance, l’horreur était à son comble.

Quatre ans après, les Ivoiriens essayent de tourner l’une des plus sombre page de leur histoire. Avec la mise en place de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) beaucoup a été fait. Mais le plus dur reste à faire. Des cadavres sont encore dans des fosses communes…

En attendant, je demande qu’on se souvienne de nos morts. Même si nous ne pouvons pas les ressusciter. S’il est vrai que « les morts ne sont pas morts », nous avons l’obligation de construire un mémorial pour ces 3000 morts de la crise post-électorale de 2010 en Côte d’Ivoire. C’est un devoir de mémoire !

Kigali genocide memorial centre. © Weblizar thrillingafrica.com
Kigali genocide memorial centre. © Weblizar thrillingafrica.com

A l’image du « Kigali Genocide Memorial », à travers lequel les rwandais ont dit «plus jamais ça au Rwanda», faisons en sorte que les Ivoiriens disent aussi « plus jamais en Côte d’Ivoire ».

Je sais que la dernière phase du processus de réconciliation est le ‘’Mémorial’’, pour la constitution d’un symbole de la mémoire collective des Ivoiriens. Ce mémorial doit nous permettre, ainsi qu’à nos enfants, de savoir ce qui s’est réellement passé à un moment donné dans ce pays phare de l’Afrique francophone. Nous devons toujours avoir en mémoire que c’est suite à une élection présidentielle que nous nous sommes entre-tués. Et prendre conscience des actes que nous allons poser dans le présent comme dans le futur.

Car, nous voici encore à la veille d’une élection présidentielle, celle d’octobre 2015. Qui a envie qu’elle se transforme en une autre crise post-électorale en 2016 ? En tout cas, je ne suis pas partisan de cette thèse.

De grâce, comme le souligne la CDVR, « sortons du sentiment d’appartenance ethnique et communautaire pour déterminer un nouveau mode de coexistence pacifique fondé sur le développement de la démocratie et de l’esprit citoyen en Côte d’Ivoire ».

FBI


Zoom sur la ‘’Quinzaine de la Francophonie’’ en Haïti

900 millions de femmes et d’hommes de l’espace francophone sont en fête ! Pour cause, chaque année, à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, célébrée le 20 mars, tous les pays francophones du monde (80 Etats membres et Gouvernements dont 23 observateurs) organisent des activités à leurs convenances : vous entendez certainement ‘’semaine de la francophonie’’ ou de la ‘’langue française’’ selon le lieu où vous vous trouvez (voir 20mars.francophonie.org).

Le mot de la SG, Michaëlle Jean

Oui, la particularité de cette fête n’est rien d’autre pour nous francophone, que de célébrer notre bien commun : la langue française. Mais surtout, il s’agit pour nous d’exprimer, de part et d’autre, notre solidarité et notre désir de vivre ensemble, dans nos différences et diversités. Bref, nous allons partager les vraies valeurs de la Francophonie. D’ailleurs, la Secrétaire générale, Madame Michaëlle Jean, le dit si bien dans son message du 20 mars 2015:

«(…) Car ce que nous fêtons à l’occasion de la Journée du 20 mars, ce n’est pas seulement le partage d’une langue. Ce que nous fêtons, ce sont les missions, les valeurs et les revendications dont nous avons investi cette langue, année après année, à travers la Francophonie. Ce que nous fêtons, c’est notre obstination à dire NON, en paroles et en actions, à l’inacceptable et à l’intolérable, au nom de la dignité de la personne humaine, de la liberté, de l’égalité. Ce que nous fêtons, c’est aussi cette conviction que rien ne peut se construire dans la violence, que rien ne peut se construire dans le rejet ou la haine de l’autre, que rien ne peut se construire dans l’indifférence ou l’égoïsme, que rien ne peut se construire sans l’engagement de toutes les citoyennes et tous les citoyens, sans l’engagement des entrepreneurs, des créateurs, des organisations de la société civile, sans la participation effective, aussi, de la jeunesse, et de cette moitié de l’humanité que constituent les femmes. Ce que nous fêtons, c’est enfin notre volonté, par-delà nos différences, de vivre ensemble et de faire société ensemble, c’est notre volonté d’assumer, ensemble, notre destin commun, de préserver, ensemble, les biens communs de l’humanité, de gérer, ensemble, notre planète commune, de construire, ensemble, notre avenir commun (…). »

Tout est bouclé !

Et cette année, à l’instar des autres pays (sur les cinq continents), nous célébrons la ‘’Quinzaine de la Francophonie’’ en Haïti – du 20 mars au 05 avril – avec un caractère national. Ce, autour du thème : « Jeunesse, Femme et Environnement ». Même si le thème officielle retenue par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est bien : « Jeune, Environnement et climat » avec pour sous thème « J’ai à cœur ma planète ».

Un livret a été conçu pour répertorier toutes les activités de la « Quinzaine de la Francophonie ». Photo: FBI

C’est donc l’aboutissement de plusieurs semaines de préparation, sous la houlette du Ministère des Affaires Etrangères et des Cultes de la République d’Haïti. À travers des réunions intersectorielles, la Direction des Institutions internationales, Congrès et Conférences de la Chancellerie a travaillé d’arrache-pied avec Le Bureau régional de l’OIF pour les Pays de la Caraïbe (BRPC), les Ambassades de France, de la Suisse, du Canada, le Bureau Caraïbe de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), l’Institut français d’Haïti (IFH), le Ministère de la Condition féminine et aux Droits des femmes (MCFDF), le Ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), le Ministère de la Culture, la Direction nationale du livre (DNL) et le Bureau national d’ethnologie (BNE), qu’un chronogramme d’activité a été retenu.

Il faut dire que c’est le mercredi 18 mars 2015, à travers une conférence de presse, que la ‘’Quinzaine de la Francophonie’’ a été lancée en Haïti, au Ministère de la Culture. Et le 20 mars, jour-j de la Francophonie, nous aurons droit à une soirée de gala. Elle verra la participation de tous les secteurs, notamment, Institutions, organisations, structures francophones impliquées dans les festivités de la ‘’Quinzaine’’.

A cette occasion du gala, deux personnalités (des femmes) seront décorées pour leur engagement en faveur de la francophonie. La personnalité étrangère à décorer sera Mme Nathalie POUCHIN, Directrice de l’Alliance Française du Cap-Haitien et du Réseau des Alliances françaises d’Haïti. Mme Nirva Jacqueline JEAN JACQUES, Professeure à l’Ecole Normale Supérieure de l’Université d’Etat d’Haïti, sera la personnalité Haïtienne à décorer.

Représentant le ministre des Affaires Etrangères, c'est le ministre haitien de la défense, Lener Renauld, qui a lancé la "Quinzaine de la Francophonie".
Représentant le ministre des Affaires Etrangères, c’est le ministre haitien de la défense, Lener Renauld, qui a lancé la « Quinzaine de la Francophonie ».

