Election, le parti de Ouattara divisé dans 97 localités

Article : Election, le parti de Ouattara divisé dans 97 localités
Crédit:
29 août 2014

Election, le parti de Ouattara divisé dans 97 localités

Pour l’élection des secrétaires départementaux du Rassemblement des républicains (Rdr), le samedi 6 septembre 2014, 332 candidats seront face à 239.000 électeurs. Ils devront prendre d’assaut 743 bureaux de vote, prévues dans 438 localités, pour élire 120 nouveaux responsables de base du parti au pouvoir. Si dans 23 localités les prétendants vont en roue libre, force est de reconnaître que les Républicains sont divisés dans 97 départements. C’est un secret de polichinelle.

Gilbert Koné Kafana, au micro, l'un des responsables politiques du Rdr, chargé des questions électorales. Ph: Abidjan.net
Gilbert Koné Kafana, au micro, l’un des responsables politiques du Rdr, chargé des questions électorales. Ph: Abidjan.net

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils sont considérés comme le fer de lance de la mobilisation sur le terrain. Eux, ce sont les Secrétaires de section du Rdr. La direction du parti à la « case verte » a décidé de procéder au renouvellement de ces responsables. Alors que le Rdr va à l’élection présidentielle de 2015 sans aller au Congrès, fallait-t-il surseoir aussi l’élection des Secrétaires départementaux en attendant le Congrès en 2016 ?

Très déçue de la direction de leur parti, après l’accession du président Alassane Ouattara au pouvoir d’Etat en 2010, la plupart des responsables locaux du parti à la case verte avait parié ne plus ‘’se battre pour rien’’. « Il n’y aura plus de départementaux fous que ceux qui sont présents devant vous. Nous nous sommes battus face aux kalachnikovs, nous avons pris tous les risques pour notre parti », confiait Diabaté Kramoko, départemental Rdr sortant de Daloa, face au ministre Légré Philippe, le 3 juillet 2014.

Cet ancien de la ‘’case’’ dénonçait le mépris à l’égard des secrétaires départementaux qui se sont battus et qui n’ont finalement rien eu dans le partage du gâteau. « Nous ne demandons pas à être ministres. Nous ne demandons pas à être reçus au palais. Mais au moins, si le président de la République avait reçu la centaine de secrétaires départementaux chez lui à la maison, cela aurait été une reconnaissance », dénonçait Doh Blé Victor Isaac, à son tour. Avant d’enfoncer le clou : « Que le Président Ouattara, lui-même, se donne les moyens pour son deuxième mandat en 2015. On ne peut plus marcher pour lui donner un autre mandat ».

Ecarter les anciens…

Face à ces récriminations ‘’légitimes’’, la haute direction n’a pas voulu prendre de risque. Au sortir de la réunion du bureau politique du 30 mai 2014, le Secrétaire général par intérim, Amadou Soumahoro et ses hommes ont annoncé le recrutement de nouveaux secrétaire départementaux qui devront travailler à la réélection de Ouattara.

Malheureusement, en voulant écarter les ‘’réfractaires’’, avec ces joutes, le Rdr vient de réveiller une guerre latente. Qui, c’est un secret de polichinelle, s’annonce fratricide au sein de la case verte. Car, après la bataille des élections locales, législatives, municipales et régionales, qui a laissé des stigmates, des militants veulent se venger, soit de certains cadres, soit de la direction du parti qui tentait d’imposer leurs hommes à la base. Mais, cette fois-ci, avec l’élection des responsables locaux, les choses ne sont pas les mêmes.

