Commission électorale, les femmes ivoiriennes crient à l’exclusion

Article : Commission électorale, les femmes ivoiriennes crient à l’exclusion
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4 juin 2014

Commission électorale, les femmes ivoiriennes crient à l’exclusion

La nouvelle loi sur la Commission électorale ivoirienne a été adoptée en plénière par le Parlement. Mais le Groupe des organisations féminines œuvrant pour l’égalité entre Hommes et Femmes en Côte d’Ivoire milite pour une représentation massive des femmes au sein de l’Institution chargée des élections.

Alors que les députés ivoiriens s’apprêtaient à voter, en plénière, la nouvelle loi portant réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), le mercredi 28 mai 2014, l’Assemblée nationale a été prise d’assaut par une centaine de femmes au Plateau. Elles, ce sont les Organisations féminines et de défense des Droits Humains en Côte d’Ivoire. Un regroupement qui refuse que la CEI soit prise en otage à travers une composition exclusivement réservée aux hommes.

Vêtues de blanc pour la plupart, pancartes en main, elles brandissaient tous des écriteaux du genre : « Egalité homme-femme, c’est maintenant ; des promesses, passer aux actes par cette loi ; une CEI sans les femmes = conflits postélectoraux ; la Côte d’Ivoire est-elle peuplée uniquement d’hommes ? loi muette sur les question du genre = mauvaise loi ». Une manifestation non bruyante à laquelle les policiers se sont invités afin d’éviter tout débordement. Mais dans leur détermination à se faire entendre, les « amazones » ont été reçues par le Secrétaire général de l’Assemblée nationale à qui, une déclaration a été remise.

Prévenir une crise !

Revenant aux faits, à travers ce réquisitoire, la présidente de ce Groupement de femmes, Gogoua Rachel, souligne que l’actuel projet de loi sur la réforme de la Commission électorale arrêtée à 17 membres par le Gouvernement en Conseil des ministres, ne fait « aucune mention de genre, d’égalité et de parité entre les hommes et les femmes dans sa configuration ».

A l’analyse, confie-t- elle, « une telle répartition présage d’une sous représentation des femmes, voire leur absence de cette Institution, capitale dans le processus de démocratie et de cohésion sociale en cours en Côte d’Ivoire. La Commission électorale précédente présentait la même lacune et elle n’avait pas pu empêcher la crise électorale de 2010-2011 ».

Ces femmes ivoiriennes entendent aller jusqu'au bout du combat contre les inégalités sociales. Ph: Wanep-ci
Ces femmes ivoiriennes entendent aller jusqu’au bout du combat contre les inégalités sociales. Ph: Wanep-ci

Se disant marginalisées, la démarche des femmes vise à interpeller aussi bien le Gouvernement, le Parlement ainsi que les partenaires au développement sur les dangers qu’une ‘’CEI sans la représentation significative des femmes pourrait avoir sur la vie démocratique du pays’’. Pour elles, « la Commission électorale étant la structure qui organise la régulation de la vie démocratique de la Côte d’Ivoire, la présence de la femme en son sein leur permettra non seulement de participer à un haut niveau, à la gestion pacifique de la vie démocratique de leur pays mais aussi d’atténuer les velléités d’affrontement des uns et des autres en y apportant son talent de conciliatrice qui lui est propre ».

Tout en témoignant le rôle joué par les femmes pendant les heures chaudes. A en croire la présidente, au plus fort des différentes crises, y compris celle de 2010, n’eut été l’action des femmes, le pays aurait connu le ‘’parachutage’’ de vivres et sombrerait à l’évidence dans le chaos. « Elles font vivre les habitants de ce pays parfois au détriment de leur vie. Pour preuve, le marché Siaka Koné de la commune d’Abobo a été bombardé en janvier 2011 pendant qu’elles y étaient », révèle Gogoua Rachel. D’ailleurs, en plus de tout cela, les femmes des organisations de la société civile, n’ont pas été associées aux différentes négociations pour la sortie de crise, mais elles ont sillonné toutes les grandes capitales politiques dont Addis-Abeba, Abuja, New York, Accra,…, pour un plaidoyer en faveur du retour pour la paix.

Appliquer les textes ratifiés…

C’est pour quoi, les « amazones » souhaitent que la politique du genre dont parle le président de la République, Alassane Ouattara, prenne son envole. Elles trouvent inconcevable que la Côte d’Ivoire refuse d’appliquer les instruments internationaux, régionaux et nationaux que ses gouvernants ont ratifiés.

Les femmes ivoiriennes réclament l'application des textes ratifiés par la Côte d'Ivoire. Ph: Dr
Les femmes ivoiriennes réclament l’application des textes ratifiés par la Côte d’Ivoire. Ph: Dr

Il s’agit de la Résolution 1325 des Nations-Unies, la CEDEF (Convention pour l’élimination de toutes formes de violences à l’égard des femmes) ; du protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droit des femmes ; de la déclaration des chefs d’Etat de l’union africaine, de la déclaration des Chefs d’Etat de la CEDEAO ; du protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de résolution, de maintien de la paix de la CEDEAO ; du document de politique nationale sur l’égalité des chances, l’équité et le genre ; de la constitution du 1er août 2000 proclamant l’égalité entre l’homme et la femme par une participation effective et paritaire à tous les niveaux.

Outre cela, la Côte d’Ivoire fait partie des premiers pays au monde à avoir développé son plan d’action national pour la mise en œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Pourtant, l’un des axes principaux de ce plan est la participation des femmes aux postes de prises de décisions à tous les niveaux. « Alors, à quand les actions positives pour l’implication des femmes dans les sphères de décisions? », s’interroge le Groupe des organisations féminines. Pour elles, il est temps de commencer des actions concrètes dans ce sens et d’utiliser toutes les ressources disponibles.

FBI

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Commentaires

Aly COULIBALY
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Ca va aller. Aucun combat ne se gagne en un jour. Du courage mesdames. Mais dans le fond et sans être misogyne qu(est ce que ca va changer?

Fofana Baba Idriss
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Aly, tu poses la question de savoir ce que ça va changer? Elles disent que la présence des femmes à la CEI évitera beaucoup de compromissures…