On paiera cash notre incivisme face au coronavirus en Côte d’Ivoire

Article : On paiera cash notre incivisme face au coronavirus en Côte d’Ivoire
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8 avril 2020

On paiera cash notre incivisme face au coronavirus en Côte d’Ivoire

Chassez le naturel, il revient au galop. Ce proverbe traduit le comportement rédhibitoire de certains ivoiriens en ces périodes difficiles que la Côte d’Ivoire traverse à l’instar de tous les pays du monde confrontés à la crise du Covid-19, la maladie à coronavirus. Dans ce pays, l’incivisme est devenu le maître mot de la conduite à tenir.

1000 morts par-ci, 1000 morts par-là… ça fait peur! Nous voici terrés chez nous, bientôt un mois, pour éviter de tomber nez à nez avec ce vilain virus qui, à ce jour, reste invincible. Plus les jours passent, plus le COVID-19 emporte des vies humaines. Citoyens lambda, artistes, footballeurs, personnalités, hauts dirigeants, pauvres, riches, vieux, jeunes, le coronavirus ne trie pas. Pays riches, pays pauvres, pays en voie de développement, on est tous logés à la même enseigne.

COVID-19, évitez de ‘’croiser ce tueur ’’ nez à nez!

Le COVID-19, ce nouveau coronavirus nous impose désormais sa loi. Il terrasse tous ceux et celles qu’il trouve sur son chemin. Pour éviter de ‘’croiser’’ ce « tueur invisible », certains dirigeants ont recommandé à leurs populations d’adopter de nouveaux comportements, un nouveau mode de vie. Il s’agit donc d’éviter de se rassembler ou de s’attrouper, de respecter des mesures de distanciation physique d’au moins un mètre entre deux individus, porter des masques et des gants. À défaut, les gens doivent rester chez eux, se confiner, parce que tous les commerces et entreprises non essentiels pour nos besoins vitaux ont mis la clé sous le paillasson.

Dans la plupart des pays occidentaux, il est formellement interdit de racoler dans la rue. On ne sort que lorsqu’il est question d’acheter de la nourriture au marché ou au supermarché, des médicaments à la pharmacie, de répondre à un rendez-vous à l’hôpital. En dehors de ça, si la police vous « prend », vous serez interpellés, verbalisés, et condamnés à payer une forte amende.

Pendant ce temps, on remarque dans plusieurs pays du monde l’union sacrée des populations autour de leurs dirigeants, qui pour respecter ou faire respecter les mesures prises pour stopper ou briser la chaîne de propagation du COVID-19, qui pour apporter du soutien ou des aides à leur gouvernement afin de mieux riposter sur le terrain.

En Côte d’Ivoire, on assiste à une ‘’politisation de la lutte’’ contre le COVID-19. En lieu et place de campagnes de sensibilisation de la population, dont une grande partie ne croit pas à l’existence de la maladie à coronavirus, certains hommes politiques tapis dans l’ombre manipulent les jeunes. On amène les gens à se rebeller contre les mesures et les dispositions prises par le gouvernement ivoirien.

Si les Ivoiriens craignaient vraiment le coronavirus

Comment comprendre que des individus puissent démanteler un Centre de Dépistage Volontaire (CDV) en construction à Abidjan, épicentre du COVID-19 en Côte d’Ivoire qui regroupe 97 % des cas de personnes infectées ? À l’heure où tous les hôpitaux du monde sont pleins à craquer, où les malades de coronavirus surabondes et manquent de place, doit-on encore mettre à mal les efforts consentis par un gouvernement qui veut sauver des vies ?

Le Centre de dépistage volontaire en construction à Yopougon, commune d’Abidjan. Ph : @Badciss (Twitter)

En effet, dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 avril, en plein couvre-feu, des personnes ont saccagé le CDV en construction dans l’une des communes les plus peuplées du District d’Abidjan à savoir Yopougon. Elles prétextent que le gouvernement veut les exposer au COVID-19 en construisant un centre pour malade du coronavirus au nez et à la barbe des habitants. Or, en réalité, il ne s’agit pas de « centre pour malade de coronavirus », mais plutôt un CDV, un grand chapiteau pour permettre aux populations de Yopougon de se faire dépister volontairement sur place.

On dira que le « crime de lèse-majesté » du gouvernement ivoirien est de ne pas avoir pris la pleine mesure de communiquer sur la construction de CDV dans la commune de Yopougon. En même temps, on se demande aussi pourquoi l’installation de CDV dans d’autres grandes communes d’Abidjan comme Abobo, Marcory, Koumassi et Port-Bouët n’a pas buté sur l’hostilité des populations.

