Au Cameroun, le discours-vérité de Guillaume Soro…

Article : Au Cameroun, le discours-vérité de Guillaume Soro…
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17 juin 2014

Au Cameroun, le discours-vérité de Guillaume Soro…

Le président du parlement ivoirien Guillaume Soro s’est rendu au Cameroun le mardi 10 juin 2014, pour une visite officielle de 5 jours. Alors que certains étaient réfractaires à sa venue sur leur sol, dans un discours on ne peu plus panafricain, il a craché ses vérités sur les raisons qui l’ont poussé à devenir rebelle en septembre 2002. Je reviens sur des morceaux choisis.

Malgré certains tapages sur sa venue au Cameroun, Guillaume Soro est resté serein. D’ailleurs, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a eu droit à prononcer un vrai speech à l’hémicycle du Parlement Camerounais. Et devant les députés, celui qu’on appel le ‘’ Tchênigbanani’’ de la politique ivoirienne n’a pas eu la langue de bois. Les députés du Front social démocratique (SDF) qui pensaient que le chef du Parlement ivoirien aurait la trouille se sont rendus à l’évidence. Même si les 18 députés du SDF ont déserté l’hémicycle au moment de la prise de l’ennemi juré.

Dans son discours, tant redouter par les partisans de John Fru Ndi, Guillaume Soro n’a pas eu honte de dire au peuple camerounais qu’il a été rebelle dans sa vie. Tout simplement, selon lui, parce qu’il voulait mettre fin à l’injustice, à la xénophobie, à l’exclusion et à la catégorisation des Ivoiriens. « Oui, chers amis Camerounais, je vous le dis: je me suis rebellé contre l’ivoirité qui catégorisait les Ivoiriens », soutien-t-il, avant de rappeler quelque faits : « Voici donc un pays, la Côte d’Ivoire, ce havre de paix admiré dans la sous-région pour la sérénité de ses habitants et la stabilité de ses Institutions, qui se retrouve à son tour au bord du gouffre de la division et de la destruction. Voici donc une nation qui se prend à oublier que ce qui faisait sa noblesse et sa grandeur, c’était son esprit de tolérance et son respect de la différence ».

Pourquoi prendre les armes…

Une situation qui a conduit l’actuel chef des députés ivoirien à prendre les armes, à y dédier sa jeunesse et ses facultés. « Alors, voyez-vous, je n’ai aucun scrupule et je n’éprouve aucune hésitation à le dire, je me suis élevé avec force contre cette dérive identitaire, contre cette xénophobie rampante, contre cette politique discriminante. Oui, chers amis Camerounais, je vous le dis: je me suis rebellé contre l’ivoirité qui catégorisait les Ivoiriens », a appuyé Guillaume Soro.

Il a révélé que tout au long de son enfance et de son adolescence, il s’était familiarisé à l’idée de savoir ‘’qu’être Ivoirien et fier de l’être’’ était la même chose. « Tout au long de mon enfance et de mon adolescence, je m’étais familiarisé avec l’idée qu’être Ivoirien et être fier d’être Ivoirien, c’était la même chose ; qu’il y avait au cœur de chacun de mes concitoyens cet indéfectible attachement à une Côte d’Ivoire unie, qui vit en parfaite harmonie avec tous ses voisins et amis. J’ai fait mes classes avec des camarades dont je ne me suis jamais soucié ni de l’origine ethnique, ni de l’appartenance religieuse, car, pendant longtemps, ces données sectaires n’ont jamais habité, ni la façon de penser, ni la façon de faire des ivoiriens », a souligné le PAN.

Le président du SDF, parti d'opposition au Cameroun. Ph: DR
Le président du SDF, parti d’opposition au Cameroun. Ph: DR

Pour lui, il n’y a aucune différence entre l’Ivoirité et le colonialisme. Puisqu’il estime que le concept « ivoiritaire » a été récupérée par l’ex-président Laurent Gbagbo dès son accession au pouvoir. « En Côte d’Ivoire, on a voulu instaurer une hiérarchie naturelle entre des citoyens pourtant égaux en droits et en devoirs. Cette politique active de l’ivoirité insidieusement récupérée et amplifiée par Monsieur Gbagbo, n’était rien d’autre que la tropicalisation de la colonisation des Africains par des Africains », a-t-il confié au Parlement camerounais.

