Attaque de Bassam, ne tirez pas sur l’ambulance !

Article : Attaque de Bassam, ne tirez pas sur l’ambulance !
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15 mars 2016

Attaque de Bassam, ne tirez pas sur l’ambulance !

Difficile de le dire. Mais hélas… cet attentat a été prémédité après l’attaque de Ouagadougou. Et, finalement, le plan funeste à été mis en exécution le dimanche 13 mars 2016 – au lendemain de la clôture du MASA – dans la cité balnéaire de Grand-Bassam. 19 personnes ont été froidement assassinées, et plusieurs grièvement blessées par une bande de terroriste, au moment où la Côte d’Ivoire sort d’une grave crise-post-électorale qui a fait plus de 3000 morts.

Scène de crime, étoile du sud, Grand-Bassam (Ph EPA - E.Koula)
Scène de crime, étoile du sud, Grand-Bassam (Ph EPA – E.Koula)

Un dimanche noir, une scène atypique à Grand-Bassam, où la deuxième session de formation Mondoblog avait posé ses valises, il y a deux ans, en compagnie d’une soixantaine de blogueurs francophones. Cette ville touristique, première capitale de la Côte d’Ivoire qui attire du beau monde de part ses plages et complexes hôteliers, a été frappée en plein cœur par des hommes armés, sans foi ni loi. Au dire des informations, l’attaque a été revendiquée par Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) : « ces assaillants puissamment armés et portant des cagoules ont tiré sur les occupants de L’Etoile du sud et des personnes en bordure de plage ». Pour s’en rendre compte, il fallait être présent sur les réseaux sociaux pour voir les images macabres et choquantes que des gens ont osé publier, crûment, sans crier gare. Liberté d’expression n’est pas libertinage.

                 Face aux conséquences…

Alors que nous ne sommes pas encore totalement sortis de la crise – puisqu’il n’y a pas eu de véritable réconciliation –, voilà qu’une autre vient de voir le jour. Et patatras… les commentaires vont bon train. Dans les rues, sur les réseaux, des gens sont en train de politiser le ‘’drame national’’. Pour certains, c’est un « coup préparé » de l’actuel régime, qui serait en perte de vitesse. Pour d’autres, « ce sont les occidentaux qui attirent les terroristes en Côte d’Ivoire et partout en Afrique », ou encore que « c’était une délégation américaine présente à Bassam qui était visée ». Pour moi, on ferait mieux d’arrêter toutes ces élucubrations et de gagner en maturité ! Car nous ne devons pas oublier que les populations sont traumatisées, avec, in fine, des familles endeuillées.

Une soixantaine de Blogueurs francophones ont eu l'occasion de faire une formation Mondoblog à Bassam, dans ce complexe hôtelier (Tereso) en mai 2014. Ph: Thelyson Orélien
Une soixantaine de Blogueurs francophones ont eu l’occasion de faire une formation Mondoblog à Bassam, dans ce complexe hôtelier (Tereso) en mai 2014. Ph: Thelyson Orélien

En vérité, nous étions habitués aux bruits de bottes et à des attaques de positions des militaires ivoiriens depuis la crise des 3000 morts. Mais cette attaque terroriste, la première du genre à laquelle nous venons de faire face, risque de nous créer beaucoup plus de problèmes que nous n’imaginons, si l’on n’y prend pas garde, que ce soit au plan politique, diplomatique, économique, social, etc. Nous nous réjouissions, hier, que la Côte d’Ivoire (1er producteur mondial de cacao), soit de retour dans le concert des Nations et qu’elle ait repris sa place de locomotive en Afrique de l’Ouest francophone. Elle venait même d’être désignée 1er pays d’Afrique subsaharienne le plus attractif pour des investissements, devant le Nigéria.

Une image démontrant également la gravité de l'attaque © AFP par SIA KAMBOU
Une image démontrant également la gravité de l’attaque © AFP par SIA KAMBOU

Désormais, on pourrait dire que ‘’rien ne se fera comme par le passé’’. La peur gagne de plus en plus les cœurs. Des entreprises, écoles, commerces, bureaux et bien d’autres vont vouloir mettre la clé sous le paillasson pour ne pas être une cible potentielle, suite à cette attaque terroriste qui s’est introduite à partir de la banlieue abidjanaise. La psychose est devenue trop réelle. Des intentions d’attaques dans certains coins de la capitale ou du pays se font entendre de la part d’AQMI. Selon des informations rapportées par Alakhbar, une agence de presse mauritanienne, « AQMI met également en garde la Côte d’Ivoire et les autres pays en alliance avec la France contre ‘’la colonisation de nos terres et l’agression contre notre peuple et nos symboles sacrés’’. Le groupe djihadiste menace encore de ‘’poursuivre les croisés’’ dans leur lieu de refuge et notamment de rassemblements de touristes ».