Mais avant, chaque acteur de la ‘’Quinzaine de la Francophonie’’ a dévoilé ses activités lors de la Conférence de presse du 18 mars. Bien entendu, en ce qui nous concerne, le Bureau régional de l’OIF pour les Pays de la Caraïbe (BRPC), a plusieurs activités (mon intervention sur Radio Télé Africa):

D’ailleurs, en prélude à cette ‘’Quinzaine’’, nous avons organisé un concert en partenariat avec l’IFH avec l’artiste Wooly Saint Louis Jean qui a rendu « hommage aux grands classiques français » le 12 mars dernier. Un spectacle riche en couleur et en son qui a drainé du beau monde à l’Institut français d’Haïti (IFH).

Pour la suite, nous avons eu dans l’après-midi du mercredi 18 mars comme activité : l’inauguration du nouveau dispositif de « Ciné Lari A » (Cinéma itinérant en plein air se déplaçant aussi bien dans la capitale qu’en provinces) en partenariat avec l’Ambassade de Suisse et bien d’autres organisations.

À partir du vendredi 20 mars et ce jusqu’au samedi 28 mars, nous avons la 6ème édition du Festival interculturel de contes « KONT ANBA TONEL » avec l’Association « Foudizè Théâtre ».

Le samedi 21 mars, à travers la campagne : « J’ai à cœur ma planète », il y aura une « Journée festive et éducative autour de l’environnement en faveur de la jeunesse haïtienne ».
Inauguration nvo dispositif -Ciné Lari A-Haiti 2015
Pour le jeudi 24 mars, nous avons une rencontre sur « Quel volontariat pour le 21ème siècle ? – Le contexte haïtien », à l’Institut d’Études et de Recherches Africaines d’Haïti (IERAH), conjointement organisée avec le Bureau Caraïbe de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), en partenariat avec le programme Volontaires des Nations unies (VNU) en Haïti, Frances Volontaires (FV) en Haïti, la Coalition haïtienne des volontaires (COHAIV) et l’Université d’Etat d’Haïti (UEH).

Ensuite, le jeudi 26 mars, nous procédons au lancement de la première édition du « Prix du jeune journaliste en Haïti », ce à la suite d’une conférence sur « Journalisme et droits humains : contexte et pratiques de terrain » avec comme invités :

Michel Soukar, Journaliste, historien et romancier en Haïti;
Mergenat Exalus, Correspondant d’AlterPresse aux Gonaïves (Haïti) ;
Baba Idriss Fofana, Journaliste et blogueur de la Côte d’Ivoire ;
Rosy K. Auguste, Assistante responsable de programmes au Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) en Haïti.

Ces derniers vont débattre sur plusieurs sous-thèmes, à savoir :
« Quel impact l’impunité a-t-elle sur la couverture des questions de droits humains par les journalistes ? Comment trouver les informations ? Avec qui collaborer ? Quelle est la responsabilité sociale d’un journaliste dans la couverture de ces questions ? Ces interrogations, parmi d’autres, orienteront la discussion de cette conférence et seront utiles aux jeunes journalistes intéressés à soumettre leur travail à ce concours. »

Enfin, la dernière activité du Bureau OIF Caraïbe sera l’organisation d’une table ronde le samedi 28 mars 2015, sur « Blogosphère et la liberté d’expression » et un atelier d’«initiation au blogging », en partenariat avec le Centre Pen-Haïti (CPH).
Ce sera, sans doute, l’occasion de la mise en place d’une structure haïtienne de « Blogueurs responsables« .
Comme vous pouvez le constater, c’est sûr que la fête des francophones sera belle en Haïti.

FBI


La SG de la Francophonie invite les jeunes aux débats sur le climat

Si la Secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, à quelque chose à cœur, depuis sa prise de fonction le 05 janvier 2015, c’est d’encourager les jeunes à s’investir pleinement sur la scène internationale afin d’apporter leur contribution aux discussions sur les enjeux mondiaux.

Madame Michaëlle Jean veut construire l'avenir de la Francophonie avec les jeunes. © michaellejean.ca
Madame Michaëlle Jean veut construire l’avenir de la Francophonie avec les jeunes. © michaellejean.ca

Et la première occasion qui s’offre à elle, c’est la 21ème Session de la Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, dénommée, (CdP21). Avant ce rendez-vous planétaire sur le climat qui aura lieu du 30 novembre au 15 décembre 2015, à Paris (France), Michaëlle Jean, à décider d’inviter la jeunesse francophone à se prononcer sur le thème « J’ai à cœur ma planète ». D’abord, en participant à une grande consultation sur le développement durable dans la perspective du CdP21 pour faire connaitre leurs points de vue, leurs constats, leurs préoccupations sur l’avenir de notre planète. Ainsi, à l’occasion du 20 mars (Journée internationale de la Francophonie), la Secrétaire générale de la Francophonie dévoilera les messages clefs qui émaneront des jeunes, les premiers résultats de cette mobilisation de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques.

Mais pourquoi une telle consultation ?
https://youtu.be/8nBQSKIutT4
Disons le clairement. Notre planète est en ébullition. Nous sommes en proie à toutes sortes de menaces, du genre catastrophes humanitaires. Du nord au sud, aucun pays, aucune race n’est à l’abri du changement climatique. Qui n’a pas constaté les perturbations de saison dans sa zone ?

Et pourtant, ce n’est ni la méchanceté de l’autre. Nous sommes victimes de nos propres modes de vies et nos consommations quotidiennes, qui émettent de grandes quantités de Gaz à effet de serre (GES). Oui, parce que nous jetons des ordures par ici, déposons des déchets par là. On assiste à la des destructions de nos forêts, de la faune, de la flore. Et après, on n’a plus d’eau, de sol cultivable : bonjour la famine, les maladies, la mort.

Evolution des températures et de la concentration en CO₂ depuis l'an 1000 (Source : GIEC)
Evolution des températures et de la concentration en CO₂ depuis l’an 1000
(Source : GIEC)

Voyez-vous à quel point l’aggravation de cet effet de serre joue un rôle de premier plan dans le changement climatique ? Chacun de nous doit en être conscient : nous devons diminuer dès aujourd’hui nos émissions de gaz à effet de serre pour notre survie. Pourquoi nous les jeunes devons prendre conscience ?