Même si l’objectif affiché, c’est la réélection du président Alassane Ouattara en 2015. N’empêche, la volonté des uns et des autres à vouloir briguer le poste de départemental est une affaire personnelle. « La direction ne force pas les militants à être candidats. C’est seulement ceux qui ont confiance en eux et qui remplissent les conditions d’éligibilité qui font acte de candidature », croit savoir un cadre de la rue Lepic. « La direction du parti n’est ni de près, ni de loin mêlée à cette élection », tente de rassurer Gilbert Kafana Koné, Secrétaire général adjoint chargé de l’Organisation, de l’Administration et du Patrimoine du Rdr. Qui, dès la publication de la liste des 332 candidats le mercredi 20 août 2014, a aussitôt convoqué les prétendants, 48 heures après.

L’ancien ministre d’Etat leur a expliqué le mode d’organisation du scrutin à laquelle ils devront prendre part, le 6 septembre prochain. Non sans exhorter les challengers à faire preuve de maturité et de dépassement de soi pour des élections empreintes de fair-play : « Je vous exhorte à aller à ce vote loyalement. L’enjeu n’est pas votre personne, mais la réélection du Président Ouattara. Ne faites pas de cette élection une question de vie ou de mort. Ayez le sens de la responsabilité ».

Guerre sans merci !

Au-delà de cette ‘’profession de foi’’ du Secrétaire général adjoint chargé de l’Organisation, de l’Administration et du Patrimoine du Rdr, l’élection des départementaux, il y a la vérité du terrain. Les candidats ne sont pas prêts à se faire des cadeaux.

Si dans 23 localités du pays, les prétendants vont en roue libre, notamment à Bocanda, Didiévi, Kong, Ferkessédougou, Kouassi-Kouassikro, Katiola, Korhogo, Tiassalé, Tiapoum, Sinfra, Zoukougbeu etc, ce n’est pas le cas dans 97 zones à pourvoir. Les Républicains sont divisés dans les communes où il y a plus de candidatures.

A Odienné la guerre fait rage. Le journaliste Traoré Idrissa alias ‘’Derby’’ a animé une conférence de presse, le 12 août dernier à Daloa pour fustiger l’attitude du départemental sortant, Diakité Coty Souleymane. Selon le cadre de ‘’Férémandougou’’, depuis la nomination de leur responsable, « il est inaccessible ». Pour lui, « le ministre a montré qu’il fait partie des vieux cadres du parti qui bloquent l’expression démocratique ».

Se disant fin connaisseur du terrain, ‘’Derby’’ annonce une guerre sans merci à ses adversaires. « A Odienné les vieilles marmites ne font pas de bonne sauce. J’ai la maîtrise du terrain et les moyens de terrasser le ministre et son candidat », juge l’Odiénnéka. Du côté d’Anyama, la bataille sera âpre. Sur les trois candidats en lice dans la cité du cola, il y a au moins deux cadres du parti qui ne se laisseront pas faire. Le départemental sortant, Lanciné Camara, malgré la ‘’vieillesse’’, sera-t-il prêt à soutenir Falikou Soumahoro ? Celui là même qui pense avoir tout donné au Rdr depuis sa création.

Ça crie à la fraude !

Tout comme Lanciné Camara, Falikou Soumahoro s’est senti exclu dans le choix du représentant du RDR aux élections locales de 2013. Cette fois-ci, le technicien des Travaux publics va-t-il sacrifier sa candidature ? Joint par téléphone, le Conseiller municipal a décrié des « tripatouillages sur les sections » dans sa localité. « Nous sommes allés nous plaindre à la direction du parti ce mardi (le 26 août 2014 , ndlr). Ils nous ont demandé de produire les preuves qu’il y a tripatouillage à Anyama », a confié Falikou Soumahoro.

Des secrétaires départementaux, lors d'une rencontre au siège du parti au pouvoir. Ph: Pams
Des secrétaires départementaux, lors d’une rencontre au siège du parti au pouvoir. Ph: Pams

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Même son de cloche à Adjamé. Dans la commune du maire Youssouf Sylla, cinq personnalités comptent se mesurer dans les urnes. Mais, officieusement, « le contrôle du Rdr à Adjamé oppose deux camps avec chacun un candidat à l’élection départementale et un candidat à l’élection Rjr nationale », dixit l’acolyte d’un prétendant au poste de départemental sur sa page Facebook.