                                                                                              …Rester debout !

C’est à croire qu’il n’y aura plus d’attroupement comme on le voyait récemment au Marché des Arts du Spectacle Africain (MASA), qui aurait enregistré la participation de près de 2000 internationaux venus de 37 pays des quatre coins du monde. Que dire alors des prochains 8ème Jeux de la Francophonie en 2017, censés accueillis plus de 4000 personnes en Côte d’Ivoire ?

C’est pourquoi nous ne devons pas tirer sur l’ambulance, celle qui devait et devrait sortir le pays des crises interminables, de la division vers des lendemains meilleurs. En pareille circonstance, seule l’union des filles et fils du pays peut nous remonter le moral, en montrant à ces tueurs qu’ils ne peuvent pas nous vaincre, parce que nous pouvons et allons continuer de vivre non pas la peur au ventre mais dans une totale quiétude. Grâce à notre union, nous pourrons décourager les forces du mal. Si nous avons connu un coup d’Etat, une rébellion, une crise post-électorale, ce n’est pas une attaque terroriste qui doit nous désarçonner. Pour l’heure, il nous faut une mobilisation autour de la mère patrie. Nous souhaiterions voir nos députés, nos hommes politiques, les autorités et les populations ivoiriennes dans les rues, main dans la main, comme c’était le cas en France et au Burkina, pour dire non au terrorisme quelque soit sa forme. Il faut déjà saluer la procession effectuée par les députés ivoiriens à Bassam et la campagne ‘’On n’a #MêmePasPeur sur la toile.

L'une des publications désobligeantes sur l'attaque terroriste de Bassam.
L’une des publications désobligeantes sur l’attaque terroriste de Bassam.

Ce n’est donc pas le lieu de réitérer les vieux discours du genre « nos frontières sont poreuses », ou que « nos hommes ne s’y connaissent pas en matière de renseignements ». Sinon, la ‘’grande France’’ n’aurait jamais été l’objet d’attaques terroristes le 7 janvier et le 13 novembre 2015, ou encore les ‘’puissantes USA’’ le 11 septembre 2001. Voyons plus loin ! #JeSuisBassam #CivYako

FBI, Fier d’être un Bon Ivoirien…

#CivYako #JeSuisBassam
#CivYako #JeSuisBassam
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Commentaires

kone seydou
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Au dela de la vague d'indignation et d'émotions suscitées par ces attaques terroristes a bassam, au déla du devoir d'unité nationale qu'exigent ces moments douloureux, il faut faire un état des lieux sans complaisance sur les causes de ces attaques. Meme, si le risque zero n'existe pas, jouons notre partition c'est a dire une surveillance beaucoup plus accrue de nos frontieres, assurer un maillage beaucoup plus important du territoire en matiere de renseignements. Toutes choses qui manquent a beaucoup de pays dont notamment ceux de l'Afrique de l'ouest

FBI
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Oui, je suis d'accord. Il faut faire un état des lieux sans complaisance. Cependant, faut il croire que nous avons été surpris par cette attaque terroriste? Alors que nos autorités étaient informées depuis longtemps ! D'ailleurs, une simulation d'attaque du genre a eu lieu ce mois de mars, quelques jours avant l'acte terroriste. Est-ce à dire que nos hommes attendaient d'être attaqués avant de mettre les bouchés doubles? Qu'est-ce qui n'a pas marché? Où alors un état des lieux après attentat nous permettra de parer à toute éventualité? Pour ma part, je pense que nous devons nous apprêter à vivre avec ça - les terroristes ne sont pas prêts à mettre fin à leur sale besogne, malgré le plan vigipirate en France ils ont frappé en novembre 2015 après les attaques du 7 janvier - et montrer aux yeux de ces personnes qu'ils ne pourront pas nous faire changer nos habitudes. Mais cela ne doit pas nous empêcher d'accroître la vigilance partout sur l'étendue du territoire national.