Top 10 des malheurs qui ont coulé Gbagbo en 10 ans
« Y a rien en face, c’est maïs ! ». C’est l’un des meilleurs refrains qui a fait les beaux jours de la fin du tristement célèbre régime des ‘’refondateurs’’ en Côte d’Ivoire. Tant, cette tube de belle facture inspirée par le groupe ‘’Les Galliets’’ – spécialement conçue pour la campagne des élections présidentielles de 2010 – a fait trémousser le prédécesseur de Ouattara et ses laudateurs.
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Des maquis de fortune aux bar-climatisés en passant par les ‘’Agoras et Parlements’’, les prestidigitateurs de Laurent Gbagbo appelés « Jeunes patriotes », répétaient à tue-tête que leur mentor, le « Woody » de « Mama » – qui veut dire en langue bété ‘’garçon du village Mama d’où est issu Gbagbo) – avaient déjà gagné les élections, « parce qu’après 10 ans de règne, aucuns des prétendants au trône présidentiel ne faisait le poids face de Laurent Gbagbo. Donc, on gagne ou on gagne».
Et pourtant, il revenait aux populations ivoiriennes le verdict final. Quant on sait qu’en Afrique, le peuple souvent plongé dans un stoïcisme, ne se réveille souvent que lorsqu’elle en a marre de ses dirigeants. Lesquels posent, le plus souvent, des actes peu catholiques sans être des athées. En Eburnie, une chronologie d’une dizaine de faits a, nul doute, contribué à l’effondrement du régime de l’ex-président Gbagbo comme un château de carte. A commencer par :
1.« Le charnier de Yopougon »
Après un peu plus de 10 années passés dans l’opposition, face aux présidents Félix Houphouët-Boigny, Henry Konan Bédié et au Général Robert Guéi, Laurent Gbagbo avait plusieurs cordes à son arc. Rien ne pouvait freiner sa détermination à vouloir même enjamber des cadavres pour s’installer au palais présidentiel d’Abidjan-Plateau. A l’entendre dire : « 1000 morts à gauche, 1000 morts à droite moi j’avance », dès son avènement au sommet de l’Etat. On assiste au meurtre de 57 personnes dans la plus grande commune d’Abidjan, au soir de l’accession du Woody au pouvoir d’Etat. C’était en l’an 2000, lorsque le général Robert Guéi où le ‘’père noël’’, qui venait de renverser le régime du président Bédié en décembre 1999, a voulu se maintenir au pouvoir.
Au même moment, les militants du RDR – qui avait vu leur candidat écarté des élections pour une affaire de nationalité – et ceux du FPI – qui ont vu leur candidat et le général Guéi se mesurer dans les urnes – criaient, à tout bout de champ, que « le pouvoir est dans la rue ». Les deux partis (RDR et FPI) s’affrontent. Des gendarmes de l’escadron d’Abobo, qui ont pris faits et causes pour le Woody, ce jour, vont mater les lieutenants de Ouattara (RDR). C’est ici que commence l’épisode 1er du feuilleton des malheurs du président Laurent Gbagbo (FPI).
2. La rébellion de 2002
En 2002, il va assister à la naissance d’une RÉVOLUTION sinon d’une « rébellion » dans le nord de la Côte d’Ivoire (2ème épisode). D’aucun ont vite fait de dire que « ce sont les esprits des 57 personnes tués en 2000 dont les corps sont restés enfouir dans les ‘’placards de la Présidence’’ qui sont à la base de cette rébellion ivoirienne ».C’est à croire que « Laurent Gbagbo venait, à son tour, de creuser sa propre tombe ». Malgré tout, Guillaume Soro et ses hommes n’arrivent pas à tomber le pouvoir de Gbagbo. Néanmoins, le président Gbagbo est déboussolé. Puisque le pays est désormais divisé en deux (au sud on avait la partie loyaliste et au nord la partie rebelle. Là où le natif de ‘’Mama’’ n’avait plus le contrôle. Mais, Gbagbo tente de se mettre à l’abri de toute surprise désagréable.
3. La naissance de l’Escadron de la mort