Nous ne sommes pas sans ignorer que plus d’un milliard de personnes vivant sur la planète sont des jeunes. Et les 15 à 29 ans représentent le quart de la population mondiale. Parmi ceux-ci, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dénombre à ce jour plus de 245 millions de jeunes dans l’espace francophone. En plus, à en croire l’Institution, les prévisions nous disent que la population des jeunes francophone de l’Afrique subsaharienne sera multiplié par quatre d’ici 2050, en passant de 84 millions à environ 276 millions de jeunes. Vous imaginez ce futur ?

logo pour Consultation de la jeunesse francophone sur le climat. © OIF
logo pour Consultation de la jeunesse francophone sur le climat. © OIF

Si nous convenons que nous sommes l’avenir, ‘’nous devons avoir à cœur notre planète’’ en la préservant pour notre futur, pour nos progénitures. Nous ne devons pas être partisans de la destruction de notre environnement, de notre écosystème, de ce bas monde parce que nous avons une autre vie heureuse à vivre.

En Afrique, on a coutume de dire que lorsqu’un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Mais si nous les jeunes, laissons tout brûler, tout détruire autour de nous, nous n’aurons plus d’eau, plus de forêt. Ce sont les ‘’bibliothèques’’ qui vont vivre sans les jeunes.

La COP21 sera organisée à Paris, sur le site Paris-le Bourget qui présente sur le plan logistique la meilleure capacité d’accueil et d’accessibilité pour les délégations officielles, la société civile et les médias. © diplomatie.gouv.fr
La COP21 sera organisée à Paris, sur le site Paris-le Bourget qui présente sur le plan logistique la meilleure capacité d’accueil et d’accessibilité pour les délégations officielles, la société civile et les médias. © diplomatie.gouv.fr

C’est pourquoi, j’invite mes amis, mes frères et sœurs, les jeunes francophones à s’inviter à cœur joie à la campagne « j’ai à cœur ma planète », en allant sur le site https://jeunesse.francophonie.org/actualite-jeunesse/vous-avez-coeur-la-planete-participez-la-consultation-en-ligne-sur-le-climat, pour faire entendre sa voix, partager les solutions innovantes devant permettre aux pays francophones vulnérables de s’adapter aux impacts négatifs attendus des changements climatiques et œuvrer pour la réduction des émissions des Gaz à effet de serre (GES).

Car, l’objectif de cette consultation initiée par la SG de la Francophonie, Michaëlle Jean, est de recueillir l’avis de la jeunesse francophone afin de produire une déclaration de haut niveau qui sera diffusée au sein des réseaux et durant la CdP21.

Et au dire de l’OIF, toute organisation ayant fait preuve d’un engagement et d’une expertise remarquable pourra être invitée à la Conférence de la jeunesse qui se tiendra en amont de la conférence internationale sur le climat à Paris. Le mot est lâché !

FBI


«1 Ivoirien, 1 ordinateur + 1 connexion internet» à quel prix monsieur le président?

Laissez-moi dire ! Au-delà des fracas médiatiques, du séduisantissime des Ivoiriens à travers le projet présidentiel : « un citoyen, un ordinateur + une connexion internet », au finish on n’a rien compris… mais on nous a emballé !

Actuellement, en 2015, le pays des Eléphants serait à la 120ème place sur 144 pays en termes de maturité numérique. Et dans cinq ans, selon notre PRADO (Président Alassane Dramane Ouattara), la Côte d’Ivoire sera un pays émergent. Pour y parvenir, des sachant croient savoir que le secteur des TIC (Technologie de l’information et de la communication) sera l’un des meilleurs créneaux. Vrai ou faux ?

En tout cas, le PRADO ne croyait pas si bien dire : « selon diverses études réalisées par l’Union Internationale des Télécommunications et la Banque Mondiale, pour un pays comme la Côte d’Ivoire où le nombre d’abonné à la téléphonie mobile est passé de 16 millions en 2010 à 21 millions en 2015, une progression de 10% du nombre de personnes ayant accès à internet haut débit peut générer un accroissement du Produit intérieur brut (Pib) de 1 à 1,4 points par an ».

Image de l'Agence nationale du service universel des télécommunications-Tic (Ansut)©
Image de l’Agence nationale du service universel des télécommunications-Tic (Ansut)©

Malheureusement, l’Ivoirien moyen n’a pas les moyens de se nourrir convenablement (trois fois par jour), à fortiori s’acheter « un ordinateur plus une connexion internet ».

Lors de mon passage en 2013 au Campus 2 de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (UAO) qui n’était pas encore connecté à internet, pour l’Université d’été Bouaké E-school time (BEST13), organisée par l’agence E-voir, Je n’ai pas été surpris d’entendre un étudiant de 3ème année dire : « Je préfère utiliser mes 200 francs Cfa (0,30 €) au resto que d’acheter une heure de connexion internet ». Le Blogueur Florent Youzan, spécialité en ‘’Logiciels Libres’’, peut témoigner de cela.

Tout simplement je voudrais souligner que les chiffres parlent, mais la réalité du terrain saute aux yeux. Avec le chômage grandissant, les couches défavorisées qui parviennent à se connecter (avec 4 Gigas de données à 15.000* francs Cfa), sont obligées de vivre du jour au lendemain dans la faim. Chose qui a en quelque sorte encouragé le phénomène de cybercriminalité ou le ‘’broutage’’, qui a pignon sur rue aujourd’hui en Côte d’Ivoire.

Offre promotionnelle d'un opérateur de téléphonie mobile en Côte d'Ivoire.
Offre promotionnelle d’un opérateur de téléphonie mobile en Côte d’Ivoire.

C’est fort de tout cela que l’actuel président ivoirien, Alassane Ouattara, a reveillé son ‘’vieux projet’’ de campagne 2010 au moment où l’on s’achemine vers la campagne présidentielle de 2015. Quatre ans après son accession au pouvoir d’Etat, il a pris son courage à deux mains, le jeudi 19 février 2015, pour procéder au lancement officiel du projet : « un citoyen, un ordinateur + une connexion internet ». Ceci devrait, selon le gouvernement ivoirien, permettre à environ 500.000 familles de bénéficier de kits micro-ordinateurs avec accès à internet, avec la construction d’un réseau national en ‘’fibre optique’’ d’ici juillet 2015.

Comme d’habitude sous les tropiques, la cérémonie s’est déroulée sous les grands projecteurs de la Nation. On a même eu droit aux ‘’messages de propagande’’ des plus fanatiques sur les réseaux sociaux. Tellement l’affaire faisait grand bruit que j’ai sursauté de mon lit pensant qu’on distribuait gratuitement à « un ivoirien, un ordinateur + une connexion internet ». Or, j’étais en brousse.

