De l’opération-suicide à Abidjan, à la récupération politique
Nous ne sommes pas en Tunisie, mais en Côte d’Ivoire. Une jeune dame du nom de Mandjara Ouattara, a essayé de se donner à la mort, le mercredi 21 mai, non loin du Palais présidentiel au Plateau. Au moment où le chef de l’Etat Alassane Ouattara présidait un Conseil des ministres.
Je suis sidéré. Une femme a tenté de se suicider par le supplice du feu à l’entrée du Palais présidentiel d’Abidjan-Plateau. C’est cette scène macabre que Mandjara Ouattara, aide-soignante de son état, âgée de 33, a voulu servir à la Côte d’Ivoire le mercredi 21 mai 2014. De surcroît, au moment même où le président de la République Alassane Ouattara, présidait un Conseil des ministres.
Coïncidence ? Je n’en sais rien ! En tout cas, c’est à l’entrée du Palais présidentiel, non loin de la place de la République que la jeune dame, visiblement de teint clair, habillée d’un haut rouge et d’un bas noir (collant), a « déversé de l’essence sur son corps avant de s’enflammer à l’aide d’un briquer », selon des témoignages.
Il paraît qu’elle venait de déposer un courrier à l’immeuble de la Poste de Côte d’Ivoire. J’imagine un peu sa souffrance de la pauvre. Heureusement, des militaires de la Garde républicaine et les pompiers sont intervenus à temps. Mais transportée le même jour au Centre hospitalier universitaire de Cocody, les médecins ont confié que Mandjara Ouattara souffre de brûlures de troisième degré.
Vingt-quatre heures après. Alors que je continue de me poser la question de savoir ce qui a bien pu pousser cette jeune dame (très belle d’ailleurs, selon ses photos montrées sur Facebook) à une telle opération suicidaire, la première du genre en Côte d’Ivoire, on m’apprend que Mandjara Ouattara voulait crier son indignation parce que désespérée. De quoi ? Je ne sais pas.

Mais des sources révèlent, çà et là, qu’elle fait partie des fournisseurs de l’Etat, à qui le gouvernement ivoirien aurait refusé de payer des dettes (période 2000 à 2010). Puisqu’ayant découvert, suite à un audit, que la somme de 203 milliards F CFA n’était pas justifiée sur les 356 milliards F CFA de dette intérieure que l’Etat devrait payer.
Une version battue en brèche par le président de la Coalition des indignés de Côte d’Ivoire. Samba David m’a confié au téléphone que Mandjara Ouattara voulait par cet acte crier son indignation. Une indignation contre le traitement salarial qu’elle subissait depuis bien longtemps en travaillant comme aide-soignante contractuelle.
« Nous avons eu deux rencontres avec des aides soignantes et soignants. Je ne dirai pas où ils travaillent au juste. Mais sachez que depuis janvier jusqu’aujourd’hui, ils ne sont pas payés. Alors qu’ils n’ont qu’un salaire de 36.000 F CFA à 45.000 F CFA depuis 20 ans. Et la jeune Mandjara Ouattara a dit qu’elle ira se suicider devant la présidence de la République de Côte d’Ivoire pour cela. Elle avait confié qu’elle serait le sacrifice des autres. Et qu’elle préfère se donner la mort que de vivre dans ces conditions pénibles ».
Je ne vous dis pas. Je suis dans le flou total. Je ne sais plus de quoi il s’agit. Mais j’étais quand même optimiste en attendant une version officielle. Malheureusement, j’assiste depuis plusieurs heures à une manipulation qui ne dit pas son nom sur la toile. Des esprits ‘’mal intentionnés’’ font de la récupération politique. Et comme il fallait s’y attendre. Il y a deux tendances, les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara, qui sont dans une sorte de guerre à fleuret moucheté. Ils affirment de chaque côté que Mandjara Ouattara fait partie des fournisseurs de l’Etat. Mais, qu’aurait-elle fourni ?

Selon les partisans de Ouattara, Mandjara Ouattara aurait mis 15 véhicules de type 4×4 à la disposition de la présidence, sous le régime Gbagbo, de 2007 à 2010. Selon eux, la location par jour d’un véhicule devrait coûter 80.000 F CFA. Depuis lors, les paiements auraient trainé jusqu’à la chute des refondateurs. « Et à la grande surprise de dame Mandjara, le nouveau régime, après plusieurs mois d’audit venait de l’informer avec document à l’appui que l’argent est bel et bien sorti des caisses de l’Etat d’alors. Un choc qu’elle n’a pas supporté ». Faux, rétorquent les partisans de Gbagbo.
« Ce n’est pas à la présidence de la République sous Gbagbo, mais c’est bien au candidat du RDR, Alassane Ouattara lors de la campagne présidentielle de 2010 que Mandjara Ouattara a prêté ses 15 véhicules de type 4X4, à raison de 80.000 F CFA par jour. La dette s’élève donc à plusieurs millions de F CFA. Depuis lors, elle essaie de rentrer en possession de son dû, mais toutes les portes lui sont fermées. C’est ce qui l’a poussée à vouloir mettre fin à ses jours », rapportent-ils sur les réseaux sociaux.
Je vous assure. Je suis dans les nuages. Qui dit vrai dans cette affaire. Le moins que je puisse dire, c’est qu’il faut attendre la version officielle des autorités ivoiriennes. Où même que la vérité sorte de la bouche de Mandjara Ouattara, qui respire encore au CHU de Cocody. Ce n’est donc pas l’occasion de faire de manipuler l’information en attendant dans cette tentative d’immolation, qui paraît bien triste pour une telle Côte d’Ivoire. Un pays où tout va bien apparemment…
Comme Mohamed Bouazizi, en Tunisie ?
Je rappelle que le 17 décembre 2010, cette même scène s’est produite en Tunisie. Mohamed Bouazizi, jeune vendeur de fruits et légumes, s’est vu confisquer sa marchandise par des policiers à Sidi Bouzid (centre de la Tunisie).

Excédé, nous a-t-on dit, le jeune de 26 ans décide de s’immoler par le feu. Un sacrifice qui déclenchera le printemps arabe. Le ras-le-bol devient une contestation populaire qui va propager à travers le pays, jusqu’à atteindre la capitale.
Dans le monde arabe, des dizaines de jeunes suivront son « exemple » et s’immoleront après lui. Est-ce le début d’une vague de contestation par cet acte de sacrifice en Côte d’Ivoire ?
Pour moi, cette l’action suicidaire posée par Mandjara Ouattara doit emmener l’Etat à prendre conscience d’un certain nombre de choses dans la société ivoirienne afin que ce genre de situation ne prospère pas en Eburnie.
FBI
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