Enseigner, ce n’est pas serrer des boulons !

Article : Enseigner, ce n’est pas serrer des boulons !
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17 février 2025

Enseigner, ce n’est pas serrer des boulons !

François Mitterrand disait : « Être enseignant, ce n’est pas un choix de carrière, c’est un choix de vie. » Mais que veut dire enseigner en milieu scolaire ?

J’ai toujours adhéré à cette pensée de François Mitterrand en posant mes pieds à l’École des sciences de l’Éducation de l’Université Laurentienne en 2019. C’est de croire qu’il ne s’agit pas de venir dans un domaine pour se remplir les poches, encore moins pour faire la belle vie. Pour moi, celui qui embrasse le métier d’enseignant doit avoir à cœur de faire une différence dans la vie de celles et ceux qu’on considère comme l’avenir de demain. Quand je dis ça, je vois mon père, qui a consacré 20 années de sa vie à l’enseignement, et qui est mort à la tâche en 1998 sans être milliardaire.

Avoir l’amour du métier et non de l’argent…

Devons-nous, en tant qu’enseignants ou futurs enseignants, semer de « mauvaises graines » dans un milieu qui devront éclore plus tard ? La réponse est non ! Lorsqu’on aime quelque chose, on le fait avec beaucoup de passion et de sérieux. On s’implique à fond ! En revanche, si nous voulons enseigner seulement avec la tête, les bras, les pieds, sans le cœur, on ne sera jamais à la hauteur de nos propres attentes et de ceux qui nous regardent. L’enseignant doit avoir à cœur le devoir et l’obligation de « former efficacement les élèves dans toutes les matières », comme nous le dit le Règlement 298 de la loi sur l’éducation en Ontario, dans la description légale des fonctions de l’enseignant.

Je suis entièrement d’accord avec Rita Pierson. Dans une anecdote lors de la conférence TED Talks Education, 2013, elle racontait qu’un enseignant lui avait dit : « Les parents ne le paient pas pour aimer leurs enfants, mais pour faire des leçons. » Elle lui a rétorqué : « Les enfants n’apprennent pas des gens qu’ils n’aiment pas. »

On devrait comprendre par là qu’un enseignant peut réussir dans sa mission s’il est capable de créer une véritable connexion, des relations avec ses élèves afin que ceux-ci sentent qu’il a un impact positif dans leur vie. Pour pouvoir créer une connexion, j’appuie la stratégie de Diane Lataille-Demoé, professeur à l’Université Laurentienne : l’enseignant doit apprendre à connaître son groupe, les avoir comme allié pour pouvoir faire accepter son « autorité naturelle ».

Humaniser son enseignement !

« Aucun apprentissage significatif ne peut se produire sans une relation significative », dit Rita Pierson en citant James Comer. Autrement dit, si on n’est pas capable d’humaniser notre enseignement, on ne sera pas capable de faire passer nos messages et la gestion de la classe sera un casse-tête chinois. Cela me conforte à l’idée de ceux qui pensent également que « l’enseignant est un individu qui nourrit les esprits, réconforte les cœurs et insuffle des rêves ». Car, il ne s’agit pas d’enseigner pour enseigner. Il s’agit d’être capable de se faire plus petit que soit pour comprendre les élèves, se mettre à leur niveau tout en leur donnant envie d’aller plus loin dans leur apprentissage.

Comme Brian Lavoie, professeur à l’Université Laurentienne, avait pour habitude de dire : « Enseigner, ce n’est pas serrer des boulons ! » Ce n’est tellement pas cela que, lorsque je visionne la vidéo de Donald Albert, un éducateur inspirant, Cyber-Prof, on a l’impression qu’il réinvente la profession enseignante dans toutes les matières qu’il enseigne. Grâce à sa méthode unique, qui consiste à associer les parents aux apprentissages de leurs enfants en s’appuyant sur des activités ancrées dans leurs origines et leur quotidien, on perçoit l’engagement de chacun et l’attention qu’ils portent à ce qu’ils font.

Se rendre plus petit pour grandir avec ses élèves

Et pourtant, j’estime que M. Albert ne réinvente pas la roue de l’enseignement. Sa stratégie est toute simple. Il préfère ‘’comprendre ses élèves que de se faire comprendre’’. Et pour le faire, il essaye juste d’être à l’écoute de ses élèves. Il cherche à savoir ce qu’ils aiment, ce qu’ils veulent pour pouvoir susciter leur curiosité en leur faisant vivre des situations réelles.

En enseignant ainsi, pour moi, Donald Albert est l’un des « champions » que chaque élève devrait avoir dans sa salle de classe, comme le souligne Rita Pierson : « Un adulte qui ne les abandonnera jamais, qui comprend le pouvoir de la connexion, qui insiste pour qu’il [élève] devienne un champion. »

Une chose est de vouloir être un bon enseignant, en ayant à cœur toutes les valeurs définies par les normes de la profession enseignante à savoir l’empathie, le respect, la confiance et l’intégrité. Mais une autre chose est de ne pas perdre de vue l’actualisation de son cheminement professionnel et personnel. Pour paraphraser Diane Lataille-Demoé, c’est en reconnaissant ses erreurs, ses ratés que l’enseignant cherchera à se perfectionner, à approfondir ses connaissances afin de toujours répondre aux attentes des élèves. Diane Lataille-Demoé [entrevue, Cyber-profs] fait bien de rappeler que : « Être enseignant, c’est un défi à vie. » On devrait y travailler durant toute notre vie d’enseignant.

Baba I. Fofana

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