Amadou Gon Coulibaly : les larmes de crocodile versées après son décès

Article : Amadou Gon Coulibaly : les larmes de crocodile versées après son décès
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13 juillet 2020

Amadou Gon Coulibaly : les larmes de crocodile versées après son décès

Finalement, faut-il mourir pour faire l’unanimité? Depuis l’annonce du décès du Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly, suite à un malaise cardiaque, le mercredi 8 juillet 2020, que d’éloges à son égard. Des hommes politiques aux citoyens lambda en passant par la société civile, le monde des affaires et le milieu des religieux, toutes et tous ont « subitement » eu de l’admiration pour celui qu’on appelait AGC. Et pourtant…

Après deux mois à Paris pour un contrôle médical, le premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly est définitivement rentré en Côte d’Ivoire le 2 juillet 2020 pour, dit-il, « reprendre sa place aux côtés du président de la République Alassane Ouattara pour continuer l’œuvre de développement ».

Malheureusement! Amadou Gon Coulibaly n’aura pas le temps de reprendre cette place aux côtés de celui qu’il considérait comme son mentor et son second père : Alassane Ouattara. Il aura juste le temps de retrouver sa famille à la maison, de diriger un Conseil de gouvernement et de participer à son dernier Conseil de ministres le mercredi 8 juillet. Au cours de cette même journée, il quittera le monde des vivants à 61 ans, laissant derrière sa mère, son épouse et ses cinq enfants inconsolables.

Le ‘’visage hypocrite’’ de la politique ivoirienne

Comme Arafat Dj, l’annonce de la mort d’Amadou Gon Coulibaly, celui qu’on appelait également « Le lion du Poro » a ébranlé toute la Côte d’Ivoire. Du nord au sud, de l’est à l’ouest en passant par le centre de la Côte d’Ivoire, les Ivoiriens et toute la classe politique ont dans leur ensemble reconnu qu’Amadou Gon était « un travailleur infatigable, technocrate, homme de rigueur, de loyauté… » et même « un modèle pour la jeunesse » à travers son parcours scolaire, professionnel et politique. Que dire de plus sur les dimensions de l’homme?

Amadou Gon Coulibaly n’était pas seulement Premier ministre de Côte d’Ivoire. Il était le candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). En tant que tel, AGC était considéré comme celui qui avait « la carrure d’homme d’État » qui devait succéder à Alassane Ouattara, l’actuel président de la République qui a décidé le 5 mars 2020 de ne pas briguer un troisième mandat pour faire la place à une « nouvelle génération » de dirigeants.

Aujourd’hui, je suis surpris d’entendre tous ces témoignages aussi admiratifs qu’élogieux de la part des Ivoiriens à l’endroit d’Amadou Gon Coulibaly. Je veux bien croire qu’il s’agit réellement du petit fils de Peleforo Gon Coulibaly. Je veux bien croire que nous parlons de celui que certains annonçaient pour mort sur les réseaux sociaux bien avant sa mort. Que n’a-t-on pas lu et entendu comme paroles méchantes et blessantes à l’endroit d’Amadou Gon Coulibaly?

Trop de méchancetés à l’endroit d’AGC… pour rien!

Faut-il le rappeler, lorsqu’Amadou Gon Coulibaly a été désigné le 12 mars 2020 comme candidat du RHDP à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, cette nouvelle a créé l’émoi chez beaucoup d’Ivoiriens aussi bien au sein de sa propre formation politique. Depuis lors, jusqu’à son départ sur Paris pour son contrôle médical, j’ai eu comme l’impression que les partisans de certains hommes politiques, tapis dans l’ombre, avaient eu pour mission de « détruire l’image de marque » du premier ministre AGC, en le réduisant en « homme incapable », en « mauvais choix » pour les élections à venir.

Mais quand Amadou Gon Coulibaly meurt, les mêmes qui se réjouissaient de sa maladie, qui souhaitaient sa mort, qui n’avaient aucun respect pour les valeurs qu’il incarnait, viennent verser des larmes de crocodile. Je dénonce ce ‘’visage hypocrite’’ de la politique en Côte d’Ivoire. Dire de son vivant qu’Amadou gon n’était pas un « cheval gagnant » et attendre sa mort pour dire qu’il avait le « meilleur profil » pour diriger la Côte d’Ivoire. Comme le président Félix Houphouët-Boigny l’a si bien illustré dans une citation : « Le vrai bonheur on l’apprécie lorsqu’on l’a perdu ».

« Le vrai bonheur on l’apprécie lorsqu’on l’a perdu »

L’Ivoirien doit apprendre à être honnête dans ses dires. La politique ne doit plus être, comme certains le disent, « la saine appréciation des réalités du moment ». Nous devons apprendre à reconnaître les qualités, les valeurs, les compétences, le leadership des uns et des autres de leur vivant, même quand nous ne partageons pas leurs bords politiques.

En attendant de connaître le successeur d’Amadou Gon Coulibaly, au niveau de la Primature et éventuellement le prochain candidat du RHDP, je vous propose une biographie express de l’homme rédigé sur le site du gouvernement de Côte d’Ivoire. Mais avant, sachez que huit jours de deuil national ont été décrétés, du vendredi 10 au vendredi 17 juillet 2020. Le défunt Premier ministre sera inhumé le vendredi 17 juillet 2020 à Korhogo.

Amadou Gon Coulibaly, qui est qui?

Amadou Gon Coulibaly, né le 10 février 1959 Abidjan a obtenu le Baccalauréat série C, en 1977, au Lycée Moderne de Dabou en Côte d’Ivoire. Il s’est ensuite envolé pour la France en vue d’y poursuivre ses études universitaires. Il a été admis à faire la classe préparatoire aux Grandes Écoles (Lycée Jean Baptiste Say) de 1977 à 1979. Il a obtenu son Diplôme d’Ingénieur en 1982, à l’École des Travaux publics (ETP) de Paris. Il fut Conseiller technique chargé de la coordination et du suivi de 1990 à 1993 dans le gouvernement du Premier ministre Alassane Ouattara.

Amadou Gon Coulibaly a occupé successivement les fonctions de Directeur des études économiques et financières à la Direction du Contrôle des Grands Travaux (DCGTX) devenu BNETD, avant d’en être le Directeur général adjoint (1994-1995). Il a été élu Député à l’Assemblée nationale de 1995 à 1999, puis de 2011 à 2020. Il a également été maire de la Commune de Korhogo de mars 2001 à juillet 2020.

AGC fut successivement ministre d’État, ministre de l’Agriculture de mars 2003 à février 2005 et de 2006 à 2010, ministre de l’Agriculture dans différents gouvernements de réconciliation nationale.

Il fut ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République de mars 2012 à janvier 2017. Il deviendra, finalement, Premier ministre du 1er Gouvernement de la IIIe République depuis le 10 janvier 2017 jusqu’à sa mort le 8 juillet 2020.

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