17 décembre 2014

Alerte, journalistes cherchent protection à Abidjan !

La une de quelques journaux ivoiriens. Ph: Dr
La Une de quelques journaux ivoiriens. Ph: Dr

Sommes-nous de retour avec les ‘’escadrons de la mort’’ ou du moins les ‘’microbes’’ (la nouvelle appellation), contre les journalistes et dans les rues d’Abidjan ? Je ne sais pas s’il faut utiliser la langue de bois. Sinon, je répondrai « Oui », par l’affirmatif.
https://youtu.be/okKSTwa8q_U
Depuis l’espace caraïbe où j’ai posé mes valises, il y a quelques jours, j’ai été brutalement réveillé par le cri de mes confrères, le lundi 15 décembre 2014. Comme un ‘’rêve cauchemardesque’’, je voyais les ‘’microbes’’ pourchasser les hommes à la ‘’plume, étiquetés’’. Lesquels appelaient les organisations de défense des droits de la corporation à leur secours.
Et c’est dans la matinée que je me rends compte que je n’étais pas aussi maboul lorsque j’aperçois un message annonçant la ‘’fermeture’’ d’un organe de presse à Abidjan après une conférence de rédaction, sous haute protection policière :

« En raison de menaces de mort reçues ce matin (lundi 15 décembre 2014) par des collaborateurs du directeur général de L’Eléphant déchaîné et après une réunion avec le personnel tenue au siège sous protection policière et en attendant d’y voir un peu plus clair et de prendre des mesures sécuritaires, la décision a été prise de suspendre la parution du journal jusqu’au jeudi 18 décembre 2014 ».

Et dire que le même jour, le rapport annuel de la Presse Emblème Campagne (PEC) publié le lundi 15 décembre à Genève, faisait état de la mort d’au moins 128 journalistes dans 32 pays. Voyez-vous ? Ça fait peur parce que le bilan est macabre. Qu’est-ce qui se passe pour que nous soyons dans le viseur des marchands de la mort ? La raison est toute simple. « Ils écrivent du n’importe quoi » ! Ah bon, vous reconnaissez que « c’est du n’importe quoi », et vous voulez continuer de nous utiliser… Qu’à cela ne tienne !

Et pourtant, nous ne sommes plus libres de travailler librement, d’informer librement et de critiquer librement. Oui, quand ‘’ça’’ ne les arrange pas, ils sont les premiers à remuer ciel et terre pour dire que « les journalistes ne font pas leur travail ». Mais quand ils sont logés à la ‘’bonne place’’, pour faire du « n’importe quoi » ils refusent systématiquement qu’on en parle dans la presse.

« Si tu oses », on te fera disparaître comme Désiré Gnonsio Oué en 2013, Jean Hélène en 2003, Guy André Kieffer en 2004… et si tu as la chance, tu seras comme Assalé Tiémoko (journaliste et DG de l’Éléphant Déchaîné) qui ayant échappé de justesse à la mort le vendredi 12 décembre 2014, 72 heures avant les menaces de mort reçu par ses journalistes, n’a eu qu’une cheville tordue.

Assalé Tiémoko Aontoine, patron du journal ivoirien l’Éléphant Déchaîné. Ph: Dr
Assalé Tiémoko Aontoine, patron du journal ivoirien l’Éléphant Déchaîné. Ph: Dr

Son témoignage : « L’affaire est très sérieuse. Les gens m’attendaient dans les environs de mon domicile. Un véhicule de type 4X4 de marque ML320, je ne peux te donner le numéro de la plaque, c’est déjà entre les mains de la justice. Je me rendais au bureau à pieds pour mon émission de 7H52 sur RFI et c’est devant les locaux de la Sodeci à Angré, alors que j’avais des écouteurs dans les oreilles et que j’attendais de traverser la route que ce véhicule qui venait derrière mois alors que je n’étais même pas sur la route, était à deux doigts de me rentrer dedans quand quelque chose m’a dit de me retourner et c’était déjà le contact. Mais grâce à Dieu, par un prompt mouvement, ce sont mes bras qui sont rentrés en contact avec le devant du véhicule et j’ai pu reculer pour éviter qu’il touche une partie vitale de mon corps mais sur le coup, ma cheville s’est tordue. Ayant manqué leur coup, ils ont accéléré en direction du 22è arrondissement. J’ai alors traversé la route et j’avais si mal à la cheville que je ne pouvais plus avancer. C’est en ce moment que j’ai vu le même véhicule revenir en vitesse encore dans ma direction et braquer brusquement à droite dans mon sens mais j’étais derrière une voiture garée devant l’agence SIB et ils ont continué leur chemin, manquant de renverser une femme qui allait au travail. J’ai réussi à relever le numéro de la plaque. Je suis allé au bureau en taxi faire l’émission et après je suis allé à l’hôpital pour une radio de ma cheville. Heureusement, elle n’a révélé qu’un traumatisme du au choc mais pas de déboitement d’os ou de cassure. On m’a prescrit des anti douleurs et je suis rentré à la maison rédiger ma plainte contre les deux occupants du véhicule dont déjà, mes sources m’ont permis de savoir à qui il appartient…».

Que c’est dur d’être journaliste sous les tropiques. Alors que, chaque jour que les jours s’égrènent, en Côte d’Ivoire, nous nous vantons d’être sur le chemin de la démo(n)cratie retrouvée, que l’indice d’insécurité a baissé « jusqu’à 1,18 ». Mais quand on guette les journalistes que diront les gens vers la fin ?

FBI

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Commentaires

Aly COULIBALY
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Voila qui me permet de comprendre cette situation que RFI triaitait un matin avec insistance. Moi j'ai bien ce journal, son humour, ses satyres. Au nom de la liberté d'informern personne dans ce pays qui se reclame Etat normal ne devrait etre inquiete pour ses ecrits, mais c'est aussi l'Afrique...les dés de la democratie sont circulaires....Bon à toi

Fofana Baba Idriss
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Oui, il ne s'agit que de satire... Mais les autres s’enfichent !!!

Aboudramane koné
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J'ai énormement de respect pour mr Assalé dont pour moi le journal est l'un des meilleurs sur la place.Mais, on ne peut pas dire que son accident ai été prémédite encore que ce sont les fêtes avec tous les chauffards en Abidjan. Aussi on dénonce de plus en plus des entorses à la liberté de la presse et simplement d'expression et ça c'est vraiment dangereux pour cette émergence qu'on nous vante pour 2020.gbès est mieux que dra...Merci d'attirer notre attention.

Fofana Baba Idriss
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Merci cher ami. Notre devoir sera d’interpeler qui de droit, quand il le faut, lorsque besoin se fera sentir, lorsque les journalistes ne seront pas en sécurité. Ils n’ont pas d’arme pour se défendre, si ce n’est par la plume, la force des mots… Il faut leur coller la paix, sinon cette démocratie n’existera que de nom… en 2020 !!!