A l’aide de son épouse Simone Ehivet, Dame de fer, député d’Abobo et N°2 du FPI, ils créent l’« Escadron de la mort » (3ème épisode). Cette unité constituée de gendarme, de policiers, de militaires et de miliciens, à la solde du régime, sera chargée de l’élimination physique de tous ceux qui seront considérés comme ‘’moralement incorrect’’ par le pouvoir de Gbagbo. On assistera surtout à l’assassinat de personnalités et militants de l’opposition. Certains, du fait de leur appartenance politique, religieuse ou ethnique. Au nombre desquels, le général Robert Guéi, le médecin Benoît Dakoury Tabley (frère de Louis André Dakoury Tabley, ex-N° 2 de la rébellion) et le comédien Camara ‘’H’’ Yêrêfê, sont entre autres des victimes de ces tueurs à gage, dans la partie gouvernemental du pays. Sans oublier l’assassinat de deux journalistes français : Jean Hélène et Guy André Kieffer, par ce gang.
4. Les accords de Linas Marcoussis
Le CECOS
L’année 2004 sera encore plus sanglante sous le magistère de l’époux de Simone Ehivet. Suite aux pourparlers entamés avec la rebellions, les deux partis se retrouverons à plusieurs tables de négociations, d’où la naissance de l’accord de Linas Marcoussis en France. Qui prévoyait un certain partage du pouvoir entre Gbagbo, les partis de l’opposition et la rébellion que conduisait Guillaume Soro. Chose que le président Gbagbo acquiesce sur ‘’les bords de la Seine’’. Mais de retour sur les bords de la lagune ébrié à Abidjan, l’homme rechigne à son application. Il est taxé de roublard.
M. de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, a été l’âme des accords de Linas-Marcoussis, destinés à résoudre la crise ivoirienne en 2002. crédit photo: INA.fr
Ainsi, le 25 mars 2004, lors de la manifestation organisée par l’opposition ivoirienne pour soutenir l’accord de « Linas Marcoussis » (4ème épisode), les Forces de défense et de sécurité, guidées par leurs hiérarchies proches du parti au pouvoir, mettent en marche une véritable machine à tuer. La répression fait officiellement 120 morts selon un rapport d’enquête de l’ONU et plus de 500 morts selon l’opposition. A la suite de cela, les partisans de Laurent Gbagbo descendent dans les rues et réclament le départ des ressortissants français. Le secrétaire général de la nébuleuse Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) d’alors, Jean-Yves Dibopieu (arrêté en février dernier au Ghana), crée le slogan « A chacun son français ».

Du coup, ces expatriés de l’hexagone sont pris à partie par une horde des militants de la FESCI et du FPI. Et vont jusqu’à foncer sur le 43ème BIMA et devant l’Hôtel Ivoire pour crier leur ras-le-bol. Ce qu’il ne fallait pas. Cette attitude soulèvera le courroux de la France. Paris donne l’ordre. Les militaires français mettre le feu aux poudres. Ils bombardent les patriotes depuis des hélicos. Des crânes humains se fendent, des têtes explosent. C’est la débandade. Or, c’était mal connaît le régime.
Après le bombardement du camp de l’armée française à Bouaké par les avions de chasse de Gbagbo. crédit photo: DR
Vers la fin de l’année 2004, le pouvoir Gbagbo veut en finir avec la rébellion, à la racine. Après l’achat d’armes et de matériels de guerre, il lance l’« Opération dignité » dans le fief de Guillaume Soro à Bouaké. A travers deux avions de guerre, ses hommes vont fâcheusement pilonner le camp de l’armée française croyant avoir repéré un nid de rebelles. Avant de revenir se poser sur le tarmac de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro. La suite sera fatale. Des soldats blancs et 1 américain sont dénombrés parmi les victimes. L’Elysée ordonne. Et, l’armée française riposte en bombardant ces ‘’deux oiseaux ’’ de mauvais augures, stationnés dans la capitale politique (Yamoussoukro).
Un avion de guerre de Gbagbo détruit par la force française à Yamoussoukro.
5. Création du RHDP à Paris
Après presque quatre ans de gouvernance Gbagbo, l’opposition réclame des élections en 2005. C’est le 5ème épisode de l’affaire Gbagbo. Le PDCI, le RDR, l’UDPCI et le MFA se retrouve à Paris pour former un bloc, afin de gagner la Présidentielle. C’est la naissance du RHDP : le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et pour la Paix (actuelle coalition au pouvoir). Mais, Gbagbo est intransigeant sur la question. Cette année là, il n’y aura pas d’élection.

6. Prétendu achat de l’usine de 100 milliards FCFA au USA
C’est parti pour un second mandat présidentiel. Donc des scandales à la tête de l’Etat. Le prétendu achat de l’usine de Fulton aux Etats-Unis, pour dit-on transformer le café et du cacao en matière première, (6ème épisode) sera l’une des grosses arnaques du régime des Refondateurs. L’usine en question, introuvable sur le territoire américain aura coûté la bagatelle de 100 milliards de Francs CFA au contribuable ivoirien. En clair, de petits malins, au sein du FPI, avaient subtilisé cette manne dans les caisses nationales, pour se la couler douce. Une étude faite par les bailleurs de fonds a révélé, a cet effet, que 242 millions de Francs CFA étaient débloqués chaque mois pour payer les travailleurs de cette usine qui n’a jamais existé.
7. Le déversement des déchets toxique
Mais le plus gros scandale aura lieu en août 2006, avec le déversement des déchets toxiques en Côte d’Ivoire (7ème épisode). Le navire panaméen battant pavillon dénommé « Probo Koala » porte encore sa ‘’marque destructrice’’ au sein des familles qu’elle a endeuillé après le deal mortel de la société en charge ‘’Trafigura’’ avec le régime Gbagbo. Malgré les 100 milliards de Francs CFA décaissés par la structure en vue du dédommagement des victimes des déchets toxiques.