Lors du lancement du projet "un citoyen, un ordinateur + une connexion internet", le jeudi 19 février 2015, à l'hôtel Ivoire. ©PRCI
Lors du lancement du projet « un citoyen, un ordinateur + une connexion internet », le jeudi 19 février 2015, à l’hôtel Ivoire. ©PRCI

En vérité, le PRADO, connu pour ses largesses par certains, appelé encore l’enfant prodigue par d’autres, qui donne sans compter, ne fera pas d’offrande cette fois-ci. C’est plutôt un ‘’commerce gouvernemental’’ qui sera développé à travers son projet, « un citoyen, un ordinateur + connexion internet ». Comme dirait l’autre. « Ce sont les mêmes qui vont s’enrichir encore ». Les intéresser et non les paupérisés vont devoir acheter le ‘’package’’ à des prix réduits, dit-on, de 20 à 48%, à des points de vente dédiés, variant entre 168.000* à 249.000* francs Cfa TTC pour les ordinateurs et de 50.000* à 196.000* francs Cfa pour les Tablettes.

Sincèrement. A ces prix-là, ce ne sont pas les « 49% de pauvres » (en Côte d’Ivoire) qui feront plaisir au PRADO en achetant ses ordinateurs. A l’heure où « l’argent ne circule pas dans les ménages, parce qu’il travaille pour l’émergence », des éclairés ont compris le projet « un citoyen, un ordinateur + une connexion internet » comme un ‘’concept gouvernemental’’. Ceux qui ont vite fait de sauter devraient déchanter, parce que le père Noël ne leur offrira pas ça, cadeau.

Chers frères et sœurs. Ce que vous ne savez pas, c’est que le Gouvernement se voit dans « l’obligation d’accorder la priorité à la sécurité des biens et des personnes, aux services de base que sont l’accès à l’eau potable, à l’électricité, à la santé, à l’éducation, aux infrastructures routières ». Oui, parce que c’est à ce ‘’coup’’ que notre PRADO pourra éviter la ‘’bombe sociale’’.

Attendez ! Et si on nous donnait du boulot, des ordinateurs gratuitement à l’école, dans les universités, au travail, au marché, au champ, au village en 2020, quand on sera émergent, quant l’argent va circuler à nouveau… Qu’en pensez-vous ?

FBI

*1 euro = 655 francs Cfa en Côte d’Ivoire
*1 dollar = 500 francs Cfa en Côte d’Ivoire


Rapts d’enfants en Côte d’Ivoire, ce que vous ne savez pas !

Des érudits aux abrutis. Chacun y va de ses analyses et de ses commentaires sur le phénomène d’enlèvements d’enfants en Côte d’Ivoire. Sur les réseaux sociaux, certains n’hésitent pas à faire des propositions, même biscornues, pour contrer la nouvelle ancienne gangrène qui fait rage aux pays des Éléphants. De quoi s’agit-il?

A la date du 30 janvier 2015, selon la police ivoirienne, en moins de deux mois, « 25 enfants ont été enlevés et tués dans le pays, dont cinq corps retrouvés mutilés ». A plus de 10.000 kilomètres de la Côte d’Ivoire, je me demandais bien ce qui se passe dans mon pays, quel est ce #BokoHaram qui menace ma Côte d’Ivoire ? Suivez mon regard…

Crime de sang !

Dans ma vadrouille sur facebook, où l’affaire défraie la chronique, me voilà sur une publication d’un patron de presse. Se prononçant sur le tristement célèbre phénomène d’enlèvements d’enfants, le directeur général de Fraternité Matin, Venance Konan, souligne en titre de son post : « sacrifices pour la fortune ».

Des écoliers ivoiriens, dans le viseur des tueurs. Ph: Dr
Des écoliers ivoiriens, dans le viseur des tueurs. Ph: Dr

S’interrogeant de savoir « Pourquoi ces rapts et ces horribles meurtres ? », le Dg de ‘’Fratmat’’ répond en terme : « Parce qu’en cette année 2015, dans ce pays qui aspire à l’émergence économique, dans ce pays où le plus humble parmi les humbles dispose d’un téléphone portable, il existe encore des personnes qui sont convaincues que pour acquérir la fortune ou la puissance, il faut procéder à des sacrifices humains. On avait cru que ce genre de pratiques relevait d’un passé lointain, d’un temps que peu d’entre nous ont connu, celui où nous vivions dans l’obscurité et dans l’obscurantisme. L’obscurité a sans doute reculé dans nos villes et dans bon nombre de nos contrées, mais hélas pas encore l’obscurantisme avec tous ses ravages ».

Soumaïla-Bakayoko-Docteur-en-criminologie-et-enseignant-chercheur à l'université de Cocody. Ph: DR
Soumaïla-Bakayoko-Docteur-en-criminologie-et-enseignant-chercheur à l’université de Cocody. Ph: DR

Tout comme le patron du journal gouvernemental ivoirien, Soumaïla Bakayoko, docteur en criminologie, qui s’est confié à « gbich.com » révèle que « les enfants sont les plus touchés par le phénomène, parce que c’est le corps sain, pur et innocent qui fait que toute pratique mystique a beaucoup de chance de réussir ». Ce criminologue croit savoir que l’une des raisons qui poussent des gens à enlever des enfants trouve son fondement dans des pratiques mystiques appelées crimes rituels ou rituels sacrificiels de certaines personnes dans le but d’avoir des pouvoirs, du matériel, du prestige. Des choses éphémères qui ne peuvent s’obtenir qu’à travers des organes d’homme et du sang humain.

L’arme des criminels !

Assurément, les criminels ont plusieurs cordes à leurs arcs pour arracher les enfants à l’affection de leur sien ? A en croire certaines informations publiées sur ‘’rfi.fr’’, « souvent, les kidnappeurs sont des proches, des domestiques. A Gagnoa, c’est une personne qui s’est fait passer pour un membre de la famille éloignée pour s’introduire dans la maison ». Et ce n’est pas tout. Sur les réseaux sociaux, il paraît que les criminels ont bien d’autres manières d’opérer :

"Non aux enlèvements", une infographie qui circule bien sur les réseaux sociaux. Ph: DR
« Non aux enlèvements », une infographie qui circule bien sur les réseaux sociaux. Ph: DR

« Les voleurs d’enfants arrachent maintenant les enfants de force aux grandes personnes ; Ils se présentent dans les écoles, ce faisant passer pour des parents d’élèves préalablement ciblés. Ce, sur présentation de cartes d’accès falsifiées ; En l’absence des parents et des grandes personnes, ils sonnent aux portes, se faisant passer pour des visiteurs ou agents recenseurs, s’introduisent ainsi dans les domiciles pour enlever les enfants ».

Des indignations !

Des actes ignobles que la Première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara condamne avec la plus ferme énergie : « En l’espace de deux mois, une vingtaine d’enfants a été enlevée, mutilée et assassinée dans notre Pays. Des enfants qui pour la plupart jouaient près de chez eux, dans l’insouciance de leur bel âge. Des enfants qui se trouvaient sur le chemin de l’école à la poursuite de leur avenir ont été violement arrachés à l’affection de leur famille. Des actes ignobles que je condamne avec la plus ferme énergie ».