Si le camp Diomandé Youssoufou est resté fidèle au Rdr depuis toujours, l’autre camp est un regroupement des indépendants nés des élections locales. A en croire le défenseur de Diomandé Youssoufou, cette fracture met à mal la cohésion au sein de la case des Républicains dans la commune commerciale. Il ne croit pas si bien le dire en prière: « Je prie pour que ces élections ne souffrent pas de contestations et que le Rdr vive et vive a Adjamé sinon, nos divisions nous feront perdre les élections locales à venir au profit, certainement du Pdci dont les militants voteront en bloc leur champion communal ». Ces vœux seront-ils entendus du côté d’Abobo ? La commune martyre, avec neuf candidats, compte le plus grand nombre de candidatures à ces élections départementales.

Ainsi, trois listes vont devoir s’affronter. A savoir, la liste ‘’Emergence’’, la liste ‘’Union-solidarité’’ et la liste ‘’Espoir’’. Au regard des personnalités qui y figurent, l’on peut dire sans risque de se tromper que les trois tendances qui s’affrontaient aux Municipales de 2013, « Toungara, Méité et Peuhmond » sont de retour. Qui va laisser qui ?

Pour l’honorable Yéo Brahima, cela s’explique par le manque de communication entre la direction et la base. Mais aussi, l’intention de la hiérarchie à vouloir imposer des gens. « Le manque de communication et la volonté de vouloir nous imposer des gens », dénonce le député d’Abobo. Toutefois, l’ancien professeur du lycée d’Anyama se dit prêt à aller au consensus « si les choix sont faits de manière objective ». « Moi, je n’ai aucun problème si ça peut permettre au Rdr de sortir plus soudé et prêt pour 2015 », répond Yéo Brahima, dans une conversation, sur Facebook.

Mais pour l’heure, l’ambiance est bon enfant au QG du parlementaire. L’homme s’attelle à « la formation des directions de campagne et les prises de contact avec les potentiels électeurs ». A Yopougon comme à Cocody, ou Koumassi, il y a huit candidats dans chaque commune. Et chacun est prêt à démontrer de quoi il est capable dans le seul désir d’arracher le poste au départemental sortant.

Conflit de positionnement…

Dans la cité du Fromager, à Gagnoa, qui de Abel Djohoré et de Bamba Mamadou va se venger de son frère ? La tension était montée entre le député et le maire pendant les dernières élections locales. Ce ‘’conflit’’ de positionnement va-t-il remettre encore à mal le fonctionnement du Rdr dans le Gôh ? En tout cas à Bouaké Fanny Brahima est hors course. Après plusieurs critiques, le ‘’vieux’’ a décidé de se reposer. Et finalement 7 candidats, sur le starting-block, veulent en découdre.

Il en est de même à Séguéla où un candidat aurait le plus grand soutien d’un mentor du Secrétariat général du Rdr. Issiaka Fofana, accusé à tort ou à raison d’avoir la caution d’Amadou Soumahoro, veut prendre sa revanche. Après avoir accepté de retirer sa candidature aux élections régionales, le directeur général de la Loterie nationale de Côte d’Ivoire (Lonaci) n’entend pas faire de cadeau au maire indépendant qui a terrassé son mentor.

Alors que certains faisaient croire dans la presse que la direction du RDR a écarté les ministres et autres DG de la course, la règle ne s’applique pas au ‘’bon petit’’ du ‘’tchomba’’ de la case verte. Le patron de la Lonaci est bel et bien dans la course. C’est tout comme ceux qui occupent des postes électifs dans leur localité et qui refusent de laisser les autres se promouvoir. Cela est visible à Duékoué où l’honorable Flanizara Touré, départementale sortante, est encore candidate à sa propre succession. Elle devra faire face à trois autres militants ‘’convaincus’’ dans le Guemon.