A dire vrai, les malades des déchets toxiques n’ont vu que des broutilles et des menus fretins que le pouvoir a bien voulu leur donner. Le reste de l’important pactole, un peu plus de 90 milliards, a disparu dans la nature. Et pourtant, Laurent Gbagbo et ses camarades avaient promis de construire des hôpitaux, de nombreux centres de santé, d’acheter des équipements médicaux pour les populations. Que de belles professions de foi, jamais réalisées.
8. Les Accords politique de Ouaga (APO)
L’année 2007 marque la mise en place des « Accords politiques de Ouagadougou (APO)», au Burkina-Faso (8ème épisode). C’est la dernière ligne droite annonçant les élections présidentielles de 2010. L’opposition chausse ses bottes. Cette fois-ci, c’est inévitable pour Laurent Gbagbo. Il est obligé d’y aller.

L’ONU doit financer les élections. Un réseau de « bonbon-pasteur », disons de faux pasteurs, se crée dans le cercle restreint du couple Gbagbo. D’ailleurs, ces derniers encouragent le Woody à aller aux élections tout en prédisant une victoire écrasante en sa faveur.
9. La dissolution de la Commission électorale (CEI)
Mais avant, il procède à la dissolution de la Commission électorale indépendante (CEI) en février 2010 (9ème épisode). Le président de ladite commission, Beugré Mambé (actuel gouverneur du District d’Abidjan), est révoqué. Pour dire non à cette dissolution, l’on assiste à des manifestations un peu partout en Côte d’Ivoire dans le camp de l’opposition. Malheureusement, cela va se solder par des morts dans plusieurs localités du pays. Notamment à Divo, Gagnoa, Daloa et à Abobo dans la commune d’Abidjan. Les jeux sont faits. Beugré Mambé est remplacé par le diplomate Youssouf Bakayoko, proche du PDCI. Et les élections arrivèrent !
10. Déchirement des résultats de la Présidentielle
Au 1er tour du scrutin d’octobre 2010, sur les 11 postulants, Laurent Gbagbo, président sortant et candidat du FPI, se taille la part du lion avec un score avoisinant les 37%, secondé par le RDR de Ouattara avec un peu plus de 32%. Au 2nd tour du scrutin, le 28 novembre 2010, le RHDP soutien la candidature de Ouattara face à Gbagbo. Sentant le verdict tourné en sa défaveur, vu les tendances, au lieu d’aller féliciter son adversaire comme l’ont fait Abdoulaye Wade au Sénégal et Soumaïla Cissé au Mali, les hommes de Laurent Gbagbo prennent le siège de la Commission électorale (CEI) en otage (10ème épisode). Ils bloquent la proclamation des résultats.

Le hic, c’est que l’un des Représentants de son parti,en l’occurence Damana Pickass (refugié actuellement au Ghana) va jusqu’à arracher les résultats des mains du porte-parole de la CEI, Bamba Yacouba, et les déchirer en direct de la télévision nationale (RTI) et sous un regard innocent de la presse nationale et internationale.
Nous étions à la fin de la date butoir de la proclamation des résultats. Exfiltré, c’est au Golf hôtel, QG électoral du RDR que le président de la CEI, Youssouf Bakayoko va proclamer les résultats donnant Alassane Ouattara vainqueur de la Présidentielle de 2010. Certifiée par le Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Choï. Contre vents et marrés, Laurent Gbagbo et ses partisans refusent de reconnaître leur défaite.

C’est le débuté d’un autre feuilleton : la guerre des 3000 morts. Qui a presqu’emporter l’ex-président Gbagbo devant la Cour pénale internationale (CPI) de la HAYE, depuis le 30 novembre 2011. Où, il est soupçonné d’avoir fomenté un « plan » de meurtres et de viols pour s’accrocher au pouvoir.

Comme quoi, ses fidèles l’on aidé à ‘’semer le vent’’, il a lui seul ‘’récolté la tempête’’. Voici donc succinctement présenté l’histoire des ‘’10 malheurs de Gbagbo’’. La liste n’est pas exhaustive. Mais, c’est mon top 10 des ‘’PANNES’’ qui ont coulé le bateau titanesque de Laurent Gbagbo. Après avoir mouillé pendant 10 ans au large des côtes de la lagune ébrié.
FBIYAY
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