4 ans après, toujours pas de mémorial des 3000 morts de la crise ivoirienne

Article : 4 ans après, toujours pas de mémorial des 3000 morts de la crise ivoirienne
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11 avril 2015

4 ans après, toujours pas de mémorial des 3000 morts de la crise ivoirienne

11 avril 2011-11 avril 2015, il y a quatre ans, jour pour jour, nous étions sous le feu des balles assassines en Côte d’Ivoire. Une crise post-électorale née du refus de l’ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite dans les urnes au soir du 28 novembre 2010. Résultats : 3000 morts de part et d’autre…

Je ne reviendrai pas sur ma souffrance vécue – en tant que citoyen, journaliste, ‘’activiste’’ sur les medias sociaux – pendant ces moments de guerre fratricide qui ont mis la Côte d’Ivoire en lambeau et à genoux. Du plus simple des violations des droits humains… à la plus grave des violations du Droit internationale humanitaire (DIH). Ceux qui n’ont pas fui savent de quoi je parle. Mais, je me souviens des personnes tombées sous les balles des tueurs.

Officiellement, on nous a annoncé 3000 morts dans les deux camps qui se faisaient face. Des gens étaient chez eux, des balles perdues venaient mettre fin à leur vie. Des femmes étaient au marché, des obus venaient les exterminées etc. Bref, c’était la déchéance, l’horreur était à son comble.

Quatre ans après, les Ivoiriens essayent de tourner l’une des plus sombre page de leur histoire. Avec la mise en place de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) beaucoup a été fait. Mais le plus dur reste à faire. Des cadavres sont encore dans des fosses communes…

En attendant, je demande qu’on se souvienne de nos morts. Même si nous ne pouvons pas les ressusciter. S’il est vrai que « les morts ne sont pas morts », nous avons l’obligation de construire un mémorial pour ces 3000 morts de la crise post-électorale de 2010 en Côte d’Ivoire. C’est un devoir de mémoire !

Kigali genocide memorial centre. © Weblizar thrillingafrica.com
Kigali genocide memorial centre. © Weblizar thrillingafrica.com

A l’image du « Kigali Genocide Memorial », à travers lequel les rwandais ont dit «plus jamais ça au Rwanda», faisons en sorte que les Ivoiriens disent aussi « plus jamais en Côte d’Ivoire ».

Je sais que la dernière phase du processus de réconciliation est le ‘’Mémorial’’, pour la constitution d’un symbole de la mémoire collective des Ivoiriens. Ce mémorial doit nous permettre, ainsi qu’à nos enfants, de savoir ce qui s’est réellement passé à un moment donné dans ce pays phare de l’Afrique francophone. Nous devons toujours avoir en mémoire que c’est suite à une élection présidentielle que nous nous sommes entre-tués. Et prendre conscience des actes que nous allons poser dans le présent comme dans le futur.

Car, nous voici encore à la veille d’une élection présidentielle, celle d’octobre 2015. Qui a envie qu’elle se transforme en une autre crise post-électorale en 2016 ? En tout cas, je ne suis pas partisan de cette thèse.

De grâce, comme le souligne la CDVR, « sortons du sentiment d’appartenance ethnique et communautaire pour déterminer un nouveau mode de coexistence pacifique fondé sur le développement de la démocratie et de l’esprit citoyen en Côte d’Ivoire ».

FBI

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Commentaires

Benjamin Yobouet
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Je me souviens également comme si c’était hier de ce jour historique pleins d’émotions, de sensations, d'horeurs… Bel article, cordialement

Fofana Baba Idriss
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Oui, c'était atroce. Chacun à son mot à dire. Mais ceux qui ont vécu cette crise post-électorale à l'Ivoirienne, sauront mieux en parler. C'est plus qu'un devoir de mémoire pour moi d’évoquer la question des 3000 morts.