La Première dame ivoirienne entourée des enfants pendant la noël 2014. Ph: DR
La Première dame ivoirienne entourée des enfants pendant la noël 2014. Ph: DR

Pour la first lady ivoirienne, qui combat le travail des enfants, « c’est une épreuve douloureuse et cruelle, qu’aucun parent ne devrait subir ». Tout en s’insurgeant contre ces enlèvements d’enfants dans son pays, « en tant que mère, grand-mère et Première Dame de Côte d’Ivoire », elle a appelé les autorités à mettre tout en œuvre afin que cela cessent, en faisant de ce phénomène « une priorité nationale ». « Je veux que cela cesse. Des mesures dissuasives vigoureuses doivent être prises sans attendre. J’en appelle à la réactivité et au pragmatisme de Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur ; de madame la Ministre de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, ainsi que de tous leurs collègues, qui doivent faire de ce problème, une priorité nationale », interpelle Mme Ouattara.

Le parti au pouvoir ne dit pas le contraire. Joël N’Guessan, porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR), demande « une réponse forte et énergique » de la part des autorités ivoiriennes. Ajoutant que « ces enlèvements qui ne sont ni plus ni moins que des actes d’assassinat sur des mineurs doivent trouver en face une réponse forte et énergique ». « Nous ne saurions tolérer, que ceux-là même qui constituent l’avenir de la Côte d’Ivoire soient l’objet de crimes crapuleux », poursuit l’ancien ministre ivoirien.

Des accusations !

Dans certains quartiers, des enfants ont été armé de sifflet pour sonner l'alerte en cas d'attaque. Ph Ouattara Madi Adja
Dans certains quartiers, des enfants ont été armé de sifflet pour sonner l’alerte en cas d’attaque. Ph Ouattara Madi Adja

Ces cris semblent avoir été entendus par les autorités ivoiriennes. 1500 hommes ont été déployés à Abidjan (1000 policiers, 300 gendarmes et 200 militaires), qui seraient dotés de moyens conséquents pour contrer le phénomène d’enlèvements d’enfants. Malgré tout, la psychose s’est emparée du pays. Des voix, notamment des pro-Gbagbo, incombent la responsabilité de ces enlèvements à l’actuel régime d’Abidjan.
A cet effet, ils annoncent des « marches de protestations » et des « opérations de retrait d’enfants dans les écoles » en Côte d’Ivoire. Au dire Roger Odissan, « il a fallu qu’on arrive à 21 tueries pour que le gouvernement Ouattara réagisse ». Pour cet internaute, « le président de la République n’est pas monté au créneau pour situer la gravité de cette affaire». « Mais nous les parents dont les enfants sont en danger de mort, que devons-nous faire pour que l’opinion internationale se rendre compte de la gravité de ces crimes rituelles qui semblent être organisés par les tenants du pouvoir », accuse Roger Odisan sur facebook.

Et de poursuivre : « Au vu de tout ce qui précède que devons-nous faire ? 1. Arrêter de faire partir nos enfants à l’école. Je crois que si nous prenons cette décision le gouvernement et l’opinion internationale prendront au sérieux cette affaire ; 2. Ne plus amener les coupables dans un commissariat, nous devons leur faire ce qu’ils ont fait subir à leur victime ; 3. Organiser des marches et faire des sit-in pour dénoncer ces tueries ; 4. Il faut dénoncer toutes les tueries sur les réseaux sociaux pour qu’on en fasse une large diffusion ».

La fameuse opération dite de "retrait des enfants des écoles ivoiriennes", sur la toile.
La fameuse opération dite de « retrait des enfants des écoles ivoiriennes », sur la toile.

Abondant dans le même sens, le ‘’nébuleux’’ Boga Sako Gervais (c’est selon) qui a flirté avec l’ancien pouvoir, aujourd’hui président de la Fondation Ivoirienne pour les Droits de l’Homme et la vie Politique (FIDHOP), annonce des jours sombres en Côte d’Ivoire. Exilé en Belgique, il dénonce « l’incapacité ou la complicité des autorités ivoirienne ». En plus, l’homme exige « la démission des Ministres de l’Intérieur et de la Famille, pour leur incapacité notoire à mettre fin au phénomène des enlèvements d’enfants en République de Côte d’Ivoire » et « invite les populations ivoiriennes à adhérer très massivement à la grande ‘’Opération de retrait de nos enfants des écoles’’, qui se déclenchera dans tout le pays, du lundi 2 au vendredi 6 février 2015, pour protéger nos enfants et protester contre l’inaction des gouvernants face à ce phénomène d’enlèvement des enfants».

Quant à Keith Aboulaye, internaute pro-Ouattara, il accuse plutôt les parents, les forces de sécurité, les agents de mairie, les nounous et à la société civile qui ont brillé par leur silence depuis les premières heures. « La responsabilité incombe aux parents, aux forces de sécurité, aux agents de mairie, aux nounous et à la société civile qui depuis les premiers cris de cœurs, avaient laissé perdurer cette situation en fermant les yeux comme si de rien (…)», dénonce-t-il sur sa page facebook.

Les auteurs !

A la question de savoir quels sont ces personnes, qui aspirent tant à la richesse, au pouvoir cette année 2015, en Côte d’Ivoire en sacrifiant les progénitures des autres ? Le Groupe des organisations féminines pour l’égalité homme-femme en Côte d’Ivoire (GOFEHF), argue que « ces pratiques sont des crimes, des rituels ordonnés par des prescripteurs jouant le rôle de médecins (mais qui en fait sont des marabouts, des féticheurs et autres mystiques) à leurs clients ici dénommés commanditaires ou malades en quête de pouvoir politique et de richesse à tout prix ».

Une délégation du GOFEHF à l'ONUCI. Ph: ONUCI
Une délégation du GOFEHF à l’ONUCI. Ph: ONUCI

Pour sa part, la cellule de communication et d’information du Mouvement pour la promotion des Valeurs nouvelles en Côte d’Ivoire (MVCI) essaye de lever le voile à son niveau. Dans une déclaration publiée sur des forums facebook le vendredi 30 janvier 2015, le MVCI titrait « Pouvoir du sang : mythe ou réalité ».
L’organisation politique rappel que pendant des années jadis, à la veille de certaines cérémonies rituelles traditionnelles ou électorales, des parents développaient déjà à cette époque, « la théorie de la vigilance autour des enfants. Laissant planer le spectre du trafic de sang humain ». Aujourd’hui, appuie le MVCI, « le phénomène semble avoir été amplifié avec l’avènement des cybercriminels, à la recherche d’un hypothétique bonheur à travers ce qu’ils appellent « ZAMOU », une pratique fétichiste macabre mise à nue au grand jour, grâce aux réseaux sociaux ».