Bien avant, le 20 mars 2020, en pleine crise du COVID-19, une foule d’individus en colère investit le Centre technique de la mairie de Yopougon pour réclamer la gratuité de la carte d’identité nationale ivoirienne. Résultat : tout le matériel d’enrôlement de la carte d’identité a été saccagé. Cela faisait suite à l’appel de certains hommes politique issus de l’opposition dont Assoa Adou, un des responsables du Front populaire ivoirien (FPI), le parti fondé par l’ancien président Laurent Gbagbo, celui-là même qui a voulu se maintenir au pouvoir après avoir perdu les élections présidentielles du 30 novembre 2010 dans les unes contre Alassane Ouattara.

Le gouvernement ivoirien joue pour sa survie?

Depuis l’avènement de cette pandémie du COVID-19 en Afrique en général et particulièrement en Côte d’Ivoire, le gouvernement ivoirien est sous le feu des critiques notamment de la part d’opposants politiques et de cyberactivistes sur les réseaux sociaux. Quand certains estiment qu’il y a eu une réaction [très] tardive face à la mise en place de mesure de prévention, d’autres font croire aux Ivoiriens que le gouvernement ne fait rien pour freiner la propagation du virus en Côte d’Ivoire.

Rares sont les hommes politiques qui, comme Simone Gbagbo, Affi N’Guessan ont fait des messages de sensibilisation pour parler de la gravité du COVID-19, en demandant à leur militants et aux populations de respecter les mesures de confinement instaurées par le gouvernement ivoirien.

Il est peut-être vrai que les autorités ivoiriennes ont négligé le COVID-19 au départ, tout comme plusieurs pays occidentaux. Mais pourquoi détruire des installations visant à faire face à la maladie du coronavirus dans une commune où le plus grand Centre hospitalier universitaire (CHU) est fermé depuis plusieurs mois pour réfection ?

D’ailleurs, à ceux qui disent que le centre en question serait en plein cœur d’un quartier, comment expliquez-vous que ceux qui habitent aux alentours du CHU de Yopougon n’ont jamais eu l’idée de démanteler de le démantelé? Même si le CDV en question devait être transformé en « centre pour malade » de coronavirus, en quoi cela exposerait des populations saines censées être confinées? Peut-on vouloir sauver des Ivoiriens à Yopougon en sacrifiant d’autres vies dans la même commune ? Il faut manquer de civisme pour braver le couvre-feu et s’en prendre à une installation financée avec l’argent du contribuable.

Je rappelle que Yopougon est réputée être le bastion des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo. Cette « cité de la joie », communément appelée « Yopougon de Gbagbo », abrite la majorité de ceux qu’on a connus comme étant les « jeunes patriotes » aux « mains nues » instrumentalisés sous le régime du prisonnier de La Haye. D’ailleurs, Yopougon est la commune qui est difficilement tombée aux mains des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) lors de la bataille d’Abidjan qui a vu la chute de Laurent-Gbagbo le 11 avril 2011.

Quand le Probo Koala empoisonnait et tuait…

Disons-le tout net. Le serpent n’est pas mort! À la veille des élections de 2020, les « jeunes patriotes » sont de retour avec leurs « anciennes pratiques ». Ils n’ont pas peur du coronavirus. Ils s’en foutent de tout en Côte d’Ivoire sauf de leur mentor Laurent Gbagbo, celui qui a gouverné la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010 dans des « conditions calamiteuses ». C’est d’ailleurs sous M. Gbagbo que le Probo Koala, un navire pétrolier immatriculé au Panama, appartenant à une compagnie grecque et affrété par la société hollandaise et suisse Trafigura, est venu déverser 581 tonnes de déchets toxiques en Côte d’Ivoire en septembre 2006.

Quand le régime Gbagbo autorisait le déversement des déchets toxiques en Côte d’Ivoire dans certaines communes comme Bingerville, y a-t-il eu une communication préalable ? Non!

Loin de faire une comparaison, faut-il rappeler aux Gbagbo ou rien (GOR) qu’à ce jour, le Probo Koala a tué [à ce jour] plus de personnes en Côte d’Ivoire que le COVID-19, qui est une affaire mondiale ? Selon Wikipédia, « ces 581 tonnes de déchets provenaient du nettoyage du bateau (un mélange de pétrole, sulfure d’hydrogène, phénols, soude caustique et de composés organiques sulfurés). Ces derniers, répandus à terre en zone de décharge provoquent des émanations de gaz mortels. La mort de 17 personnes et l’intoxication de dizaines de milliers de personnes (43 492 cas d’empoisonnement confirmés et 24 825 cas probables, d’après l’Institut National d’Hygiène Publique : INHP) sont imputées par Amnesty international aux émanations de ces déchets.

Il est encore temps de rentrer dans la République pour faire front commun contre le coronavirus qui ne tue pas en fonction du parti politique ou d’un leader politique. Le vrai patriotisme, c’est être là quand le pays nous appelle. La Côte d’Ivoire est en guerre contre le COVID-19, c’est maintenant ou jamais que les « jeunes patriotes » doivent écouter les consignes des autorités ivoiriennes pour bouter cette maladie hors du pays. Autrement dit, nous allons payer cash notre incivisme.

FBIYAY

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