Le dernier coup de l’ambassadeur des USA à Abidjan
Désormais, on parlera de lui au passé. Celui que les pro-Gbagbo considèrent comme le bourreau de leur mentor, a plié bagage.
Phillip Carter III, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été affecté en Côte d’Ivoire pendant la période électorale. En succédant à l’ambassadeur Aubray Hooks, le diplomate Carter III a joué la carte de la fermeté jusqu’au départ de l’ex-président Laurent Gbagbo, qui avait voulu passer en force malgré sa défaite au soir du 28 novembre 2010. Si bien que certaines langues n’ont pas hésité à dire qu’il était en mission commandé. Vrai ou faux ? En tout cas, après de loyaux services, le diplomate américain ne prendra plus la parole au nom du président Obama en qualité de son représentant sur le sol ivoirien.
Quel a été le rôle du diplomate américain?
Mais avant son départ, Philip Carter III a marqué un grand coup, le mardi 27 août 2013 – n’ont pas fumant – sur le chemin de la stabilité et de la réconciliation de la Côte d’Ivoire. Vu que deux ans après la fin de la crise qui a plongé le pays dans le chaos, l’un des secteurs où les autorités ivoiriennes n’ont pas encore une main mise reste bel et bien le côté sécuritaire. « Parce que les armes ont été distribuées comme de petit pain aux populations pour faire la guerre. Aujourd’hui, ce sont les règlements de compte, les agressions à main armée, les braquages et même des tentatives de déstabilisations du pays ». D’où la réforme du secteur sécurité (RSS). En tant qu’acteur de la communauté internationale, l’ambassadeur des USA a voulu apporté sa petite touche. Il a donc procédé à l’ouverture d’un séminaire de Planification et de Mise en œuvre de la sécurité nationale.

Co-organisé par le gouvernement des États-Unis et le gouvernement ivoirien, ce séminaire, s’inscrit dans le cadre du soutien bilatéral pour le renforcement des relations civilo-militaires avec la Côte d’Ivoire. « Notre objectif commun de réforme du secteur de la sécurité et les efforts du Gouvernement ivoirien visant à entreprendre et mettre en œuvre de sérieuses réformes. La sécurité des citoyens et de l’État, du niveau national au niveau des individus, constitue la base du contrat social entre un gouvernement élu et le peuple. Alors que le gouvernement s’efforce de renouveler et d’améliorer ce contrat social, la communauté internationale apporte un soutien substantiel. Cependant, la sécurité nationale n’est pas simplement un produit; c’est également un processus. Le séminaire auquel vous allez participer mettra l’accent sur la nécessité de l’inclusivité et de la transparence dans le processus de planification et de mise en œuvre de la sécurité nationale. Vous examinerez comment une politique clairement énoncée peut susciter et définir les rôles, la structure de la force et les besoins en ressources de sorte que les divers éléments qui forment le secteur de la sécurité d’une nation soient conformes aux objectifs de sécurité établis par les citoyens à travers leur gouvernement », a situé, d’entrée de jeu, Philip Carter III.
Au dire du diplomate américain, le séminaire mettra en évidence la vaste nature de la sécurité nationale et, il faut espérer, dissipera la notion selon laquelle elle se limite aux acteurs traditionnels, tels que les militaires. Il estime que la sécurité nationale, en tant que processus, doit intégrer les autres composantes du gouvernement notamment la Police, la Justice, l’Assemblée nationale et la Société civile. « Nous ne sommes pas là pour imposer notre vision, mais plutôt pour faciliter un dialogue entre les ivoiriens dans le domaine de la sécurité pour une solution commune qui va fonctionner bien et mieux. Car, la Côte d’Ivoire a commencé à retrouver sa place de choix en Afrique occidentale. Donc, une Côte d’Ivoire stable et prospère est essentielle au développement et à la croissance socio-économique de la région et à la paix et la stabilité globale », a indiqué le diplomate.
Piloté par le Centre des Relations Civilo-Militaire (CCMR) de l’Ecole Supérieure Navale de Monterey en Californie. Les participants au séminaire – militaires et civils – viennent d’un large éventail d’organisations gouvernementales et non-gouvernementales.
Le séminaire comporte des sessions de discussion, d’exercices en atelier et de tables-rondes sur divers sujets, notamment :
• Les Relations civilo-militaires en Côte d’Ivoire
• Le Processus d’élaboration du Plan National de Sécurité
• Les Rôles et missions des Forces de Sécurité
• Le Processus de Planification de la Sécurité Nationale au-delà de l’Exécutif
• Le Plan de Sécurité Nationale et la Gestion des Forces
• La Promotion du Civisme
• Le Professionnalisme Militaire
Donc, du 27 au 30 août, ce séminaire se tient au Golf hôtel et est animé par deux experts du Centre des Relations Civilo-Militaires (CCMR). Le CCMR est un organe du Département de la Défense des États-Unis. Il est chargé de la formation dans le domaine des relations civilo-militaires à travers le monde.
A qui avons-nous affaire?
Mais qui sont-ils ? Les participants, composés de militaires, gendarmes, policiers, marins, de personnes issues de la société civile et de journaliste devront travailler avec le Professeur Laetitia Lawson, elle est maître de conférences à l’école Supérieure Navale de Monterey en Californie.

Elle enseigne la civilisation Africaine, y compris les cours sur le gouvernement et la politique, d’histoire et de culture, de politique économique, de méthode de recherche et de politiques comparatives. Elle est titulaire d’un Ph. D en Sciences Politiques, un M.A en Sociologie de l’Université de Californie, Davis et un M.A en relations Internationales de l’Université de Columbia et un B.A en Economie de Smith College.
Le deuxième est bien Eugène Micheal Mensch II, Colonel de l’Armée Américaine à la retraite.

Il est le Directeur Afrique du programme du Centre des Rélations Civilo-Militaire. Il a animé plus de 90 séminaires portant sur les relations civilo-militaires dans 34 pays au cours des treize dernières années. Le Colonel Mensch est titulaire d’une Licence en Sciences Politiques et un Masters de l’Ecole supérieure Navale en Civilisation du Moyen-Orient. Il est diplômé du Armed Forces Staff College, du Army War College, du Foreign Service Institue et de la Defense Language Institute (l’institut du language militaire – franco-arabe).
C’est vrai que nos deux Experts venus de l’extérieur ont des backgrounds. Mais, comme l’a dit l’ambassadeur Carter III, « le succès de ce séminaire dépendra des échanges francs, ouverts et professionnels que les Ivoiriens auront avec les facilitateurs ». Sinon, « la Côte d’Ivoire ira de séminaire en séminaire, rien que pour se sucrer sur le dos de l’USAID, le grand pourvoyeur de fonds », comme dirait l’autre.
FBIYAY
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