Cette assertion est en partie soutenue dans un article publié par Radio France Internationale (RFI) sur son site internet. « Avant d’être tués, les 20 enfants ont été mutilés. Leurs têtes ont été tranchées ou leurs parties génitales enlevées. Des pratiques qui rappellent la sorcellerie, notamment chez les brouteurs, les cybercriminels ». Aussitôt dit, on a assisté à la « fermeture de 550 cybercafés, à l’interpellation d’environ 1000 personnes et à l’arrestation de trois (3) suspects » par les autorités ivoiriennes.

Cependant, des internautes s’attaquent à cette façon de mener la lutte anti-rapt. Dans un post facebook, Jean-Louis Gayandet martèle ceci : « Enlèvements et assassinats d’enfants, la gendarmerie ferme 150 cybercafés et met aux arrêts 94 personnes ! Vous voulez nous distraire ou bien ! Les brouteurs ont des tablettes et la connexion à la maison ». Selon lui, « ce ne sont pas les seuls brouteurs qui font ça ! ». Il demande plutôt d’explorer aussi « la piste des intouchables du pays ?».

Dans la même veine, le MVCI pense que la cybercriminalité n’est rien d’autre qu’un effet collatéral de qui se passe en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, ce mouvement politique déplore la stratégie de communication des autorités ivoiriennes au sujet des enlèvements. Car, selon cette structure, le gouvernement peine à rassurer le peuple, qui croit à tort ou à raison qu’au-delà des criminels brandis par la Police à la télé, ce cacheraient de gros « poissons ». « Hélas! Pur hasard ou simple coïncidence ? Comment comprendre que face à un tel drame, la Cybercriminalité, effet collatéral de certaines agressions et enlèvements d’enfants, la priorité de nos décideurs, au vu des enjeux sécuritaires, est d’engager des dépenses de prestiges en dotant la Police de deux engins volants. Comme si les défis sécuritaires actuels étaient aériens !».

Récupération politique!

De son côté, Djamana Tigui, refuse de croire que ces enlèvements sont le fait de cybercriminels ou d’hommes politiques à la recherche de gloire. Pour lui, c’est une ‘’organisation’’ mise en place, par des gens tapis dans l’ombre, pour affaiblir le régime Ouattara. C’est pourquoi, sur facebook, il n’hésite pas à lancer un ‘’appel cru’’ au Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité (MEMIS), Hamed Bakayoko, afin qu’il mette les cameras de surveillances à contribution: « Je ne crois plus seulement à ces cas seulement. Mais je crois en plus de ces cas qu’il y a une volonté quelque part de créer des psychoses un peu partout dans le pays. A quelles fins, je ne sais pas. Je crois seulement que les ennemies du pays ne sont pas forcement les seuls qui attaquent les frontières ou les bases des FRCI, il en existe à l’intérieur qui souhaitent quelque chose et cette chose passe par un maximum de psychose sur les populations. Il y a peu, c’était uniquement les enfants, mais depuis quelques jours, il y a le cas des femmes et peut être pour bientôt des vieillards, jeunes et adultes. Cher MEMIS Hamed Bakayoko, fais parler les caméras, car cette organisation est entrain de nous affaiblir. C’est autre chose… STP ouvre encore plus les yeux, ils sont là et veulent tout gâter… ».

Embouchant la même trompette, Cherif Mamadou imagine que c’est un « plan diabolique » des ennemis du pouvoir qui veulent reprendre le pouvoir. Il évoque même le fameux « l’article 125 » où des gens ont été brûlés par le feu sous l’ancien régime Gbagbo. « A l’effet de saboter le grand travail du PRADO (Président Alassane Ouattara) et surtout de troubler la quiétude des Ivoiriens en cette période d’année électorales des ‘’politichiens’’ ont surement planifié ces crimes. Ces opposants de l’émergence de notre pays, ont déjà prouvés leurs sadismes par les mutilations de nos soldats à la frontière Libérienne. Tuer ou enlever les enfants ne sont que des formalités pour des gens qui ont eu le plaisir diabolique d’utiliser l’article 125 contre des humains ».

Si la ministre de l’Education nationale, Kandia Camara, n’abonde pas dans le sens de ses prédécesseurs, toutefois, elle affirme que le phénomène d’enlèvement d’enfants est une ‘’déclaration de guerre’’ : « Ils tuent, séquestrent, mutilent, enlèvent nos enfants, je considère cela comme une déclaration de guerre, les acteurs du système éducatif et moi, ne pouvons rester silencieux face à cette barbarie ».

Pour Hussein Kouamé, Attaché de presse du Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, « ce ne sont pas tous les sujets de sociétés qui doivent être sujets à récupération politique ». S’adressant aux « Politiciens de Facebook », le journaliste appelle à la solidarité : « Soyons au moins solidaires dans le malheur. Ne faisons pas de la récupération politique dans cette affaire d’enlèvements d’enfants. En France quand il y a eu l’affaire de #‎CharlieHebdo‬ on a vu tous les leaders politiques réunis autour de François Hollande pour trouver des solutions et défendre la République ».

Manipulations et rumeurs !

Et pendant que la psychose s’empare du pays, les rumeurs et la manipulation gagne le cœur des ‘’sans cœur’’ sur les réseaux sociaux. Des crimes d’enfants commis dans certains pays comme le Ghana, le Gabon ou ailleurs sont brandis (à travers des images) comme ayant été perpétrés en Côte d’Ivoire. En témoigne le post d’Alfred Adou Konan : « Non à la manipulation. Plusieurs photos circulant actuellement sur les réseaux sociaux sont identifiées comme des crimes crapuleux à l’encontre d’enfants en Côte d’Ivoire. Bien que nous ne saurons nier l’existence de tels crimes, il convient de relever que ces photos proviennent de faits n’ayant pas eu lieu en Côte d’Ivoire. Les auteurs de la divulgation de ces photos ayant pour unique objectif de créer et d’entretenir la psychose au sein des populations et fragiliser l’action gouvernementale contre le phénomène d’enlèvements d’enfants », s’insurge l’internaute.

Capture d'écran de commentaires malveillants sur les enlèvements en Côte d'Ivoire.
Capture d’écran de commentaires malveillants sur les enlèvements en Côte d’Ivoire.

Comme lui, le président de la République ivoirienne, Alassane Ouattara, de retour du 24e sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Ethiopie, le samedi 31 janvier 2015, a fermement condamné les enlèvements d’enfants. « C’est inacceptable, indigne de la Côte d’Ivoire, indigne du climat apaisé que nous voulons pour nos concitoyens dans notre beau pays ».

Ensuite, le chef de l’Etat a déploré l’utilisation des réseaux sociaux par des personnes pour créer la psychose à travers les rumeurs et les fausses alertes :« Je retiens que c’est une situation qui a été volontairement amplifiée par les réseaux sociaux».