C’est pourquoi, Guillaume Soro n’a pas manqué de rappeler à ses collègues parlementaires que les sacrifices de leurs glorieux prédécesseurs, que sont Martin-Paul Samba, Edandé Mbita, Ruben Um Nyobè, Félix Moumié et autres, sont celles qui ont avivé la flamme de mon combat. « Oui, comme Martin-Paul Samba, Edandé Mbita, furent rebelles contre le colonialisme allemand ici au Cameroun, je le suis devenu ! Comme Ruben Um Nyobè, Félix Moumié, et bien d’autres, furent rebelles contre le colonialisme français ici même au Cameroun, je le suis devenu ! Comme le peuple Abbey de Côte d’Ivoire, cruellement déporté pour sa résistance au colonialisme français au début du 20ème siècle, je me suis rebellé ! Je suis rebelle contre toute politique occidentale, asiatique, américaine ou africaine qui normalise l’injustice, les discriminations, le mépris et l’exploitation quotidienne de l’homme par l’homme. Telle est la Cause à laquelle j’ai dédié ma jeunesse et mes facultés. Les causes qui ont justifié les sacrifices de vos glorieux prédécesseurs sont celles qui ont avivé la flamme de mon combat », s’est justifié l’ex-chef de la rébellion du 19 septembre 2002.

L’affaire Gbagbo !

A l’en croire, les premiers leaders africains ont intellectuellement réagi contre la colonisation par la doctrine dite du panafricanisme. D’où, selon lui, la haine de l’Occident est devenue pour bon nombre d’entre eux, une manière de déguiser leur mépris de la liberté et de la justice entre les Africains eux-mêmes. Aujourd’hui, Guillaume Soro pense qu’il faut poser aux panafricanismes africains des questions qui visent droit au cœur de la dignité humaine en péril dans tout combat politique. « On découvre alors que seul vaut un panafricanisme de projet, d’inclusion et de solidarité concrètes, alors que la pire des choses qui puisse nous arriver, c’est la confiscation du thème panafricaniste par les imposteurs du national-chauvinisme », a-t-il exprimé en face des députés camerounais. Et de s’interroger : « Sont-ils panafricanistes, ces Ivoiriens qui ont massacré le Burkinabé et le Malien, pour la simple et bonne raison qu’ils étaient Burkinabé et Malien ? Sont-ils panafricanistes, ceux qui considèrent les Camerounais vivant dans leur pays comme des sous-hommes? Les Tchadiens, les Centrafricains ou les Nigérians vivant chez eux comme des moins que rien ? ».

Le député de Ferké (au nord de la Côte d’Ivoire) s’est insurgé contre ces mauvaises langues qui pensent aux Cameroun que les Nations-Unies se sont ingérées dans les élections de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Alors que les parties prenantes avaient toutes accepté de signer des Accords dans ce sens. A ce titre, Guillaume a cru bon de rappeler à la face du Parlement camerounais, que l’élection présidentielle ivoirienne d’octobre-novembre 2010 fut l’élection la plus surveillée, et la plus rigoureuse de toute l’histoire contemporaine de ce pays. « Au demeurant, même un simple néophyte pourrait comprendre, sans être agrégé de mathématiques, que dans notre pays, lorsque 2 grands Partis politiques unissent leurs voix, le 3ème n’a aucun moyen de l’emporter », a-t-il éclairé.

Pour le chef du parlement ivoirien, trop de gens ont la mémoire courte sur la crise ivoirienne. « Si le Président Gbagbo avait cédé le pouvoir pacifiquement comme cela a été le cas du Président Wade au Sénégal ou du Président Rupiah Banda en Zambie, il n’y aurait pas eu toute cette tragédie postélectorale. Et Laurent Gbagbo ne serait pas aujourd’hui devant cette Cour Pénale Internationale à laquelle il n’a jamais été opposé quand il était encore au pouvoir ». Une manière au PAN de dire aux camerounais que Laurent Gbagbo est lui-même à la base de son départ à la Cour pénale internationale (CPI).

Franklin Nyamsi : « Belle leçon aux députés du SDF »

Guillaume Soro et Franklin Nyamsi. Ph: DR
Guillaume Soro et Franklin Nyamsi. Ph: DR

Professeur agrégé, docteur en Philosophie et Chercheur à l’Université de Lille 3, Franklin Nyamsi est camerounais de son état. En politique, il est l’un des ‘’formidable’’ Conseiller du président Guillaume Soro. Voici sa réaction qu’il a posté sur facebook, à la suite du boycott des députés du SDF : « Les députes du SDF viennent de se priver de l’audition du discours historique du Président Soro Guillaume Kigbafori au parlement Camerounais. En sortant de l’Hémicycle, ils avouent leur peur de la vérité et du dialogue. Le Chef du Parlement Ivoirien, imperturbable et serein, a bénéficié d’un standing ovation de 90% du Parlement Camerounais, pour une fois, convaincu de faire face à une figure historique. Guillaume Soro leur a dit: « Oui, je suis rebelle comme Um Nyobe, comme Felix Moumie, comme Manga Bell. Je suis rebelle, mais surtout pas comme les petits rebelles du SDF, incapables de supporter la contradiction et l’adversité …. » Magnifique ! Belle leçon de politique concrète donnée par Tienigbanani aux pieds nickelés du SDF dont le ventropoliticard député Joshua Osi, trop pressé d’aller se nourrir, au lieu de garder une attitude républicaine et conforme aux us diplomatiques! ».

