Le BOG: Bédié, Ouattara, Gbagbo ou le tribalisme ivoirien
A travers une déclaration, l’opposant Mamadou Koulibaly, président de Liberté et démocratie pour la République (Lider), fait un plaidoyer contre le tribalisme. Ce, afin de permettre un bon déroulement du 4e Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), il dénonce la mention de l’ethnie dans le questionnaire.
Ce n’est un secret pour personne. On le sait, la politique ivoirienne est tombée dans la ‘’manipulation’’ ethnique. Au point où un Ivoirien ne fait plus rien avec un Ivoirien sans avoir à l’idée sa provenance. Cela serait pour lui un gage de confiance dans leur relation.
Pour finir, cette vision tribale a eu pour conséquence le déchirement de la cohésion sociale entre les populations ivoiriennes. Et les stigmates sont perceptibles avec des appellations du genre « boussoumani ou chrétien en dioula », « kôbala ou boussoumani» et « kangadjora ou dioula en baoulé ».
Mamadou Koulibaly le dit bien, dans son plaidoyer : « Quand Koulibaly leur parle, ils voient un Dioula avec lequel »on n’attache pas bagage ». Quand Gbagbo leur parle, ils voient un Bété »boussoumani » qui ne peut les commander. Quand Bédié leur parle, ils voient un Baoulé »kôbala » qui est resté trop longtemps au pouvoir au point de croire qu’il n’y a que lui pour les gouverner. Quand Ouattara leur parle, ils voient un étranger, Burkinabè de surcroît, qui ne peut pas être leur président ».
Cette requête du patron de Lider trouve son sens dans la mesure où il est temps de mettre fin à certaines pratiques tribales. Selon lui, les Ivoiriens doivent arrêter de décrire le nom ‘’Koulibaly’’, où le (BOG) ‘’Bédié, Ouattara, Gbagbo’’ comme des unités ethniques. C’est-à-dire, des gens qui n’ont de valeur que par rapport aux perceptions qu’ils ont de leur tribu. « Ils sont d’abord leurs ethnies avant d’être des humains. Leurs groupes ethniques les définissent mieux que leurs caractères propres. C’est le tribalisme qui se révèle, en définitive, être un pauvre palliatif à l’intelligence politique et sociale », a fustigé Mamadou Koulibaly, ex-président de l’Assemblée nationale de 2001 à 2012.
Faisant allusion au 4e Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), l’universitaire estime que la mention ethnique introduite dans le questionnaire va mettre à mal le processus. D’autant plus que, selon lui, « toutes les ethnies y sont représentées de A comme Abbey à Y comme Yaouré ». Sans qu’il n’y ait de place pour les naturalisés dans les 170 catégories affichées.
Face à cet imbroglio, le président de Lider se pose des questions sans fin : à savoir : « Quelle ethnie devrait donc s’attribuer une personne dont la mère est baoulé et le père est koyaka (du nord) ? Où quelqu’un dont la mère est Yacouba et le père bété (de l’ouest) ? La mère Gouro et le père Ebrié ? Quelle ethnie devais-je mentionner, moi qui suis né à Azaguié d’une mère malinké et d’un père sénoufo ? »
Pour Mamadou Koulibaly, tout ce flou est non seulement de nature à entretenir le ‘’tribalisme’’ qui divise les Ivoiriens, en les dressant les uns contre les autres, mais en plus rentre en ‘’contradiction flagrante’’ avec la nouvelle loi n°2013-233 du 25 janvier 2013 qui abroge le statut de chef de famille jusqu’ici dévolu à l’époux. Cela dit, il est temps de juger les personnes par leur valeur intrinsèque et non par leur ethnie. Il y va de l’intérêt de la construction d’une Nation plus forte.
FBI
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