Côte d’Ivoire : Une réconciliation à deux têtes
Tout bouge, mais rien ne semble aller dans le sens de réconcilier les Ivoiriens. Si plusieurs Institutions ou structures doivent clouer leurs becs dans le même marigot.
Alors que la Commission Dialogue, Vérité et réconciliation (CDVR), mis en place par le président de la République, Alassane Ouattara, en mai 2011, avec un budget de 2 milliards de FCFA, au lendemain de la chute de son ‘’bourreau’’ Laurent Gbagbo, n’a pas encore terminée son mandat, une autre structure vient se ‘’fourvoyer’’ dans les Affaires de l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny, président de la CDVR. De quoi s’agit-il ?
En effet, c’est sur proposition, le ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, Albert Mabri Toikeusse, a initié en collaboration avec le ministre d’Etat, ministre de l’Emploi et des Affaires Sociales et d’autres partenaires l’élaboration d’un Plan National de Cohésion Sociale (PNCS). Et, le 15 février dernier, le Conseil des ministres a adopté le plan.
Ainsi, le vendredi 10 mai, le gouvernement de Côte d’Ivoire a décidé de lancer cette nouvelle forme de réconciliation. Financé par l’Etat de Côte d’Ivoire à hauteur de 7 milliards de FCFA, le PNCS dirigé par Mariatou Koné, aurait pour mission, selon ses créateurs, de panser les plaies d’une décennie de crise et ramener la cohésion sociale dans le pays et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) aura pour but de dédommager tous ceux qui ont subi des préjudices pendant la crise post-électorale. Cela, sur une période de 4 ans.
Faut-il en rire de ce nouveau concept de réconciliation ? Quand on sait que la CDVR, copiée sur le modèle sud-africain devrait à travers sa feuille de route, s’occuper également de la cohésion sociale. En Afrique du Sud, le but de la Commission nationale de Réconciliation dirigée par Desmond Tutu avait une double mission. Car, il lui revenait d’une part de dresser un inventaire des faits officiels et d’autre part, informer les proches des victimes sur ce qui leur était arrivé et dans quelles circonstances.
Et pourtant, la CDVR conduite par l’ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), n’a pas encore entendu les témoignages forcés des uns et des autres, juger s’il s’agissait de violences politiquement motivées et révéler au public la vérité sur chaque cas afin de mettre en œuvre une vraie forme de réconciliation. C’est-à-dire, promouvoir le dialogue et rétablir la vérité historique entre les Ivoiriens, avant de passer à la phase de réparation. Que la Coordinatrice du PNCS inclue dans son Affaire, un projet d’assistance aux populations en détresse et à la réhabilitation de biens détruits durant cette guerre. «Tous ceux qui ont perdu leurs logements et des biens, nous allons leur fournir une aide. Ceci est du concret pouvant consolider la cohésion sociale », indiquait Mariatou Koné dès sa prise de fonction.
Où est donc passé la mission de Charles Konan Banny qui devrait normalement prendre fin en septembre 2013, selon le décret présidentiel qui l’a crée ? La CDVR est-elle morte de sa belle mort ? Ne doit-on pas donner raison à ceux qui pensent que la réconciliation nationale est en panne en Côte d’Ivoire ? À la vérité, tout porte à croire que Alassane Ouattara est en train de se débarrasser de son ancien collègue de la BCEAO.
Sinon comment expliqueriez-vous la création subite du PNCS ? Même si la sociologue tente de faire croire que le PNCS n’est pas venu concurrencer la CDVR. « Nos missions sont distinctes. Moi, je gère un programme. Or la CDVR est une Institution de la République. Nous n’avons pas les mêmes objectifs », a réagi Mme Mariatou Koné le lundi 13 mai, sur les antennes de la Radio France Internationale (RFI).
FBI
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