Moment d’élections, période de gifles à Montréal

Article : Moment d’élections, période de gifles à Montréal
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14 octobre 2017

Moment d’élections, période de gifles à Montréal

Certains sont allés jusqu’à comparer Montréal (une ville) à la Corée du Nord (un pays) pour parler d’une « mauvaise gestion » de celui qui dirige (au moment où j’écris) la deuxième ville la plus peuplée du Canada : Montréal. Est-ce, vraiment, la bonne stratégie pour déstabiliser l’adversaire ? Cette lettre d’opinion que vous allez lire n’est pas un pamphlet…

Pour le pouvoir, les hommes politiques sont prêts à tout. Loin de vouloir m’immiscer dans quoi que ce soit, je me permets de revenir – un tout petit peu – sur la sortie de notre célèbre avocate Anne-France Goldwater. Celle qui a comparé, le maire de Montréal, Denis Coderre, au dictateur Nord-Coréen, Kim Jong-un. Ce, alors que Me Goldwater apportait officiellement son soutien à Valérie Plante, candidate à la mairie de Projet Montréal.

D’abord, je tiens à souligner que je ne connais – personnellement – ni Denis Coderre, ni Anne-France Goldwater, ni Valérie Plante ; Mais à travers des événements, les médias et des sorties médiatiques.

Je sais que M. Coderre est l’actuel maire de Montréal, depuis le 14 novembre 2013. Qu’il a « dépensé plus de 250 000 $ pour faire rédiger des centaines de discours par des pigistes en trois ans, soit neuf fois plus que ses prédécesseurs de 2010 à 2013 ». Qu’il a « utilisé (01) milliard $ pour le 375ème, dix (10) millions $ pour illuminer le pont, vingt-quatre (24) millions $, pour deux jours de courses, – sans compter une marge de crédit de 10 millions de dollars pour l’organisme responsable de l’événement ». Qu’il est candidat à sa propre succession.

Faut-il pour autant diaboliser l’adversaire, jusqu’à ce point ?

Je sais que Mme Goldwater est une brillante avocate qui a longtemps lorgné la Mairie de Montréal. Qu’elle travaille dans un cabinet spécialisé en droit de la famille au Québec. Qu’elle tient le rôle principal de la nouvelle saison télévisée de L’Arbitre. Qu’elle « représente différents organismes – dont la coalition pour la promotion de la sécurité des personnes et des chiens (CPSPC) – et conteste devant les tribunaux le nouveau règlement animalier de Montréal, aux côtés de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) ». Qu’elle a renoncé à se présenter à la mairie de Montréal pour appuyer la chef de Projet Montréal.

Je sais que Mme Plante est la chef du parti Projet Montréal depuis 2016 et conseillère municipale du district Sainte-Marie de l’arrondissement de Ville-Marie depuis 2013. Qu’elle cumule les fonctions de porte-parole de l’opposition officielle en matière de centre-ville, de tourisme et des dossiers femmes. Qu’elle est également vice-présidente du Conseil de la Ville de Montréal. Qu’elle est candidate aux élections municipales du 5 novembre 2017. Qu’elle « propose principalement de s’attaquer aux inégalités sociales qui divisent les Montréalais, notamment en s’engageant à forcer la Ville à offrir le salaire viable de 15 $ l’heure, pour tous les employés de la ville, employés contractuels et sous-contractants ». Que son slogan électoral pour battre Denis Coderre est : « l’homme de la situation ».

Si pour certains, « tous les coups sont permis en politique’’, je m’interroge de savoir si le jeu électoral rime forcément avec l’art de la violence verbale ? Dans bien des cas, je ne suis pas contre la « virulence’’ qu’utilise Mme Goldwater contre M. Coderre, pour « certaines pratiques’’ du premier magistrat de la Ville de Montréal ; d’avoir « un faux sourire », de ne pas « écouter d’autres avis » et d’avoir jeté « à la poubelle » plus d’1G$ pour les célébrations du 375è anniversaire de ladite ville.

Il est tout à fait compréhensible, pour un ou une citoyenne, de contrattaquer les actions du maire de sa ville. Certains vont le « vilipender », le « charger de tous les péchés d’Israël » – surtout lorsqu’ils doivent l’affronter dans les urnes – pour faire plaisir à l’électorat. Mais, de là, à comparer la gestion de la ville de Montréal à la gestion d’un pays comme la Corée du Nord, on tombe des nues. « Montréal est dirigée comme la Corée du Nord dans le sens où c’est une question d’obéissance totale », a martelé, lundi 17 septembre, Me Anne-France Goldwater, tout en comparant le maire de Montréal, Denis Coderre, au dictateur Nord-Coréen, Kim Jong-un. L’élu qui dirigerait Montréal « pour sa gloire » personnelle. Car, dira la magistrate, « Il veut qu’on le regarde, c’est un besoin narcissique ».

S’illustrer à travers une rare violence verbale

Alors que notre avocate de renommée avait l’occasion « en or’’ de prouver aux Montréalaises et Montréalais que Coderre ne valait plus la peine – en se mesurant à lui dans les urnes -, madame a décidé, à la dernière minute, de faire machine arrière : de ne pas se présenter aux Municipales. Sauf que, la stratégie trouvée aux côtés de Valérie Plante (qui a de belles idées au passage), Me Goldwater a choisi de s’illustrer à travers une rare violence verbale, de « vouer aux gémonies’’ l’un des gros joueurs de cette joute électorale du 5 novembre 2017, pensant sans doute pouvoir « faire le plein’’ chez le parti Projet Montréal avec de tels propos.

Denis Coderre, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas « l’homme le plus parfait’’ de Montréal. Néanmoins, il a été élu sur la base d’un programme et projet de société par des citoyens de la ville. Il est le maire sortant. Il est candidat à sa propre succession. Il a encore son mot à dire. Il a, donc, une place dans le cœur d’une partie de ses administrés. Je ne suis pas en train de lui faire des éloges. Loin de moi l’idée et cette posture partisane.

Mais, je crois savoir qu’en comparant Denis Coderre au chef communiste, Kim Jong-un qui, – en fonction depuis le 17 décembre 2011 -, succède à son père Kim Jong-il, qui lui-même avait succédé à son père Kim Il-sung ; non seulement, Me Goldwater nous renvoie 500 ans en arrière, offense également des citoyens ; mais aussi le nouveau « bras séculier’’ de Mme Plante fait la « Pub’’ d’une métropole qui ne devrait pas être digne de ces avancées en matière de politique, de démocratie, de liberté aux yeux du monde.

Je ne crois pas que la candidate de Projet Montréal ferait compagne dans ce sens. Je ne crois pas que Valérie Plante s’adonnerait, à cœur joie, à des comparaisons entre son adversaire et Kim Jong-un ou Donald Trump pour gagner le cœur des citoyens de la Ville de Montréal au soir du 5 novembre.

Je sais que Mme Plante a des « arguments solides’’ pour convaincre les électeurs sur la « vision’’ que présente Projet Montréal pour la métropole. Que son parti peut mieux faire que l’Équipe Coderre. Qu’elle saura faire une campagne électorale qui sera concentrée sur le « quotidien des Montréalais » pour finir par « briser le plafond de verre ». Oui, c’est bien sur ce terrain qu’on verra « la vraie différence’’ entre Mme Plante et M. Coderre et la compagne que veut mener Mme Goldwater (dont j’adore, au passage, son rôle dans la série télévisée).

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