Abidjan : Braquages, assassinats… Les tueurs ont le vent en poupe !
Il est temps de mener une lutte farouche contre les Armes légères et de petits calibres (ALPC) en Côte d’Ivoire. Une chronologie des récents braquages et assassinats perpétrés par des marchands de la mort fait dire que l’insécurité a refait surface à Abidjan. Au moment où le pays affiche bonne mine, il y a quelque chose qui cloche.
Deux ans après la fin de la crise post-électorale (2010-2011), l’insécurité est de mise en Côte d’Ivoire. Si l’année 2012 a marqué le véritable décollage économique (4ème pays africains à forte taux de croissance), les populations ivoiriennes font face à la menace des braqueurs et autres tueurs à gage. A-t-elle enseigne que, même les citoyens les mieux surveillés, ne sont pas à l’abri du danger. En témoigne l’agression mortelle du Commissaire divisionnaire Yao Brou Alain, le lundi 11 mars dernier, au environ de 19 heures.
Assassinat du DG de l’Ecole de police
L’embuscade tendue au Directeur général de l’Ecole nationale de police (ENP), dans les rues de Cocody 2 Plateaux, n’est pas loin d’un film hollywoodien.
Selon un témoin qui a suivi la scène de crime ce jour-là, lorsque des individus à bord d’un véhicule 4X4 de couleur blanche, en provenance de la paroisse Ste Cécile ont coupé le passage au Directeur, qui était lui-même au volant de son véhicule. Le pilote de la 4X4 baisse les vitres de son véhicule teinté et ouvre le feu à bout portant sur le contrôleur général avec un pistolet et non une arme de guerre. Laissant pour mort Yao Brou Alain, ces agresseurs réussissent à prendre à clef des champs. Seulement 72 heures après, le directeur général de l’Ecole nationale supérieur (ENS) est également agressé.
Agression du DG de l’ENS
Dans la nuit du jeudi 14 mars, Pr Sidibé Valy est agressé par des individus armés, circulant à bord d’un taxi. Des informations fournies par ses proches indiquaient que le patron de l’ENS a été suivi par ses agresseurs, depuis son lieu de travail, jusqu’à son domicile où les bandits ont tiré deux balles sur lui, sans l’avoir tué.
Le même jour de son agression, un officier de la police criminelle se serait vu arracher son arme de dotation et des objets de valeur par les malfrats. Face à cette montée en puissance de l’insécurité, le président de la République, Alassane Ouattara et le ministre de l’Intérieur ont tapé du poing sur la table. Le gouvernement met en place, le Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO), doté de grands moyens technologiques, dont le siège est situé au sein du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité.
Meurtre de l’épouse du DG de la SICTA
Lors de son inauguration le 11 mars dernier, le Chef de l’Etat a expliqué qu’il s’agit, pour le gouvernement ivoirien, à travers la mise en place du CCDO, de mener une lutte farouche contre les actions de déstabilisation, le grand banditisme ainsi que le racket. « Grâce à ce centre, nous pourrons faire une surveillance rapprochée de tous les déplacements dans le District d’Abidjan. Abidjan a été divisé en cinq Districts et nous avons mobilisé 750 policiers, gendarmes et militaires qui auront la responsabilité, sous l’autorité des officiers de la police, de la gendarmerie comme des Frci, de surveiller la ville d’Abidjan et progressivement l’ensemble du territoire national », avait rassuré le président Ouattara. Il a fallu une semaine pour que les marchands de la mort servent la désolation sur leur passage.
Le mercredi 20 mars, c’est l’épouse de Ya Emile, DG de la Société ivoirienne de contrôle technique automobile (SICTA) qui est assassinée dans le sous-quartier de Cocody-Angré. Comme il fallait s’y attendre.
Braquage des universités
Après un temps d’accalmie, les malfrats ont remis le couvert, ce mois de mai, avec le cambriolage de certaines universités d’Abidjan.
Dans la matinée du lundi 27 mai, le service Comptabilité de l’UFR de Sciences économiques de l’Université Félix Houphouët-Boigny, à Cocody est attaqué par des individus armés de Kalachnikov. Malgré la présence de la police universitaire, et de quelques éléments des Forces républicaines, les criminels accèdent au bureau du chef de service. Qu’ils prennent en otage, font main basse sur des millions de FCFA avant de se fondre dans la nature à bord de leur véhicule, sans la moindre inquiétude. Bien avant, c’est l’université ‘’Charles Louis de Montesquieu’’, située dans la même commune, qui a été l’objet d’attaque dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 mai.
De là, le citoyen lambda a de plus en plus peur et s’interroge sur ce qui se passe en matière de sécurité à Abidjan. Alors que le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan s’est récemment réjoui de la baisse de l’indice d’insécurité. Qui, à l’en croire, est passé de 3,8 à 1,6. « Toutes les réformes menées et les actions associées ont permis l’amélioration notable de la situation sécuritaire. Ainsi, l’indice général d’insécurité qui était de 3,8 en janvier 2012 est descendu à 1,9 au début de l’année 2013 et à 1,6 au cours de ce mois de mai », déclarait le chef du gouvernement ivoirien. Loin d’une quelconque médisance, les récents hold-up perpétrés dans les temples du savoir, démontrent que quelque chose ne va pas dans le système sécuritaire ivoirien. Et pourtant, la sécurité semble être le point d’achoppement sur le retour des fonctionnaires de la Banque africaine de développement (BAD), encore en Tunisie.
Les révélations du ministre de l’Intérieur !
Timorées par cette vague d’attaques à main armée, les populations s’interrogent sur le but poursuivi par ces individus sans foi, ni loi. Certaines sont tentées de dire que ces agressions seraient motivées par le souci de créer un climat de terreur et de psychose, visant à montrer que les autorités ne maîtrisent pas le terrain sécuritaire, malgré le déploiement d’arsenal sécuritaire pour assurer la protection des biens et des personnes. Pour d’autres, ces actions visent à retarder le retour des investissements, dans le but de faire échouer la reconstruction du pays. C’est à juste titre que le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Hamed Bakayoko a ouvert la boîte de pandore.
À l’occasion de à célébration officielle de la fête des mères, le dimanche 26 mai, le 1er flic ivoirien a révélé que l’insécurité dans la ville d’Abidjan est à mettre au compte du régime précédant. « Le banditisme est lié aux armes achetées par Laurent Gbagbo. Armes que ces miliciens, soldats et mercenaires ont abandonné dans leur fuite ». Tout en louant les mérites du président Ouattara, il a traité de ‘’jaloux’’ ceux qui intoxiquent les populations avec pour objectif de nuire au chef de l’Etat. « La Côte d’Ivoire n’a jamais été aussi bien. Notre pays était malade, il était en soin et maintenant il sort de sa léthargie. Tous ceux qui intoxiquent les populations sont jaloux du président Ouattara. Alors ne les écoutez pas », a éclairé le ministre. Qui dit vrai… Finalement ?
FBI
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