Un marathon peut-il réconcilier les Ivoiriens ?

Article : Un marathon peut-il réconcilier les Ivoiriens ?
Crédit:
4 juin 2021

Un marathon peut-il réconcilier les Ivoiriens ?

Une course à pied réunira les Ivoiriens à Yamoussoukro dans la capitale politique de la Côte d’Ivoire. À l’image du marathon de Paris, de New York, de Montréal, la Côte d’Ivoire aura son 2e marathon. Cette fois-ci, il s’agit de courir pour la paix. Sous le thème « Ensemble, courons pour la paix », la première édition du « marathon international Notre-Dame de la paix de Yamoussoukro », propose le mythique parcours de 42 km 195. Les marathoniens auront l’occasion de sillonner les belles artères de la « Ville lumière » avec des détours du côté de la basilique, le lac aux caïmans, la résidence de Félix Houphouët-Boigny, pour se rendre au point de départ : la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix.

Les Ivoiriens sont-ils résolus à aller « chercher la paix » à Yamoussoukro ? En tout cas, 12.000 athlètes et 200 000 spectateurs sont attendus au « marathon de la paix », qui se tient du 17 au 19 juin 2021 dans la ville natale de l’ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Ce bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne (1960-1993) dont le « nom rime avec la paix », on pourrait le dire, continue d’inspirer plus d’un Ivoirien qui aspire à la réconciliation nationale.

Ce n’est pas les organisateurs du marathon international Notre-Dame de la paix qui diront le contraire. Le commissaire général du marathon soutient d’ailleurs que le choix de Yamoussoukro revêt d’un caractère « symbolique et identitaire », empreints de cohésion sociale. « La paix est un bien important pour le développement d’un pays. Nous avons trouvé un nom symbolique et identitaire pour ce marathon. Ce qui est plus authentique pour la ville de Yamoussoukro, c’est le symbole que représente la Basilique Notre-Dame de la paix, la plus grande du monde, construite par le président Houphouët-Boigny, celui-là même qui s’est sacrifié pour la paix en Côte d’Ivoire », explique Marcel Avy au téléphone.

« Nous avons suggéré « ensemble, courons pour la paix », parce que la paix est une démarche globale et inclusive. On ne fait pas la paix seul. On fait la paix avec les autres. »

Marcel Avy, commissaire général du marathon de la paix de Yamoussoukro

Bien que les Ivoiriens soient champions des « concepts creux » de paix et de réconciliation, l’idée du « marathon Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro » parait originale. M. Avy rappelle d’ailleurs que dans la mythologie grecque, le marathon est le résultat de la paix obtenu. « Un guerrier ayant servi à la guerre a quitté Athènes et est parti dans la ville de Marathon. À son arrivée, il est mort en annonçant que la victoire et la paix ont été obtenues. À partir de ce moment, on a créé la mythologie du marathon qui va devenir le nom d’une activité athlétique dans le royaume gréco-romain. Partant de là, nous croyons qu’un marathon à un facteur de réconciliation », soutient-il.

« Vivre ensemble, c’est courir pour la paix »

Ce qui est également important à noter à travers ce « marathon de la paix », c’est qu’il ne s’agira pas seulement de courir pour courir. Ce sera une sorte de communion, de rencontre, de partage et de solidarité entre les marathoniens durant trois jours. Les organisateurs s’attendent à recevoir plusieurs catégories de personnes. Que ce soient des citoyens lambda (hommes, femmes, enfants), des hommes religieux ou politiques, « l’intention est de rassembler » autour de certaines valeurs de paix et de réconciliation. « Un marathon, ce n’est pas la performance qui compte.  On ne participe pas non plus à un marathon pour repartir vainqueur. Sur les parcours marathoniens, c’est l’ambiance, la convivialité qui se dégage. Ce sont des échanges, des rencontres qui se font, des liens qui se créent. C’est l’humain et la relation humaine qui est au centre », souligne Marcel Avy.

« Nous devons retenir une chose essentielle de Félix Houphouët-Boigny. Au-delà des mots, la paix est un comportement. C’est la capacité à se parler, à se pardonner, à partager et à vivre ensemble. Vivre ensemble, c’est courir ensemble pour la paix. »

– Marcel Avy, commissaire général du marathon

En dehors du côté athlétique, l’initiateur du marathon Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro se réjouit à l’idée que ce marathon entre dans une ville très dynamique qui a beaucoup de potentialité et d’attrait touristique à découvrir et à valoriser. De plus, il se félicite du fait qu’il entend bâtir une institution qui, chaque année, va se bonifier, et rassembler de plusieurs pays africains. « Nous voulons ce marathon comme le prochain rendez-vous annuel de chacun des 25 millions d’habitants de la Côte d’Ivoire. Cela va non seulement contribuer à promouvoir la paix et la cohésion sociale, mais aussi créer un sentiment de fierté nationale autour de certaines valeurs de solidarité », annonce Marcel Avy.

Marcel Avy, commissaire général du marathon de Yamoussoukro

Le marathon international Notre-Dame de la paix de Yamoussoukro sera doté d’un village d’animation culturelle et gastronomique dénommé « foundy kro ». Bâti sur 20 000 m2, le village accueillera 20 000 visiteurs. Durant trois jours, des concerts et animations musicales tous les soirs, des conférences sur l’entrepreneuriat, sur l’autonomisation et l’écotourisme seront offerts aux participants. Comme pour joindre l’utile à l’agréable, une opération ville propre devrait couronner le tout.

FBIYAY

Étiquettes
Partagez

Commentaires