Mais le comble, aujourd’hui, c’est que d’innocentes personnes sont victimes de lynchage gratuite parce qu’ils ont voulu être généreux quelques part. Bill redoute que le problème se transforme en un règlement de compte entre des personnes qui se détestent. « Le phénomène d’enlèvement d’enfants dans notre pays est une réalité, mais si nous ne faisons pas attention, nous allons causer plus de problème avec les rumeurs surtout attention au règlement des comptes ». Notant que, selon un rapport de police, dans la journée du jeudi 29 janvier 2015, sur les six cas signalés, tout s’est avéré rumeur et mauvaise dénonciation.
« Cela a causé l’arrêt des cours dans les écoles et des lynchages gratuits. Une fille a failli laisser sa vie à cause de son propre enfant. Un monsieur qui tentait de faire traverser des enfants sur une route dangereuse à leur demande a subi un traitement inhumain. Un homme pourchassé pour vol a été pris pour un enleveur… Faisons très attention pour ne pas tuer des innocents et laisser les vrais responsables », rapporte Bill sur un forum facebook.

Le Directeur de l'INFS avec son jeune frère Traoré Aboubacar. Ph: MT
Le Directeur de l’INFS avec son jeune frère Traoré Aboubacar. Ph: MT

De son côté, Sam Cooper appel à la vigilance face à certaines pratiques visant à paralyser le pays. « La psychose s’est emparée de la ville, elle bouillonne en certains endroits car des officines obscures ont décidé d’injecter le venin de la rumeur dans la cité en vue de la paralyser. Comme une traînée de poudre, des écoles se vident par endroit non pas qu’il y ait une menace mais simplement parce que des individus à la petite cervelle et aux intentions lugubres voulant jouir des malheurs que vivent certaines familles ont donné dans l’intox. Ces pratiques on ne peut plus maléfiques, « vampiristes » et d’un autre âge s’inscrivent dans ce dessein de créer le chaos. Envoie d’Sms incitant à la chienlit, la toile mise à rude épreuve avec des images à vous couper le souffle et venant de d’autres cieux. Une panoplie d’informations fausses ».
A en croire cet internaute, « les gens doivent rester vigilants et éviter de tomber dans un guet-apens. Car à trop tomber dans l’émotion on perd la raison ». C’est l’exemple du jeune frère du directeur de l’Institut national de formation sociale (INFS), Mamadou Traoré qui a été bastonné parce que pris pour un enleveur d’enfants. Dans une publication sur sa page facebook, il raconte sa ‘’folle journée’’ à la rescousse de Traoré Aboubacar qui s’est finalement retrouvé sur un lit d’hôpital après son lynchage.

Mesures à prendre !

Face à la montée en puissance des lynchages d’innocents, des rapts d’enfants, certains ont décidé d’adopter des mesures par précaution. C’est le cas du Blogueur ivoirien Cyriac Gbogou. Sur sa page facebook, on peut lire : « Avec la psychose concernant les enlèvements de enfants qui gagne du terrain, voici les précautions que je vais prendre: -Évitez de me renseigner dans un quartier ; -Eviter de jouer avec les enfants de mon quartier ; -Eviter de me promener en 4×4. Car si quelqu’un n’aime pas ton crâne, il peut t’accuser « d’enlever les enfants » ». Qu’à cela ne tienne !

Les messages des enfants, en proie aux enlèvements. Ph: DR
Les messages des enfants, en proie aux enlèvements. Ph: DR

Le GOFEHF (groupe d’organisations féminines) propose plutôt des mesures au Gouvernement ivoirien pour mettre fin à la saignée. Dans une déclaration dont j’ai reçu copie le vendredi 30 janvier 2015, le GOFEHF demande, entre autre, de « mettre en place, de façon urgente et systématique un comité de crise au plan national ainsi que des sous-comités dans les communes d’Abidjan et à l’intérieur du pays » ; de procéder au « recensement des marabouts, féticheurs et autres mystiques, la réglementation et le contrôle de leurs activités » et souhaite « l’interdiction systématique et formelle des véhicules à vitres opaques et plaques banalisées ». L’application de ces mesures pourront-elles sonner la fin de ces crimes de sang en Côte d’Ivoire?

Un enfant porteur d'un message aux ministre de l’intérieur ivoirien Hamed Bakayoko.
Un enfant porteur d’un message aux ministre de l’intérieur ivoirien Hamed Bakayoko.

En attendant, je dirai qu’on pouvait éviter tout ce qui se raconte, tout ce que vous venez de lire, si tout le monde avait pris l’affaire au sérieux. En Côte d’Ivoire, on a tendance à tout minimiser. Dans mon pays, « on ne bat pas le fer quand il est chaud ». On laisse faire. Et, après, « on se transforme en donneurs de leçon », « on joue les médecins après la mort », ou « on agite le chiffon rouge ». Et pour finir, « on est obligé d’appeler la Cour pénale internationale (CPI) » pour effrayer les tueurs. C’est dommage…

Du nanti au nécessiteux. Vous devez retenir cette citation d’Albert Einstein: « Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ». Dieu nous regarde !

FBI


De #CharlieHebdo à #BokoHaram : ma lettre aux présidents africains

Rassurez-vous messieurs les –intouchables– présidents africains. Sans vous caresser dans le sens du poil, je ne serai pas virulent dans cette lettre ouverte. Je serai plutôt moins emphatique en vous disant, vis-à-vis, qu’on a été fier de vous l’autre jour sur les bords de la Seine.

Aux cheveux du ‘’malade’’, vous avez donnez le meilleur de vous, surtout lors de la marche du dimanche 11 janvier 2015 contre les terroristes à Paris. Le monde entier vous a vu. De Macky Sall à Aly Bongo en passant par Ibrahim Boubacar, Mahamadou Issoufou, Faure Gnassingbé et Yayi Boni, main dans la main, vous avez condamnez avec force les trois jihadistes qui ont endeuillé la ‘’Grande France’’ en ôtant la vie à 17 êtres humains. BRAVO messieurs les intouchables !

Mais de retour dans vos pays d’origine, en Afrique, le continent malade de sa misère, de sa famine, de sa pauvreté, de sa corruption, de ses coups d’Etats, de ses guerres, et de ses terroristes, depuis que vous avez foulé le sol à l’aéroport, vous êtes engouffrés dans vos voitures présidentielles. On ne vous voit que sur nos petits écrans de télévision. Vous sembliez être plus familier au rue de Paris que dans les rues de Bamako, Dakar, Libreville et N’Djamena, là où vous êtes réputés être les ‘’dieux’’. C’est quand même paradoxal non !