FBI

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Commentaires

DOUMBIA SEKOU
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Une vraie leçon servie à ces Deputés sans arguments valables devant un Guillaume Soro déterminé à montrer à la face du Monde pourquoi il s'est insurgé contre le pouvoir Gbagbo. Je crois que les Deputés qui ont quitté le parlement ce jour-là doivent rendre des comptes à la population qui les a élus. Pourquoi ne sont-ils pas restés pour écouter le "Rebelle" et lui apporter la contradiction? C'est de cela qu'il s'agit.
Quand j'écoute certains intellectuels camerounais sur la crise ivoirienne, j'ai les larmes aux yeux car je comprend que l'Afrique a du boulot. Rester à de milliers de kilometres et tenir des propos sans fondement véridique sur la crise en Côte d'Ivoire, alors que la réalité est ailleurs, c'est revoltant. Je crois que les medias camerounais ont trop vite pris partie dans la crise ivoirienne sans fouiller veritablement dans les profondeurs de ce qui a opposé les ivoiriens. on ne peut admettre qu'une institution invalide les resultats de plus de 9 regions sous pretexte qu'il ya eu fraude et finir par proclamer les resultats sans tenir compte de la constitution qui prevoit qu'en cas d'irrégularitées graves constatées au cours d'un scrutin, qui entacheraient les resutats globaux, qu'il faut simplement annuler les resultats. Or le conseil constitutionnel ne l'a pas fait. en proclamant donc les resultats des zones qui etaient favorables à Gbagbo et le declarer vainqueur, n'arrangeait pas le candidat qu'il etait. M. Paul Ndré, juriste et universitaire averti n'a pas rendu service à Gbagbo.

Willy
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Qu'importe la raison une chose est sûr, le "ex" rebelle et sa clique ont renversé un gouvernement démocratiquement élu par les ivoirien. A ma connaissance l'ivoirité est a été démocratisée par le Houphouet à l'époque où Gbagbo était à l'opposition.
Il a juste eu le malheur de ne pas se marier à Neuilly et de se lever contre la françafrique le reste n'est jeux des intérêts pour les puissances occidentales?
Bien que l'histoire est écrite par les vainqueurs, la vérité sur le discours de Sorro est que la mémoire des héros Camerounais honi par le gouvernement actuel avec la complicité de l'ex colonisateur n'est nullement anobli de la bouche qui admire ceux qui se fossilisent au pouvoir, pour lequel ils ne se sont jamais battus à moins de réduire les héros de la décolonisation à la rébellion et finalement lâchement les abbatre

Ladji Sirabada
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Bien dit. Bien commenté. Bien choisi. Au moins la visite de Soro a permi la Capture du Courageux Don Melo. Hasard ou coincidence, certains camerounais devraient, pour les plus fanatiques, apprendre à s'écouter quand ils parlent de loin des questions dont-ils n'ont connaissances qu'a partir de brides de messages distillés sur facebook.

La democratie veut au moins qu'on apprennent à s'écouter pour mieux se connaitre et se comprendre. Les deutés SDF liront ce discours pour machiner leur ire.

Fofana Baba Idriss
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Oui, certains de nos frères du Cameroun ont tellement été intoxiqués par les pro-Gbagbo, qu'ils ont perdu la raison pour finir. En cas, je pense à mon humble avis que Guillaume Soro, a tant bien que mal, remporté une autre bataille: cette vérité que les députés du SDF ne voulaient pas entendre. S'agissant de l'arrestation de Don Mello, le PAN a dit clairement qu'il n'était à la base de rien, parce qu'il n'a pas cette capacité, selon lui-même, d'influencer "la politique défensive et sécuritaire" du Cameroun. Je prépare un billet sur l’interpellation du pro-Gbagbo au pays de Paul Biya. Je vais sincèrement attiré l'attention des autorités de ce pays. Elles ne doivent pas laisser des personnes de mauvais acabits détériorer les relations diplomatiques entre ces deux pays amis que sont la Côte d'Ivoire et le Cameroun. Sinon, les mêmes causes qui ont contribué à diviser les Ivoiriens vont se reproduire au Cameroun, et vont rendre les camerounais méchants...à cause des partisans de Laurent Gbagbo, le célèbre prisonnier de La Haye.