Alassane Ouattara, partira ou partira pas ?

Article : Alassane Ouattara, partira ou partira pas ?
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30 juillet 2020

Alassane Ouattara, partira ou partira pas ?

Le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) est à la croisée des chemins. Depuis le 8 juillet, date du décès brutal du Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly, celui-là même qui avait été désigné candidat du parti au pouvoir pour la présidentielle d’octobre 2020, il y a problème.

La Côte d’Ivoire est à trois mois du déclenchement de l’élection présidentielle. C’est peu de le dire. La mort d’Amadou Gon Coulibaly dit AGC a désarçonné son parti politique, le RHDP, au point où il semble difficile de trouver un autre « lion » pour les futures batailles électorales. Alors que le RHDP n’a ni envie de quitter le pouvoir encore moins perdre la présidentielle du 31 octobre, les petits plats sont mis dans les grands pour décrocher le « cheval gagnant ».

C’est une question d’intérêt

En attendant, on assiste à toute sorte de manigances à Abidjan. Certains rasent les murs du Palais présidentiel du Plateau et de la résidence privée du Chef de l’État Alassane Ouattara à Cocody. Ils ne sont pas forcément des ‘’colporteurs’’ de bonnes nouvelles dans les oreilles du PRADO (le Président de la République Alassane Dramane Ouattara). Le comble, c’est que chacun prêche pour sa chapelle. Parce que c’est une question d’intérêt qui serait loin d’être nationale.

Pendant ce temps, ADO qui se remet difficilement du décès de son « fils » Gon Coulibaly, doit encore affronter les desiderata des uns et des autres. Comment s’y prend-il pour nommer un nouveau vice-premier ministre? Va-t-il nommer un nouveau Premier ministre à son image ou à l’image d’Amadou Gon Coulibaly? Ces questions que tous les Ivoiriens se posent suscitent beaucoup d’élucubration aussi bien au sein des partis politiques que sur les réseaux sociaux. Chacun y va de son commentaire en attendant l’ultime « discours de délivrance ». Mais jusqu’à quand? Y’a problème!

Si le fils était le « lion », le père serait quoi ?

Ainsi, après les funérailles du « fils », presque tous les regards sont tournés, depuis Korhogo jusqu’à Abidjan, vers le « père » pour la « succession » à la candidature de celui qu’on appelait affectueusement le lion. Des gens mobilisent les jeunes, les vieux, les chefs traditionnels et autres pour réclamer à cor et à cri la candidature du président Alassane Ouattara. Chaque jour au journal de 20h, à la télévision nationale, on nous présente des groupes de personnes réclamant un troisième mandat de l’actuel Chef de l’État ivoirien.

Le hic, c’est qu’Alassane Ouattara qui est considéré comme un « homme de parole », qui « tient parole », qui « dit ce qu’il fait » et qui « fait ce qu’il dit », a déclaré solennellement devant le Congrès ivoirien le 5 mars 2020 qu’il a décidé « de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 » et de « transférer le pouvoir à une jeune génération ».

Ce « discours historique » tenu devant les députés et les sénateurs de la Nation a été salué par le monde entier. Cette décision d’Alassane Ouattara ne pas se représenter pour un troisième mandat consécutif, alors que la constitution de la troisième République lui permettrait d’être candidat à sa propre succession, a fait rentrer l’homme dans l’histoire par la grande porte. Car, pour la première fois en Côte d’Ivoire, les Ivoiriens allaient assister à une passation de pouvoir entre deux Chefs d’État. Et pourtant…

Les partisans du troisième mandat jouent leur survie

Aujourd’hui, quand on voit des gens se mobiliser de part et d’autre pour ‘’obliger’’ Alassane Ouattara à être candidat du RHDP le 31 octobre 2020, alors qu’il dit être « fatigué » à 78, c’est à croire que ces personnes veulent prendre en otage un monsieur à la tête de la Côte d’Ivoire. En se comportant ainsi, les PTM (partisans du troisième mandat) démontrent aux yeux du monde qu’en dehors d’Alassane Ouattara, aucun cadre du RHDP n’est « apte » à gouverner la Côte d’Ivoire.

Si tel est qu’après Ouattara, c’est Ouattara, on comprend bien la profondeur des frustrations créées au RHDP après la désignation d’Amadou Gon Coulibaly le 12 mars 2020. Certains vont jusqu’à dire que le président de la République doit reporter l’élection présidentielle d’un an le temps de trouver un « digne successeur ». Doit-on comprendre par là qu’Alassane Ouattara doit continuer à gouverner la Côte d’Ivoire jusqu’à ce qu’il finisse la formation d’un deuxième AGC?

Pour ma part, je dis bien si ADO n’a pas été capable de former plusieurs personnes qui sont restés à ses côtés depuis 10 ans, 20 ans voire 30 ans, qui ont appris « l’art de la politique et de la gouvernance » à ses côtés, ce n’est pas en un an ou en cinq ans que le miracle se produira. Ce serait une « formation accélérée ratée » en 12 mois, s’il a fallu 30 ans pour faire d’Amadou Gon Coulibaly (paix à son âme) l’homme de rigueur, comme Ouattara, l’homme présidentiable pour tout dire.

ADO pris en otage par le RHDP

Nous sommes tous fiers des réalisations du cinquième président de l’histoire de la Côte d’Ivoire. À l’exception de Félix Houphouët-Boigny, on est d’accord que le bilan de 10 années de gestion est « inattaquable » par rapport aux chefs d’État qui l’ont précédé. Ce n’est une opinion. C’est un fait. Mais de là, ne venez pas nous faire croire que si le 1er fils n’est plus, il n’y a plus personne pour suivre les traces du père.

En disant que « seul Alassane Ouattara est capable de marcher dans ses propres traces » alors que lui-même dit être en train de marcher sur les traces du père Félix Houphouët-Boigny, je me demande s’il a encore des enfants auprès de lui. Autrement dit, est-ce qu’en dehors de Gon Coulibaly, Alassane Ouattara a-t-il encore des fils ou des filles? Est-ce par pur plaisir qu’il continue d’appeler certains hommes politiques ivoiriens « mon fils »?

Je ne pense pas que le président Alassane Ouattara tombera dans le jeu de ceux qui sont prêts à vendre leur peau pour que le chef reste à la barre, parce qu’après lui ce serait le chaos. Non, ADO ne devrait pas manger de ce « pain ». D’ailleurs, la réunion du Conseil politique du RHDP tenue le mercredi 29 juillet et à laquelle Alassane Ouattara a pris part a accouché d’une souris.

Le Conseil politique du 29 juillet, un fiasco !

Ceux qui ont convoqué ADO s’attendait à entendre autre chose que ce qu’ils ont entendu : « Je prends acte des résolutions du Conseil Politique et de votre demande [d’être candidat]. Je vous demande de continuer d’avoir une pensée pour Amadou Gon, et de me laisser le temps du deuil et du recueillement avant de vous donner une réponse ». C’est une douche froide pour les organisateurs de ce rassemblement et de tous ceux qui défilent à longueur de journée chez Alassane Ouattara pour lui demander de briguer un troisième mandat présidentiel.

À travers ces paroles, le président Ouattara a en quelque sorte dit à ses partisans qu’il accordait moins d’importance à une probable candidature qu’au deuil de son fils Amadou Gon Coulibaly. En clair, ne soyez pas surpris dans les jours à venir d’apprendre qu’Alassane Ouattara ne sera pas le candidat du RHDP à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Et si jamais c’est le cas, j’espère que vous tiendrez le coup. Wait and see!

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