#StopBokoHaram

Ah, on vous comprend. Vous ne voulez pas que le peuple barbare, sauvage, primitif vous touche. Ah non, Boko Haram peut s’en prendre à vous comme les Anti-Balaka ont enlevé le ministre de la Jeunesse en Centrafrique ce dimanche. C’est vrai. Vous avez peur de Boko Haram. C’est pourquoi vous refusez de vous faire voir à tout bout de champs dans le pays. Qu’à cela ne tienne !

Les présidents nigérian, tchadien, camerounais, nigérien et béninois réunis autour de François Hollande. Ph: (AFP)
Les présidents nigérian, tchadien, camerounais, nigérien et béninois réunis autour de François Hollande. Ph: (AFP)

Nous voulons vous voir marcher dans nos rues contre Boko Haram. De la même manière que vous avez marché contre les trois Jihadistes en France, nous la voulons aussi en Afrique. Si vous refusez de dire la vérité au peuple opprimé, et bien, sachez que le monstre de l’Afrique c’est Boko Haram. Ils ont exterminé au moins 13.000 personnes. Mais vous ne dites rien. Même entre vous présidents africains, vous ne parlez pas le même langage. En plus, on observe le silence coupable de la communauté internationale. Qu’est-ce qui se passe messieurs les intouchables? Pourquoi vous refusez de porter assistance aux africains en danger ? Mais quand c’est la ‘’Grande France’’, vous vous mêlez sans qu’on ne vous y mêle.
Il est vrai que, comme le dise certaine voix, Boko Haram est une affaire ‘’nigériano-nigériane’’. Mais l’attentat des frères Kouachi à Paris n’est-elle pas une affaire franco-française ?

le président malien, à la marche du dimanche 11 janvier 2015 à Paris. Ph: DR
le président malien, à la marche du dimanche 11 janvier 2015 à Paris. Ph: DR

Et pourtant, si la 1ère puissance économique africaine (Nigéria) reste sa zone de prédilection, il n’en demeure pas moins que la secte islamiste autoproclamé vol de pays en pays, notamment dans la région du bassin du Lac Tchad. Aujourd’hui, le Cameroun paye aussi un lourd tribut de cette forfaiture.
Malheureusement, nos présidents semblent échouer dans la démarche à suivre. Comment comprendre que le courant ne puisse pas passer entre deux Etats africains qui partagent la même douleur, le même mal qui est Boko Haram ?

Deby à la porte des étoiles !

Oui, il se dit sur les antennes de Radio France Internationale (RFI) que Goodluck Jonathan et Paul Biya sont en froid. Une fois de plus, la péninsule de Bakassi serait à la base de leur guéguerre. Voilà que nous assistons, impuissamment, à un manque d’action commune contre la mafia de Boko Haram. Où est donc passé cette Union à l’africaine ? « Celle qui veut cacher le soleil avec son logo, qui n’organise que des rencontres de papotage sans rien de concret », dixit des africains.

#StopBokoHaram
#StopBokoHaram

C’est grave d’entendre des autorités gouvernementales nigérians et camerounais, sur les ondes de RFI, se rejeter la ‘’paternité’’ de la secte islamiste Boko Haram. Finalement, c’est le président tchadien, Idriss Deby qui vient au secours avec son Armée au Cameroun en appelant à la mise en place d’une Coalition africaine. Normal, lorsqu’on voit des réfugiés camerounais de plus en plus au Tchad et qu’on constate que Boko Haram devient un frein dans la desserte du Tchad via un port camerounais, M. Deby ne pouvait faire autrement que d’accompagner ses hommes à la porte des étoiles…

Quoi que l’Armée camerounaise n’ait jamais pris la poudre d’escampette face aux tueurs de Boko Haram comme l’Armée nigériane détale sans cesse. On s’interroge de savoir, avec l’arrivée des soldats tchadiens en renfort au Camerounais, ce que peuvent réellement ces deux pays francophone face à la secte islamiste qui devient de plus en plus violente?

Le Nigeria doit montrer un autre visage face à Boko Haram, trop c'est trop! Ph: naijaurban
Le Nigeria doit montrer un autre visage face à Boko Haram, trop c’est trop! Ph: naijaurban

Selon les propos d’un géopoliticien français que j’ai écouté sur RFI, dans l’émission « Débats africains » d’Alain Foka, « il serait impossible, si le Nigéria qui est le siège de Boko Haram ne s’implique pas, ce sera de la politique de fiction que de dire que le Tchad et le Cameroun parviendront à venir à bout de Boko Haram ».

Non assistance à personnes en danger !

C’est à croire que les autorités nigérianes sont insensibles aux enlèvements, violes et tueries de la nébuleuse Boko Haram fait subir aux écoliers, aux enfants, aux femmes, aux paysans et aux villageois. Il paraît que l’Armée nigériane n’est pas en phase avec les populations, parce qu’elle ne répond pas aux cris de détresse des pauvres civils. Qu’est-ce qui explique cela messieurs les présidents ?

La vérité serait que « le Nigéria est vaste pays miné par la corruption. Pendant que le pouvoir se trouve dans sa zone de confort, très éloigné du feu de Boko Haram, les soldats, eux, ne reçoivent pas leurs soldes le moment venu. Et lorsque les populations sont attaquées l’armée ne vient jamais à son secours ». Mais diantre ! Messieurs les intouchables, sachez que vous ne pourrai jamais gagner une guerre sans le soutien des populations ; encore en les torturant.

Des dizaines de jeunes filles ont été enlevées par Boko Haram au Nigéria. Ph DR
Des dizaines de jeunes filles ont été enlevées par Boko Haram au Nigéria. Ph DR

D’ailleurs, dites nous qui arme Boko Haram ? On connaît la rhétorique. Vous allez nous dire encore que c’est la Libye du pauvre Mouammar Kadhafi. Toujours les mêmes ‘’maux’’ à la bouche. Or c’est faux. La vérité est que Boko Haram continue de s’armer au Nigéria. Vous n’allez pas nier que votre armée se montre de plus en plus fébrile face aux terroristes parce que vous ne les payer pas. C’est dommage. Les soldats nigérians qui osent fait front à Boko Haram sont anéantis à la minutes et leurs armes sont récupérées. Ne rigolez quand je vous dirai que ‘’l’organisation Boko Haram’’ est presque mieux structurée, équipée et plus combative que la ‘’soldatesque’’ que nous voyons aujourd’hui.

Pour terminer, messieurs les intouchables, je vous dirai faites ce que vous voulez, comme vous voulez à la tête de nos Etats. Mais nous attendons de vous voir dans les rues pour la marche contre Boko Haram. Sinon, messieurs les intouchables, c’est nous qui allons marcher pour dénoncer votre « deal avec Boko Haram » dans toute l’Afrique. A bon entendeur…

FBI