C’est pareil à Marcory. L’honorable Traoré Idrissa dit « Idi », départemental sortant, doit batailler dur face à trois autres postulants. Tout bien calculé, la bataille des élections départementales s’annonce comme un règlement de compte dans la case verte. A coup sûr, des militants vont faire mordre la poussière à des cadres. Et, il faut parier que la direction du Rdr sera agréablement surprise. Mais attendons de voir !

Que gagnent les départementaux ?

On doit s’attendre à tout. En refusant d’aller à un Congrès avant la présidentielle de 2015, la direction du Rdr a misé gros sur le renouvellement des structures spécialisées (Rer, Rfr, Rjr) et des ‘’préfectures’’ du parti. Au nombre desquelles, les secrétaires départementaux, premiers responsables dans les 120 localités où les Républicains se sont le plus implantés. Les cadres qui seront donc élus au soir du 6 septembre prochain ont pour objectif de remobiliser les militants et les ‘’frustrés’’ afin d’assurer une victoire au président Ouattara en 2015. Mais à quel prix ?

Selon des sources bien informées, « un budget sera mis à la disposition des secrétaires départementaux pour leur faciliter le travail sur le terrain ». Vrai ou faux ? En tout état de cause, croit savoir un cadre, « Ouattara est prêt à mettre la main à la poche pour s’assurer une réélection en 2015 ».

Quand on sait que le RDR est dans une grande stratégie pour faire gagner son candidat aux prochaines présidentielles de 2015 avec ou sans ses alliés du RHDP, on est bien tenté de dire que le parti au pouvoir est là à la croisés des chemins. C’est vrai qu’il y a un travail de titan à faire au niveau du ratissage. Mais cette élection des départementaux ne créera-t-elle pas une autre frustration chez des militants de premières heures comme l’a essayé le FPI avec la majorité présidentielle (LMP)? C’est la nouvelle équation que devra résoudre le nouveau Secrétariat général du RDR.

Les consignes de Kafana

C’était le vendredi 22 août 2014. Juste après la publication de la liste définitive des 332 candidats aux élections des secrétaires départementaux, le Secrétaire général adjoint chargé de l’Organisation, de l’Administration et du Patrimoine du Rassemblement des républicains (Rdr), a reçu les prétendants. Au cours d’une conférence de presse, Gilbert Kafana Koné a expliqué le mode d’organisation du scrutin du 6 septembre prochain. « Dans chaque localité, un superviseur sera aidé par deux assistants. Ces équipes auront pour coordonnateur un secrétaire général adjoint désigné à la faveur du séminaire politique tenu il y a quelques mois. 239.000 électeurs sont attendus pour ce scrutin. Ils doivent prendre d’assaut les 743 bureaux de vote dans les 438 localités ».

Poursuivant, l’ancien ministre d’Etat a fait un éclairage sur le dépouillement du vote: « les dépouillements se feront dans les bureaux de vote puis ramenés dans les chefs-lieux de département. Là-bas, nous ferons la centralisation des données qui sera suivie de la proclamation provisoire des résultats ». Mais en plus des consignes de Kafana, le Secrétaire général adjoint chargé de l’Organisation a surtout voulu sensibiliser les 332 candidats à aller à des élections civilisées. L’entendront-ils, avec ce qui se profile à l’horizon ?

FBI

Partagez

Commentaires

Fofana Baba Idriss
Répondre

Les gens sont tellement gourmands au Rdr... Cette élection va encore faire des frustrés.

Ladji Sirabada
Répondre

Affaire de politique et de trahison. Les Secretaires departementaux n'ont pas tort/Mais une choses quand eme egoiste: pourquoi ceux qui sont deja deputé ou maire veulent t(ils encore etre departementaux, un poste sans budget? Hum les pouvoirs ADO doit apprendre a respecter au moins les electeurs hein.