1 mars 2013

Audience à la CPI, Gbagbo ne reconnaît pas Ouattara

Au terme du huitième jour de l’audience de confirmation des charges, qui s’est tenue hier, l’ex-président Laurent Gbagbo a eu droit à un mot de fin. Il a continué à nier la victoire du président Ouattara à la Présidentielle de 2010.

C’était le dernier jour. Dans l’affaire « le procureur contre Laurent Gbagbo », l’audience de confirmation des charges contre l’ex-président ivoirien a connu son apothéose, hier. Au cours de cette huitième journée, – après la prestation de l’Accusation et de la Défense -, la parole est revenue de droit au prisonnier ivoirien. Laurent Gbagbo, comme à ses habitudes, n’a pas varié dans son langage.

Pendant plus de 15 minutes, l’homme a campé sur sa position de ‘’vainqueur des élections’’ présidentielles du 28 novembre 2010. Il n’a pas hésité à dire qu’il a été traduit devant la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir appliqué la Constitution ivoirienne. « C’est parce que j’ai respecté la Constitution que je suis ici. Je souhaite que tous les Africains qui me soutiennent, qui se rassemblent devant la prison, dans leur pays, qui marchent pour la Démocratie, qu’ils comprennent que le salut, c’est le respect des lois et des Constitutions que nous nous donnons », a lâché Laurent Gbagbo. Qui, estime avoir « lutté pour la Démocratie avec courage alors qu’on ne savait même pas si le mur de Berlin s’écroulerait et qu’on connaîtrait la Démocratie ».

Selon lui, on ne peut pas parler de la crise post-électorale devant la juridiction internationale, sans parler des élections qui l’ont créée. « Mme la procureure a dit une phrase qui m’a un peu choqué. Qu’il ne s’agit pas de celui qui a gagné les élections’’. On ne peut pas débattre de la crise post-électorale sans savoir comment les élections se sont passées », a-t-il indiqué, avant de poser la question suivante : « Qui a gagné les élections ? ». Comme pour dire qu’il ne reconnaît pas jusqu’à preuve du contraire la légitimité du président démocratiquement élu, Alassane Ouattara, avec plus de 54% des voix. « Qui a gagné les élections : c’est celui qui ne les a pas gagnées qui a semé les troubles », s’est-il voulu intraitable.

C’est un homme, sans aucun regret malgré les nombreuses morts survenues du fait de son refus de céder le pouvoir qu’il a pourtant perdu. A l’analyse, il n’a pas lâché son idée de mener sa guerre contre Ouattara. Selon le prisonnier de Scheveningen, c’est à ce niveau que se trouve le vrai débat. Car, pour lui, le recomptage des voix devrait prévenir la crise qui a fait plus de 3000 morts. « Quand je demandais le recomptage des voix, ce n’était pas une phrase en l’air ».

Comme un « historien », le patron du Front populaire ivoirien (FPI) s’est lancé dans une description ethnique de la Côte d’Ivoire, qui selon lui, devrait aboutir à un mode électoral. « Les Akan à l’ouest. Les Malinkés islamisés au nord et à côté d’eux les Sénoufo. Quel mode d’élection allons-nous prendre ? La Démocratie est le meilleur système car elle fait table rase (de nos déférences) et donne à chaque individu une voix », a-t-il fait voguer l’assistance.

Le dossier béton de Bensouda…

L’époux de Simone Ehivet et de Nadiana Bamba dit qu’’il n’’a pas gouverné la Côte d’Ivoire avec un clan. Au dire de Laurent Gbagbo, Kadet Bertin n’a jamais été son neveu. « Je ne gouverne pas avec ma famille (…) Bertin n’est pas mon neveu, c’est un mot français. Il y a tellement de mots qui nous empêchent d’aller au fond du problème », a-t-il relevé. Le père de la refondation est revenu sur la rébellion de 2002, qui, à l’en croire, a été à la base de son malheur. « On nous a attaqués en 2002, et j’ai fait mon travail. C’est-à-dire que je n’ai jamais cru que la Côte d’Ivoire allait s’en sortir par la guerre. J’ai toujours cru qu’on s’en sortirait par la discussion », a fait savoir Laurent Gbagbo.

Rappelons qu’il est accusé, au titre de l’article 25‐3‐a du Statut, en tant que co-auteur indirect, des crimes contre l’humanité suivants ou, subsidiairement, au titre de l’article 25‐3‐d, d’avoir contribué à la commission de ces crimes, soit : le meurtre d’au moins 166 personnes, le viol d’au moins 34 femmes et jeunes filles et le fait d’avoir infligé à 94 personnes au moins des atteintes graves à l’intégrité physique et de grandes souffrances ou, à titre subsidiaire, d’avoir attenté à leur vie.

A l’issue des 8 jours d’audience de confirmation des charges – débutée le 19 février dernier – la présidente du Tribunal, Silvia Alejandra Fernandez de Gurmendi a confié que le Procureur et les représentants légaux des victimes auront jusqu’au 14 mars 2013 pour compléter leurs présentations par des requêtes écrites auxquelles la Défense pourra répondre le 28 mars au plus tard. Ainsi, dans un délai de 60 jours suivant la réception de la requête finale de la Défense, les juges détermineront s’il y a ou non des preuves suffisantes donnant des motifs substantiels de croire que le suspect a commis chacun des crimes qui lui sont imputés.

FBIYAY

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